L'arrivée surprise de l'armée française sur le terrain malien a plutôt changé le cours des événements. L'aviation française a effectué des frappes aériennes contre les positions des jihadistes qui progressaient vers le sud. Dans la nuit de vendredi à samedi, un haut gradé de l'armée malienne a affirmé que ses troupes contrôlent une bonne partie de la localité stratégique de Konna qui, 48 heures avant, était tombée aux mains des jihadistes.
Depuis une semaine, les Français savaient que les groupes jihadistes du nord se regroupaient et que cette concentration visait un objectif : prendre des positions plus au sud. Compte tenu de la fragilité politique et militaire de Bamako, Paris a jugé le risque sérieux. Tout s'est alors accéléré pour mettre en route un scénario d'urgence.
Lundi dernier, le Premier ministre malien Diango Cissoko s'entretient avec Laurent Fabius, le chef de la diplomatie française. Le lendemain mardi, les deux présidents malien et français se parlent au téléphone. Dioncouda Traoré et François Hollande se reparlent le lendemain, le 9. Les militaires maliens répondent présents à la condition de bénéficier d'un appui aérien. Jeudi matin, le chef de l'Etat malien envoie sa lettre de demande d'appui militaire à son homologue français. Le soir, il rédige sa lettre adressée cette fois au secrétaire générale de l’ONU, Ban Ki-moon.
Alassane Ouattara, qui préside la Cédéao est informé des le début par les Nigériens sur les mouvements des groupes jihadistes. Il participe aux échanges entre Bamako et Paris pour organiser la riposte militaire française. L'accord de la Cédéao et de la région rassure les Francais. Hier, l'aviation a lancé ses premières frappes contre les jihadistes d'Ansar Dine, du Mujao et d'Aqmi pour les repousser de Konna.
Changement de stratégie
Jusqu'à présent, l’idée des Français était de prendre le temps de former l’armée malienne avec l’aide de partenaires européens en attendant la mise en place d’une force africaine pour chasser les groupes islamistes du nord du Mali.
Mais l'offensive conjointe d'Aqmi, d’Ansar Dine et du Mujao est venue perturber les plans de la diplomatie française. « Ils ont voulu liquider l'armée malienne et rendre impossible la mission de l'Union africaine et de l'Union européenne », affirmait-on ce vendredi au ministère de la Défense.
Même si l'armée française surveillait de près les hommes d'Iyad Ag Ghali, à Paris, on semble avoir été surpris par la brutalité de l'offensive. Celle-ci a été lancée en s’appuyant sur plus d'une centaine de véhicules 4x4, très mobiles, bien armés et bien camouflés, opérant selon des techniques de harcèlement. Au total, près de 1 200 combattants.
Des forces françaises prêtes à intervenir
Si la France a pu réagir aussi vite, c'est parce qu'elle dispose de forces prépositionnées en Afrique, au Gabon, au Sénégal, mais aussi au Tchad, d'où l'armée de l'air peut lancer des raids aériens, avec ses Mirages 2000D et ses Mirages F1CR. Ce sont cinq appareils au total, qui doivent utiliser un avion ravitailleur pour mener à bien leurs missions, après avoir survolé l'espace aérien nigérien d'est. A ce jour, rien n'indique que ces avions aient été basés plus près de la zone des combats.
Côte forces terrestres, on évoque la présence de troupes françaises, transportées en gros porteur Transall jusqu'à Sévaré. Selon certaines sources, il s’agirait des légionnaires du deuxième Régiment étranger de parachutistes, habitués des terrains africains. L'état-major des armées n'a pas communiqué sur le nombre de soldats déployés. Ils sont certainement moins de 500 d'après nos évaluations.
Les forces spéciales françaises sont pour leur part basées au sud du Mali, à Ouagadougou. Leur présence est discrète. Les soldats se relaient dans la zone depuis 2010 dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Côté hélicoptères, sept machines peuvent opérer depuis le Burkina Faso, selon nos informations. Il s’agit d’hélicoptère de manœuvre Cougar et Caracal, ainsi que des Gazelle, qui peuvent, entre autres, mener des missions de reconnaissance grâce à de puissantes caméras vidéo. Deux hélicoptères d'attaque Tigre pourraient arriver prochainement au Sahel. Au Niger, on guette aussi le déploiement imminent de drones Harfang, des avions sans pilote qui peuvent voler plus de 20 heures d'affilées pour collecter du renseignement.
Source : Rfi.fr
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