Les négociations ont débuté dans un climat de grande méfiance. Le 6 juin, à la veille de l'ouverture des discussions entre les deux camps l'armée malienne prend Anéfis verrou stratégique tenu par les combattants touaregs à une centaine de kilomètres de Kidal. Le lendemain, l'émissaire du président malien Tiebile Dramé demande que deux autres groupes armés du Nord, le mouvement arabe de l'Azawad et les milices Gandakoye participent aux négociations. Refus des touaregs et de la médiation burkinabè.
La négociation démarre avec trois jours de retard et très vite, les questions sécuritaires suscitent des frictions. Bamako veut un désarmement du MNLA dès l'entrée de ses troupes à Kidal. Les rebelles touaregs exigent la suspension des poursuites judicaires à l'encontre de certains de leurs membres. Bras de fer, blocage. Djibril Bassolé, le ministre des Affaires étrangères burkinabè se rend à Bamako le 12, accompagné des représentants de la communauté internationale pour convaincre le président malien que le désarmement est un processus de longue haleine.
Aprés une série de versions corrigées, les deux délégations finissent par s'entendre sur un texte. Mais le président malien exige alors de nouvelles modifications. Lundi, les présidents François Hollande et Alassane Ouatarra calment le jeu en s'entretenant par téléphone avec Dioncounda Traoré. Epilogue hier, avec la signature de l'accord intérimaire qui n'est qu'une première étape sur le chemin de la réconciliation et de la paix au Mali.
Gérer l’urgence et permettre des élections
Cet accord contient deux parties, deux phases distinctes. La première, gérer l'urgence et permettre la tenue de l'élection présidentielle à Kidal mais aussi dans toutes les régions du Nord dans un environnement sécuritaire stable. Et il faut aller vite car le premier tour est toujours prévu le 28 juillet prochain.
Pour y arriver, il est prévu qu'une commission mixte, comprenant quatre membres de l'armée et quatre autres des groupes du Nord, se mette immédiatement au travail pour définir les conditions et le calendrier d'un retour de l'armée et de l'administration dès la signature de l'accord. Les Nations unies, l'armée française et la Minusma sont également représentées dans cette commission. Leur rôle : encadrer le processus sécuritaire qui s'engage pour éviter toute reprise des hostilités.
Cessez-le-feu
Ce processus prévoit un cessez-le-feu immédiat, un cantonnement des combattants du Nord et un redéploiement en parallèle des forces de sécurité du Mali et de membres de l'administration capables d'organiser le scrutin présidentiel.
Bamako a dû renoncer à son exigence d'un désarmement immédiat des combattants touaregs à Kidal. Le MNLA a dû, lui, accepter le déploiement de l'armée malienne dans son fief. Cette controverse a sans doute été l'obstacle le plus difficile à franchir.
Autre point de friction, Le gouvernement malien s'opposait à ce que le mot Azawad, terme utilisé par les autonomistes touaregs pour désigner la région du nord malien, figure dans l'accord. Il n'a pas eu gain de cause. La délégation touarègue du MNLA et du HCUA qui réclamait que les poursuites judiciaires contre certains de ses membres soient suspendues n'a pas de son côté obtenu satisfaction.
La seconde phase viendra 60 jours après cette élection, le nouveau chef d’Etat du Mali devra organiser des pourparlers plus consistants, notamment pour définir le statut administratif de l'Azawad et les stratégies de développement de la zone. Pour garantir le suivi et le respect de son application, les Nations unies, l'Union africaine et l'Union européenne sont signataires de l'accord.
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