Buste en cire de Mao Zedong fabriqué pour le 60e anniversaire de la proclamation de la République populaire de Chine. (Photo : Reuters/Tyrone Siu)
Veste noire et chemise blanche à col ouvert, c’est dans les habits simples du confesseur que le président Xi Jinping s’est rendu dans la province du Hebei, autour de Pékin, la semaine dernière. Le chef de l’Etat n’a pas chômé : quatre séances d’autocritique en trois jours. Les cadres du parti se mettent à table et déballent leurs «fautes». Le secrétaire général du parti communiste chinois, Xi Jinping parle aux cadres. L’heure est grave : «Je ne suis pas venu entendre des fadaises, prévient le chef de l’Etat. Je veux de vrais critiques et autocritiques.» On voit ensuite, un par un, les responsables du PC de la province confesser leurs fautes, face caméra. Le ministre de la province du Hebei par exemple, Ai Wenli, avoue qu’ils ne se sont pas ennuyés lors du gala du Nouvel an chinois 2012, qui a coûté près de 3 millions 500 000 yuans, soit plus de 400 000 euros pris dans les caisses du parti et du gouvernement local.
Internet a vite réagi
Ces séances d’autocritique suscitent à la fois de l’inquiétude et des rires de la part des internautes. Il y a ceux qui s’inquiètent d'une pratique mise en place il y a un demi-siècle et qui est donc considéré comme un retour aux années Mao et à la révolution culturelle. «Cela touche les corps et les âmes, c’est insupportable», estime notamment l’écrivain Murong Xue Cun (sous le pseudo « Murong Yicun »).
Et puis il y a surtout ceux qui se moquent de ce qui est qualifié de «farce» et de ces auto-contritions jugées peu sincères. Il y a par exemple ce dessin qui a circulé sur les réseaux sociaux montrant un cadre du parti le pantalon baissé et se plantant une seringue marquée «autocritique» dans le postérieur, sous entendu la piqûre n’est pas douloureuse.
Un autre dessin paru sur weibo, le réseau de micro-blogging le plus populaire du pays, montre encore une table où sont inscrits les caractères «conférence de vie démocratique» : «Je suis trop occupé par mon travail» dit l’un des responsables sur le dessin, sous entendu ces séances ont surtout servi aux cadres à se faire mousser. En dehors de l’allusion aux dépenses pour le gala du Nouvel an chinois, le secrétaire du parti de Shijiazhuang la ville la plus importante du Hebei, Sun Ruibin a concédé s’être doté d’un puissant SUV, grosse cylindrée de sport, «même si je savais que c’est contraire aux règles d’avoir un tel véhicule». Pour le reste, plus que des autocritiques, on entend surtout des critiques, chacun renvoyant la faute sur l’autre. C’est d’ailleurs aussi à cela, que servaient ces séances sous Mao.
Certains, comme l’internaute «sguangjun», y ont vu un retour à la pratique du «combat pour le choix du mari» quand les familles de hauts fonctionnaires organisaient des duels pour choisir le mari de leur fille. La règle voulant que le combat s’arrête avant que l’un des combattants ne soit blessé. Le journaliste Liu Xiangnan a de son côté publié deux liens vers des ralentis de combat au cinéma avec ces commentaires : «Ils font semblant». «Vous n’êtes pas gentil, rétorque Wang Shaoleil, professeur de journalisme à l’Université normale de Nankin, ils se draguent !»
Retour au maoïsme ?
Mao est partout en ce moment. On parle notamment beaucoup de cette nouvelle édition luxe du Petit livre rouge à 240 euros
pour les 120 ans de la naissance du Grand timonier en décembre. On note en même temps que le président chinois -qui a grandi dans l’environnement puritain des années Mao- a aussi appelé dans un discours récent à une plus grande tolérance vis-à-vis des religions traditionnelles. Mao ou Confucius, en Chine, tout est bon pour combler le vide moral d’une société aspirée par sa fulgurante croissance. Pour de nombreux intellectuels qui s’expriment sur internet, il s’agit surtout, en toute circonstance, de tenter de garder l’équilibre, de ne pas perdre pied et la confiance du peuple dans un parti obsédé par la question de sa légitimité.
Internet a vite réagi
Ces séances d’autocritique suscitent à la fois de l’inquiétude et des rires de la part des internautes. Il y a ceux qui s’inquiètent d'une pratique mise en place il y a un demi-siècle et qui est donc considéré comme un retour aux années Mao et à la révolution culturelle. «Cela touche les corps et les âmes, c’est insupportable», estime notamment l’écrivain Murong Xue Cun (sous le pseudo « Murong Yicun »).
Et puis il y a surtout ceux qui se moquent de ce qui est qualifié de «farce» et de ces auto-contritions jugées peu sincères. Il y a par exemple ce dessin qui a circulé sur les réseaux sociaux montrant un cadre du parti le pantalon baissé et se plantant une seringue marquée «autocritique» dans le postérieur, sous entendu la piqûre n’est pas douloureuse.
Un autre dessin paru sur weibo, le réseau de micro-blogging le plus populaire du pays, montre encore une table où sont inscrits les caractères «conférence de vie démocratique» : «Je suis trop occupé par mon travail» dit l’un des responsables sur le dessin, sous entendu ces séances ont surtout servi aux cadres à se faire mousser. En dehors de l’allusion aux dépenses pour le gala du Nouvel an chinois, le secrétaire du parti de Shijiazhuang la ville la plus importante du Hebei, Sun Ruibin a concédé s’être doté d’un puissant SUV, grosse cylindrée de sport, «même si je savais que c’est contraire aux règles d’avoir un tel véhicule». Pour le reste, plus que des autocritiques, on entend surtout des critiques, chacun renvoyant la faute sur l’autre. C’est d’ailleurs aussi à cela, que servaient ces séances sous Mao.
Certains, comme l’internaute «sguangjun», y ont vu un retour à la pratique du «combat pour le choix du mari» quand les familles de hauts fonctionnaires organisaient des duels pour choisir le mari de leur fille. La règle voulant que le combat s’arrête avant que l’un des combattants ne soit blessé. Le journaliste Liu Xiangnan a de son côté publié deux liens vers des ralentis de combat au cinéma avec ces commentaires : «Ils font semblant». «Vous n’êtes pas gentil, rétorque Wang Shaoleil, professeur de journalisme à l’Université normale de Nankin, ils se draguent !»
Retour au maoïsme ?
pour les 120 ans de la naissance du Grand timonier en décembre. On note en même temps que le président chinois -qui a grandi dans l’environnement puritain des années Mao- a aussi appelé dans un discours récent à une plus grande tolérance vis-à-vis des religions traditionnelles. Mao ou Confucius, en Chine, tout est bon pour combler le vide moral d’une société aspirée par sa fulgurante croissance. Pour de nombreux intellectuels qui s’expriment sur internet, il s’agit surtout, en toute circonstance, de tenter de garder l’équilibre, de ne pas perdre pied et la confiance du peuple dans un parti obsédé par la question de sa légitimité.
Autres articles
-
Affaire Stormy Daniels: le juge reporte indéfiniment le prononcé de la peine de Donald Trump
-
Liban: 226 agents de santé ont été tués depuis le 7-Octobre
-
Japon: le gouvernement approuve un plan de relance économique de 136 milliards d'euros
-
Climat: la présidence de la COP29 propose 250 milliards de dollars pour la contribution des pays développés
-
L'Ukraine a utilisé des missiles britanniques longue portée Storm Shadow en Russie, selon des médias