Le geste est historique et inédit. Les présidents Shimon Peres et Mahmoud Abbas se retrouvent ce dimanche au Vatican à l’invitation du pape François, accompagnés de délégations non politiques et en présence du patriarche orthodoxe Bartholomée, pour une rencontre de prière. C’est la première fois que des dirigeants israélien et palestinien sont ainsi réunis au Vatican. L’invitation avait été lancée à la surprise de tous le 25 mai lors du pélerinage du pape en Terre sainte.
Le Vatican a qualifié la rencontre d’une « invocation pour la paix », afin d’éviter qu’elle soit assimilée à une « prière interreligieuse ». « On ne prie pas ensemble, on se retrouve pour prier », a ainsi précisé le père franciscain Pierbattista Pizzaballa, custode de Terre Sainte. Les deux présidents doivent arriver en fin d’après-midi au Vatican où ils resteront un peu plus de deux heures. Ils s’entretiendront séparément avec le pape, avant de se rendre ensemble jusqu’aux jardins du Vatican, un lieu neutre dépourvu de tout signe religieux, où ils prieront chacun leur tour, dans l’ordre d’apparition des trois religions. Shimon Peres, Mahmoud Abbas et le pape François devraient se donner la main et planter un olivier. Après une rencontre à huis clos, les deux présidents quitteront le Vatican.
« Cette initiative vise à la paix dans une région traversée par des conflits, où politique et diplomatie ne sont pas parvenues à des résultats durables. (...) Nous voulons donner un signal, en Asie et en Europe, qu'avec l'aide de Dieu, nous pouvons arriver à des résultats », a affirmé le patriarche Bartholomée au quotidien italien La Repubblica. Dans un tweet posté samedi, le pape François a quant à lui affirmé : « La prière peut tout. Utilisons-la pour porter la paix au Moyen-Orient et dans le monde entier ».
Une rencontre symbolique
Si l’événement est historique, il est aussi surtout symbolique. Le pape François a d’ailleurs insisté sur le fait que cette rencontre n’est en rien une « médiation », qui serait une « folie ». Le Saint-Siège parle d’une « pause dans la politique ». Pour l’écrivain spécialiste du Vatican Bernard Lecomte, le pape ne peut pas en espérer davantage, car il ne peut rien au Proche-Orient, que ce soit sur le plan diplomatique, politique ou militaire. « Le pape n’est rien d’autre au Proche-Orient qu’un pèlerin qui peut éventuellement parler aux uns et aux autres et qui peut les inviter à prier pour la paix », explique-t-il. « Tout ce que peut proposer l’Église, c’est de l’ordre du symbolique, du psychologique, du culturel et du religieux ».
Dans un entretien accordé à La Repubblica, le président Mahmoud Abbas a dit espérer que cette prière aide Israël à « décider » d'opter pour la paix. « Moi-même, avec Shimon Peres, j'ai signé les accords de paix d'Oslo et dans les jardins de la Maison Blanche en 1993, mais hélas, le pouvoir exécutif en Israël est aujourd'hui entre les mains des opposants à ces accords », a déclaré Mahmoud Abbas. Cette rencontre entre les deux présidents intervient en effet dans un contexte de crispation entre Israël et la Palestine. Jeudi 5 juin, l’État hébreu a relancé massivement son processus de colonisation en représailles au gouvernement d’union palestinien agréé par la communauté internationale. Le gouvernement de Benyamin Netanyahu a annoncé la construction de plus de 3 000 logements en Cisjordanie et dans Jérusalem-Est.
Source : Rfi.fr
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