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Les révélations de Boubacar Decoll Ndiaye sur les Sénégalais de Boko Haram: "Ce que Makhtar Diokhané m'a dit..."

Agé de 35 ans, Boubacar Decoll Ndiaye est un technicien supérieur en Génie civil, qui après avoir cherché en vain du travail au Sénégal a pris le chemin de la Mauritanie. C'est de là-bas qu'il a rencontré le "fameux" Makhtar Diokhané en 2005 avant d'être arrêté par la police mauritanienne. Boubacar Decoll Ndiaye révèle que Makhtar Diokhané lui a confirmé que des frères sénégalais s'activaient dans les rangs du groupe terroriste nigérian Boko Haram et que certains d'entre eux y avaient trouvé la mort... Extrait de son interrogatoire avec le juge



Les révélations de Boubacar Decoll Ndiaye sur Makhtar Diokhané et les sénégalais Boko Haram
Le juge :
 Les circonstances de votre arrestation
L’accusé : J’ai appelé Mohamed pour lui dire que je dois venir au Sénégal pour prendre ma femme. J’ai trouvé chez moi la police et ils m’ont amené. J’étais dans une maison que je partageais avec Alpha Diallo. On nous enchainait dans un lit pendant deux jours en Mauritanie. Après on nous a amenés dans une autre et nous sommes resté là-bas pendant 6 jours. Et la police est venue me dire que tu connais un certain Moustapha Ndiaye qui est en Mauritanie. Pense-s-y bien. Ils m’ont obligé à les montrer Moustapha Ndiaye. Ils m’ont dit que tu mens parce que vous les Sénégalais vous avez l’habitude de mentir. Et ils ont menacé de m’électrocuter quand je ne les montre pas le domicile de Moustapha Mbaye.
Le juge : La nature de votre relation avec Mokhtar Diokhané ?
L’accusé : Je l’ai connu dans un Daara en Mauritanie en 2005. En 2008  je l’ai rencontré. Nous n’avons aucune complicité. Je l’ai connu en Mauritanie au Daara.
Le juge : Apres l’obtention de votre BTS, pourquoi vous n’avez pas cherché du travail ?
L’accusé : Je suis resté deux ans sans travail. J’ai beau cherché du travail c’est pourquoi j’avais décidé d’aller en Mauritanie
Le juge : Vous faites partie d’une association ?
L’accusé : Non. Mais je faisais partie de l’AMES associations des élèves musulmans du Sénégal.
Le juge : Vous avez participé à une réunion d’un groupe qu’on  appelle les Sunîtes ?
L’accusé : Je n’ai jamais participé à une réunion des Sunîtes
Le juge : Parmi les membres de votre groupe en Mauritanie. Est-ce que vous pouvez les énumérer ?
L’accusé : Nous étions au nombre de 8 personnes au niveau de la Mauritanie dont Mohamed Ndiaye, Omar Keita, Alpha Diallo, Moustapha Mbaye,Mor Mbaye Dème, Saliou Fadiga et moi-même. Saliou Fadiga est mon ami je l’ai connu à Gueule Tapé.
Le juge : Il est où actuellement ?
L’accusé : Il était en Libye
Le juge : Vous connaissez Mohamed Lamine Mballo
L’accusé : Non.
Le juge : Il et toujours vivant ?
L’accusé : Nous nous entendions tout le temps avant mon arrestation.
Le juge : Vous saviez que Mohamed Ndiaye était au Nigéria ?
L’accusé : Je l’avais entendu seulement
Le juge : Reprécisez au Tribunal vos relations avec Mokhtar Diokhané ?
L’accusé : Il était au Daara. Je livrais même des jus de fruits au niveau du Daara de Makhtar Diokhané
Le juge : Vous n’avez été jamais candidat pour le djihad
L’accusé : Non
Le juge : Makhtar Diokhané vous a demandé d’héberger une dame ?
L’accusé : Il m’avait dit qu’il avait une femme qui était dans des difficultés. Il m’a demandé d’héberger cette dame. Et je lui conseillé que ce n’était pas sûr.
Le juge : Vous avez été arrêtés en quelle année
L’accusé : Le 5 février 2016
Le juge : Comment vous vous êtes rencontrés avec Mokhtar Diokhané.
L’accusé : J’avais entendu des rumeurs que Mokhtar Diokhané partait dans des zones de conflits. Après il m’a confirmé qu’il était au niveau de Boko Haram. Je lui ai demandé s’il y avait des Bokk c’est-à-dire des frères. Et Diokhané me l’a confirmé.

 

L'Etat était au courant qu'il y avait des djihadistes sénégalais en Libye

Le juge : Vous avez entendu des rumeurs que Makhtar Diokhané était au Nigéria pour faire du djihad
L'accusé : Il y’avait beaucoup de rumeurs avec des amis qui ont péri dans des zones de conflit et même sur Makhtar Diokhané. Je n’’ai pas voulu rater l’occasion, par la suite je suis allé chez un ami pour le  rendre visite afin qu’on puisse en parler.
Le juge : Vous lui avez posé la question s’il a une fois été à Boko-Haram ?
L'accusé : Oui. Et il m’a dit oui. Diokhané a confirmé que des frères étaient morts là- bas en Libye et en Syrie. Il m’a répondu par l’affirmative. J’ai donc compris que la rumeur était vraie.
Le juge : Makhtar Diokhané vous a donné de l’argent ?
L’accusé : Non. Il ne m’a pas donné de l’argent
Le juge : Mais vous saviez qu’il est revenu du Nigéria avec de l’argent ?
L'accusé : Devant la police le juge Samba Sall m’a donné la même version  Diokhané ne m’a jamais donné de l’argent.
Le  juge : Où Mohamed Ndiaye logeait-il ?
L’accusé : J’ai oublié le nom du quartier
Le juge : Qui est Moustapha Diatta ?
L'accusé : Moustapha Diatta, on habite ensemble dans le même quartier, il devait se rendre à Kaolack pour rendre visite à la femme de Abdallah Dièye. Il était un ingénieur géologue et il fréquentait un restaurant où nous étions en pratique. Et j’avais quelque chose à soumettre.  Toutefois, j’ai regardé la 2stv et j’ai entend Cheikh Tidiane Gadio dire qu’en Libye il y a des djihadistes qui parlaient Wolof. Et ces propos m’ont vraiment étonné. Quelques temps après, j’ai entendu parler de Sénégalais qui y étaient. C’est par la suite que je me suis dit que l’Etat était  informé, alors cela m’a étonné, comment l’Etat peut être au courant et ne pas procédé à des arrestations des candidats du djihad. Cela n’est pas clair.  C’est dans ce sens que j’ai voulu m’en ouvrir à l’Imam Ndao. Mais je croyais qu’il connaissait la géopolitique. J’ai quitté Dakar, pour Kaolack... Est-ce que ces zones de conflits sont des pièges ai-je demandé à l’Imam Alioune Badara Ndao... Imam Ndao m’a dit non qu’il ne pense pas que c’est un piège
Le juge : Vous êtes allés à Kaolack ?
J’y suis allé. Le juge d’instruction m’a menacé pour me faire dire que Makhtar m’a donné de l’argent. En somme il m’a harcelé, je lui ai répondu que Makhtar ne m’a donné pas un franc. Devant les pandores et même devant Dieu, je vais répéter cette même réponse.
Le juge : Vous étiez ami avec Mohamed Ndiaye
L’accusé : Mohammed Ndiaye et moi, ont étaient pas de vrai amis


Mercredi 18 Avril 2018 - 13:06


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