Nelson Mandela est encore parmi nous, en dépit des rumeurs qui circulent depuis plusieurs jours. “Madiba”, comme tout le monde l’appelle ici, est affaibli, abattu. Mais il est encore là, cramponné à ses 91 printemps, après s’être éloigné de la politique et de la scène publique voilà six ans. Les rumeurs faisant état d’une dégradation de son état de santé – au point que l’on craint pour sa vie – ont mis la machine médiatique en branle. Avec toute la réserve de rigueur, naturellement, on pose discrètement des questions pour chercher à savoir s’il va bien, et l’on obtient des réponses qui nient un quelconque affaiblissement, mais finissent par être prises pour une confirmation de son déclin.
Après des jours de conjectures et de suppositions, assiégée par le monde entier au téléphone, la Fondation Nelson Mandela a été contrainte de diffuser un communiqué pour rassurer tout ce monde sur l’état de santé du grand combattant de l’apartheid. Voilà quelques jours, l’hebdomadaire sud-africain Mail & Guardian, généralement bien informé, a rapporté dans un entrefilet les déclarations embarrassées du porte-parole du gouvernement, précisant que Mandela “[allait] bien” et que “sa vie et son état de santé [avaient] toujours été transparents, même lorsqu’il [avait] été atteint d’un cancer de la prostate voilà quelques années”. Les commentaires quelque peu agacés de son petit-fils, Mandla Zwelivelile Mandela, sont venus les confirmer. “Il n’y a rien d’anormal ni de suspect concernant l’état de santé de mon grand-père, a déclaré le jeune homme. J’ai pris mon petit-déjeuner avec lui ce matin. C’est un vieil homme, il est normal qu’il se soumette de temps en temps à des visites médicales de routine. Mais les gens se font des idées et voient des choses qui n’existent pas.”
Pour la première fois, Jacob Zuma est en mauvaise posture
C’est une période délicate pour l’Afrique du Sud. Jacob Zuma [le président de la République], en selle depuis six mois, est aux prises avec la crise financière, dont les effets se sont fait sentir avec retard ici, mais ont divisé le PIB par deux. L’incertitude ambiante et les coupes drastiques du gouvernement sur le plan social rendent nerveuses les deux formations qui soutiennent le nouveau président du Congrès national africain (ANC) et lui ont assuré la victoire aux dernières élections. Le Parti communiste et le puissant Cosatu (le congrès des syndicats sud-africains) réclament davantage de considération pour les thèmes sociaux – les victimes de licenciements, le système de santé, l’éducation – et menacent de laisser tomber la majorité. Zuma manœuvre habilement, tergiverse, remplace la ministre de la Santé, critiquée pour avoir nié les effets désastreux du sida, mais exclut aussi de la nouvelle équipe gouvernementale Trevor Manuel, le ministre de l’Economie, pourtant apprécié, qui avait maintenu jusqu’ici le pays hors de la récession. Tout cela soulève de nouvelles critiques, en particulier de la part de la frange la plus conservatrice, blanche et noire, qui se demande si l’ANC n’aurait pas “ouvert la porte au communisme”. Poussé dans ses retranchements, le nouveau président affirme que “l’Afrique du Sud ne reviendra pas sur ses choix économiques. L’ANC a toujours été un parti de gauche, mais cela ne veut pas dire qu’il renoncera aux principes qui régissent ce pays depuis vingt ans.” Pour la première fois, Jacob Zuma est en mauvaise posture. D’autant que Nelson Mandela, le “symbole” du pays, semble s’éteindre à petit feu. Et que nous sommes à la veille d’un rendez-vous qui propulsera l’Afrique du Sud au centre du monde.
La Coupe du monde de football approche. Les stades sont terminés, et l’on travaille jour et nuit à l’achèvement des réseaux de transports. La grosse machine est prête. L’Afrique du Sud a déjà passé avec succès le test de la Coupe des confédérations de la FIFA, en juin 2009. La violence – celle dont on est habitué à entendre parler et que l’on associe à Johannesburg – n’est plus la même.
L’Afrique du Sud est fière de sa diversité raciale
Le crime a toujours caractérisé l’Afrique du Sud : en venir à bout, ou tout au moins le faire reculer, est un défi que Zuma ne veut pas perdre. Le pays est immense, quadrillé par un réseau autoroutier qui fait envie. Tous les axes qui desservent la province du Gauteng ont été élargis et remis à neuf. D’autres sont en cours de construction et donnent lieu à d’énormes chantiers incessants qui emploient des dizaines de milliers d’ouvriers. Les réseaux de télécommunications ont été étendus partout. Si des générations entières ont grandi à l’ombre du mythe de Mandela, elles ont aussi été propulsées dans une ère de développement qui rend les Sud-Africains fiers de leur pays.
Blancs, Noirs, Indiens, Asiatiques. L’Afrique du Sud est fière de sa diversité de races. Après un siècle d’apartheid, de morts et d’arrestations, elle a corrigé un déséquilibre manifeste. Et entend désormais persévérer sur le chemin qu’elle a tracé. Les rumeurs qui circulent sur Nelson Mandela restent à l’arrière-plan d’un pays qui change et grandit en permanence. Voilà deux mois, le Prix Nobel de la paix a voulu entériner son éloignement définitif de la scène politique. “Ne m’appelez pas”, a-t-il demandé à ses fidèles et amis, “c’est moi qui vous appellerai le moment opportun.”
Après des jours de conjectures et de suppositions, assiégée par le monde entier au téléphone, la Fondation Nelson Mandela a été contrainte de diffuser un communiqué pour rassurer tout ce monde sur l’état de santé du grand combattant de l’apartheid. Voilà quelques jours, l’hebdomadaire sud-africain Mail & Guardian, généralement bien informé, a rapporté dans un entrefilet les déclarations embarrassées du porte-parole du gouvernement, précisant que Mandela “[allait] bien” et que “sa vie et son état de santé [avaient] toujours été transparents, même lorsqu’il [avait] été atteint d’un cancer de la prostate voilà quelques années”. Les commentaires quelque peu agacés de son petit-fils, Mandla Zwelivelile Mandela, sont venus les confirmer. “Il n’y a rien d’anormal ni de suspect concernant l’état de santé de mon grand-père, a déclaré le jeune homme. J’ai pris mon petit-déjeuner avec lui ce matin. C’est un vieil homme, il est normal qu’il se soumette de temps en temps à des visites médicales de routine. Mais les gens se font des idées et voient des choses qui n’existent pas.”
Pour la première fois, Jacob Zuma est en mauvaise posture
C’est une période délicate pour l’Afrique du Sud. Jacob Zuma [le président de la République], en selle depuis six mois, est aux prises avec la crise financière, dont les effets se sont fait sentir avec retard ici, mais ont divisé le PIB par deux. L’incertitude ambiante et les coupes drastiques du gouvernement sur le plan social rendent nerveuses les deux formations qui soutiennent le nouveau président du Congrès national africain (ANC) et lui ont assuré la victoire aux dernières élections. Le Parti communiste et le puissant Cosatu (le congrès des syndicats sud-africains) réclament davantage de considération pour les thèmes sociaux – les victimes de licenciements, le système de santé, l’éducation – et menacent de laisser tomber la majorité. Zuma manœuvre habilement, tergiverse, remplace la ministre de la Santé, critiquée pour avoir nié les effets désastreux du sida, mais exclut aussi de la nouvelle équipe gouvernementale Trevor Manuel, le ministre de l’Economie, pourtant apprécié, qui avait maintenu jusqu’ici le pays hors de la récession. Tout cela soulève de nouvelles critiques, en particulier de la part de la frange la plus conservatrice, blanche et noire, qui se demande si l’ANC n’aurait pas “ouvert la porte au communisme”. Poussé dans ses retranchements, le nouveau président affirme que “l’Afrique du Sud ne reviendra pas sur ses choix économiques. L’ANC a toujours été un parti de gauche, mais cela ne veut pas dire qu’il renoncera aux principes qui régissent ce pays depuis vingt ans.” Pour la première fois, Jacob Zuma est en mauvaise posture. D’autant que Nelson Mandela, le “symbole” du pays, semble s’éteindre à petit feu. Et que nous sommes à la veille d’un rendez-vous qui propulsera l’Afrique du Sud au centre du monde.
La Coupe du monde de football approche. Les stades sont terminés, et l’on travaille jour et nuit à l’achèvement des réseaux de transports. La grosse machine est prête. L’Afrique du Sud a déjà passé avec succès le test de la Coupe des confédérations de la FIFA, en juin 2009. La violence – celle dont on est habitué à entendre parler et que l’on associe à Johannesburg – n’est plus la même.
L’Afrique du Sud est fière de sa diversité raciale
Le crime a toujours caractérisé l’Afrique du Sud : en venir à bout, ou tout au moins le faire reculer, est un défi que Zuma ne veut pas perdre. Le pays est immense, quadrillé par un réseau autoroutier qui fait envie. Tous les axes qui desservent la province du Gauteng ont été élargis et remis à neuf. D’autres sont en cours de construction et donnent lieu à d’énormes chantiers incessants qui emploient des dizaines de milliers d’ouvriers. Les réseaux de télécommunications ont été étendus partout. Si des générations entières ont grandi à l’ombre du mythe de Mandela, elles ont aussi été propulsées dans une ère de développement qui rend les Sud-Africains fiers de leur pays.
Blancs, Noirs, Indiens, Asiatiques. L’Afrique du Sud est fière de sa diversité de races. Après un siècle d’apartheid, de morts et d’arrestations, elle a corrigé un déséquilibre manifeste. Et entend désormais persévérer sur le chemin qu’elle a tracé. Les rumeurs qui circulent sur Nelson Mandela restent à l’arrière-plan d’un pays qui change et grandit en permanence. Voilà deux mois, le Prix Nobel de la paix a voulu entériner son éloignement définitif de la scène politique. “Ne m’appelez pas”, a-t-il demandé à ses fidèles et amis, “c’est moi qui vous appellerai le moment opportun.”
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