Dans les couloirs du palais du peuple, toute l’après-midi de samedi, on assisté à de longues heures de tractations. Les rencontres préliminaires entre sénateurs et députés ne donnent rien. Les premiers ne veulent plus toucher au texte adopté la veille, les autres veulent des modifications. Des formules trop vagues selon les sénateurs.
Vers 19 h, le président de l’Assemblée nationale convoque la presse et prend tout le monde de court. L’alinéa controversé de la loi électorale ne sera pas modifié, mais retiré du texte. Le recensement ne conditionne plus la tenue des élections. Aubin Minaku dit avoir entendu le peuple : « Telle était la demande de certains, ceux qui ont réellement revendiqué sur le plan démocratique. Nous avons répondu à leurs attentes afin qu’il y ait sérénité. C’est ce que nous avions voulu dès le départ au niveau de l’Assemblée nationale. Nous avons répondu à leurs attentes parce que dès le départ, il n’était nullement question de contourner la Constitution. »
Il s’engage aussi au respect de la Constitution et des échéances électorales : « Le retrait de cet alinéa signifie notamment ce qui suit : toutes les dispositions de la Constitution de la République, notamment celle concernant les délais d’organisation des différentes échéances, celle concernant la nécessité d’identifier les nationaux, je dis bien toutes les dispositions de la Constitution, doivent être respectées par toutes les institutions de la République. Voilà le point de vue de l’Assemblée nationale. Parce que les élus directs du peuple ne peuvent qu’être en parfaite harmonie avec le peuple en toute circonstance. »
Les coulisses d'une décisionVictoire de la rue
Pour le leader de l'opposition Vital Kamerhe, le retrait de l'alinéa controversé de la loi électorale est une victoire, celle du peuple : « C’est la victoire du peuple, puisque nous avons demandé au peuple de défendre ses droits, sa Constitution. Je dois me réjouir que le président de l’Assemblée nationale quand il est intervenu sur RFI ait dit lui-même qu’ils étaient à l’écoute du peuple. C’est tout ce que nous demandons : que nous soyons tous à l’écoute de ce peuple, indique-t-il. Et aujourd’hui, en élaguant cet alinéa 3 de cet article controversé, nous rentrons dans la Constitution. C’est une très bonne chose. Donc nous n’avons plus de risque de glissement. Parce que notre combat était d’éviter de connecter le recensement sur l’élection présidentielle essentiellement. Joseph Kabila en est à son deuxième et dernier mandat qui s’achève le 19 décembre 2016 à minuit. Je l’encourage, et je le félicite d’avance, pour qu’il entre dans l’histoire comme un ex-président de la République en vie. C’est le pays qui a gagné, c’est la République qui en sort agrandie. »
Comment en est-on arrivé là ? Pression de la rue, pression diplomatique... Ces dernières 24 heures les diplomates ont en tout cas multiplié les rencontres. Après le président du Sénat jeudi, le président de l’Assemblée nationale vendredi, hier matin, le chef de la mission de l’ONU au Congo et cinq ambassadeurs de l’Union européenne et des Etats-Unis sont reçus par Joseph Kabila. Leur message : qu’il appelle la chambre basse à suivre les recommandations du Sénat. Joseph Kabila s’étonne des inquiétudes de la communauté internationale alors qu’aucune modification de la Constitution n’est sur la table. Il ne promet rien.
Au final l’article controversé est retiré, même si tout le monde dit vouloir attendre ce dimanche matin et la plénière pour s’assurer que les députés n’ont pas changé d’avis dans la nuit.
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