Le pays de Robert Mugabé est en proie à une grave crise politique et sanitaire
Harare, la capitale du pays, n'a plus d'eau courante depuis dimanche 30 novembre en raison, selon le journal gouvernemental The Herald, du manque de produits chimiques pour en assurer le traitement. L'Autorité nationale zimbabwéenne (Zinwa), chargée de la distribution d'eau, manque de sulfate d'aluminium, fourni par l'Afrique du Sud pour clarifier l'eau, a indiqué, lundi 1er décembre, The Herald.
Dans les rues de Harare, épicentre de l'épidémie, de nombreux habitants transportent des jerricanes à la recherche d'eau et d'autres creusent des puits. Les pénuries d'eau sont récurrentes depuis des années dans la capitale, où les habitants les plus fortunés ont fini par creuser des puits dans leur jardin.
Selon le ministre zimbabwéen de la santé, David Parirenyatwa, 11 071 cas suspects de choléra ont été recensés dans tout le pays depuis le début de l'épidémie en août, qui a fait d'après ses chiffres 425 morts au total. Le ministre a de nouveau signalé que la saison des pluies, qui a débuté en novembre, pourrait aggraver l'état sanitaire du pays.
MARASME ECONOMIQUE ET POLITIQUE
L'épidémie de choléra s'inscrit dans le contexte d'un marasme économique sans précédent. Au Zimbabwe, l'hyperinflation dépasse aujourd'hui l'entendement à plus de 231 millions pour cent en juillet, le chômage dépasse les 80 % et, selon l'ONU, près de la moitié de la population aura besoin d'une assistance alimentaire en janvier. Cette crise économique et humanitaire se double d'une paralysie politique, née de la défaite du régime aux élections générales de mars. Pouvoir et opposition, qui ont signé en septembre un accord de partage du pouvoir, n'arrivent toujours pas à s'entendre, notamment sur la répartition des ministères clés.
De plus, le pays va désormais devoir affronter la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC) sur la question des expropriations de fermiers blancs. Le tribunal de la SADC a en effet jugé, vendredi 28 novembre, contraire au droit international le programme de confiscation d'exploitations agricoles appartenant à des Blancs. Selon le tribunal, les fermiers visés ont été "victimes de discrimination fondée sur la race". Il avait été saisi d'une plainte de 75 fermiers blancs zimbabwéens contestant la légalité d'un programme de redistribution des terres entamé en 2000. "Ces gens-là rêvent. Nous n'allons pas revenir sur notre réforme agraire", a déclaré, lundi 1er décembre, le ministre d'Etat chargé de la sécurité nationale et de la réforme agraire, Didymus Mutasa. "En ce qui concerne ces 75 fermiers [blancs], leur cas n'a rien de spécial. Nous récupérerons d'autres fermes. Ce n'est pas de la discrimination contre les exploitants, c'est un rééquilibrage", a-t-il ajouté.
Le gouvernement du président Robert Mugabe a saisi des milliers d'exploitations agricoles appartenant à des Blancs pour les redistribuer à des Noirs défavorisés. Cette initiative a entrané l'effondrement d'une agriculture autrefois prospère, mettant des millions de personnes au bord de la famine. La SADC, qui regroupe 15 pays africains dont le Zimbabwe, a également fait pression sur Mugabe et le Mouvement pour le changement démocratique – principal parti d'opposition – pour qu'ils forment rapidement un gouvernement d'union dans le cadre d'un accord de partage du pouvoir conclu le 15 septembre.
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