La mesure ne semble pas avoir surpris grand monde, tellement le député nouvellement élu sur la liste Benno Bokk Yaakaar (BBY) semblait avoir choisi la confrontation, en défiant publiquement Macky Sall, par ailleurs Secrétaire général de l'Apr. Le malaise avait atteint son paroxysme avec la publication hier, par le presse, d'un document attribué à des « cadres » apéristes pour soutenir le responsable de leur parti à Touba. D'autres parlant au nom de la Convergence des cadres républicains (CCR) ont réagi pour dénoncer cette attitude qu'ils jugent non conforme à la discipline du parti. Assez pour contraindre le président de la République à se séparer de son ministre-conseiller.
L'Apr vit sa première crise, a peine arrivée au pouvoir. Une situation qui pourrait appeler d'autres remous, dans une formation politique pas encore suffisamment massifiée pour résister à des coups venus du dehors. Quand le conflit lui est imposé de l'intérieur, Macky Sall pourrait rapidement être mis en situation de devoir opérer des choix douloureux. S'appuyer sur ses alliés électoraux de Benno Bokk Yaakaar pour se donner le temps de construire un vrai parti de gouvernement ou accepter la main tendue de Wade et des ex-frères du Pds. Aucun de ces choix n'est à risque zéro pour une gouvernance apaisée.
En s'abandonnant à ses alliés, porteurs des conclusions des Assises nationales, le président de la République n'aura pas d'autres choix que de revenir sur quelques options, dont le maintien de la Chambre haute du Parlement pourtant condamné à mort par Moustapha Niasse et autres alliés de poids dans BBY. Une telle mesure, si elle arrivait à être imposée, enlèverait au Chef de l'Etat un sac de sucettes à distribuer, alors que la demande se fait pressante dans le cercle des amis et soutiens. Sans compter que la présidence de l'Assemblée tant convoitée - ce qui vient de coûter son poste à Cissé Lô -, constituerait une arme redoutable aux mains d'un allié que Macky Sall n'aura plus les moyens de contrôler. A moins qu'il ne veuille faire de Moustapha Niasse, une soupape de sécurité provisoire dont il cherchera à se séparer, dès qu'il estimera avoir suffisamment de députés de son côté, pour remettre au goût du jour la méthode plusieurs fois expérimentée consistant à maintenir la disposition qui limite à 12 mois renouvelable, le mandat du Président de l'assemblée nationale.
Le faisant, Macky Sall prendrait le risque d'une instabilité qui le mettrait dans une situation qu'il a bien connue : un conflit entre l'Exécutif et un parlement dominé par une coalition cette fois, politiquement moins homogène que celle sur laquelle s'appuyait Abdoulaye Wade. Les mesures urgentes attendues du nouveau régime s'en trouveraient mises en veilleuse, le temps pour le Chef de l'Exécutif de mettre de l'ordre dans les rangs alliés. Macky Sall a assuré n'être pas dans une dynamique électoraliste, pour un éventuel second mandat. Une crise venue des députés l'aiderait à convaincre tout le monde qu'il sera contraint de partir au plus tard dans 5 ans.
L'autre option consisterait à répondre à l'appel du Pds, dans une perspective de retrouvailles de la famille libérale. Cette option ne serait pas plus porteuse de calme, car elle aurait pour conséquence immédiate de décevoir des Sénégalais qui pensaient en avoir fini avec Abdoulaye Wade depuis le 25 mars dernier, espoir renforcé par l'écrasante victoire des troupes conduites par Moustapha Niasse aux dernières législatives. Une telle défiance de son électorat pourrait saper la base politique du pouvoir, alors que des signes de réchauffement sont décelés sur le front social. Il n'est pas dit que le Pds suffirait à servir de paravent si le mécontentement arrivait à s'amplifier. Macky n'a pratiquement pas connu de période de grâce. Le pire serait qu'il soit dès l'entame de son mandat, entraîné dans des luttes internes et à son parti et la coalition qui l'a mené au Palais de la République.
Si l'affaire Moustapha Cissé arrivait à se transformer en crise profonde sanctionnée par des démissions massives de l'Apr et quelques nouvelles alliances à l'Assemblée nationale, BBY déjà fragilisée par le choc des ambitions aurait des difficultés à confirmer sa mainmise de 2009 sur les collectivités locales. Les prochaines élections se préparent dès aujourd'hui. Ceux qui disent vouloir éviter au Sénégal d'être en campagne électorale permanente savent que ce pari est perdu d'avance.
Ibrahima BAKHOUM (Sud Quotidien)
L'Apr vit sa première crise, a peine arrivée au pouvoir. Une situation qui pourrait appeler d'autres remous, dans une formation politique pas encore suffisamment massifiée pour résister à des coups venus du dehors. Quand le conflit lui est imposé de l'intérieur, Macky Sall pourrait rapidement être mis en situation de devoir opérer des choix douloureux. S'appuyer sur ses alliés électoraux de Benno Bokk Yaakaar pour se donner le temps de construire un vrai parti de gouvernement ou accepter la main tendue de Wade et des ex-frères du Pds. Aucun de ces choix n'est à risque zéro pour une gouvernance apaisée.
En s'abandonnant à ses alliés, porteurs des conclusions des Assises nationales, le président de la République n'aura pas d'autres choix que de revenir sur quelques options, dont le maintien de la Chambre haute du Parlement pourtant condamné à mort par Moustapha Niasse et autres alliés de poids dans BBY. Une telle mesure, si elle arrivait à être imposée, enlèverait au Chef de l'Etat un sac de sucettes à distribuer, alors que la demande se fait pressante dans le cercle des amis et soutiens. Sans compter que la présidence de l'Assemblée tant convoitée - ce qui vient de coûter son poste à Cissé Lô -, constituerait une arme redoutable aux mains d'un allié que Macky Sall n'aura plus les moyens de contrôler. A moins qu'il ne veuille faire de Moustapha Niasse, une soupape de sécurité provisoire dont il cherchera à se séparer, dès qu'il estimera avoir suffisamment de députés de son côté, pour remettre au goût du jour la méthode plusieurs fois expérimentée consistant à maintenir la disposition qui limite à 12 mois renouvelable, le mandat du Président de l'assemblée nationale.
Le faisant, Macky Sall prendrait le risque d'une instabilité qui le mettrait dans une situation qu'il a bien connue : un conflit entre l'Exécutif et un parlement dominé par une coalition cette fois, politiquement moins homogène que celle sur laquelle s'appuyait Abdoulaye Wade. Les mesures urgentes attendues du nouveau régime s'en trouveraient mises en veilleuse, le temps pour le Chef de l'Exécutif de mettre de l'ordre dans les rangs alliés. Macky Sall a assuré n'être pas dans une dynamique électoraliste, pour un éventuel second mandat. Une crise venue des députés l'aiderait à convaincre tout le monde qu'il sera contraint de partir au plus tard dans 5 ans.
L'autre option consisterait à répondre à l'appel du Pds, dans une perspective de retrouvailles de la famille libérale. Cette option ne serait pas plus porteuse de calme, car elle aurait pour conséquence immédiate de décevoir des Sénégalais qui pensaient en avoir fini avec Abdoulaye Wade depuis le 25 mars dernier, espoir renforcé par l'écrasante victoire des troupes conduites par Moustapha Niasse aux dernières législatives. Une telle défiance de son électorat pourrait saper la base politique du pouvoir, alors que des signes de réchauffement sont décelés sur le front social. Il n'est pas dit que le Pds suffirait à servir de paravent si le mécontentement arrivait à s'amplifier. Macky n'a pratiquement pas connu de période de grâce. Le pire serait qu'il soit dès l'entame de son mandat, entraîné dans des luttes internes et à son parti et la coalition qui l'a mené au Palais de la République.
Si l'affaire Moustapha Cissé arrivait à se transformer en crise profonde sanctionnée par des démissions massives de l'Apr et quelques nouvelles alliances à l'Assemblée nationale, BBY déjà fragilisée par le choc des ambitions aurait des difficultés à confirmer sa mainmise de 2009 sur les collectivités locales. Les prochaines élections se préparent dès aujourd'hui. Ceux qui disent vouloir éviter au Sénégal d'être en campagne électorale permanente savent que ce pari est perdu d'avance.
Ibrahima BAKHOUM (Sud Quotidien)
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