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Mohammed VI et Juan Carlos, une amitié orageuse

La connivence entre les monarchies chérifienne et espagnole résiste aux aléas de la politique de voisinage qu’entretiennent Rabat et Madrid.



Juan Carlos 1er d'Espagne et Mohammed VI à Marrakech, le 17 janvier 2005. REUTERS/STR New
Juan Carlos 1er d'Espagne et Mohammed VI à Marrakech, le 17 janvier 2005. REUTERS/STR New
Dans un livre paru en 1987, Younès Nékrouf décrivait «l’amitié orageuse» qu’entretenaient le sultan marocain Moulay Ismaïl et le monarque français Louis XIV.

«Une promenade passionnante dans un Maghreb qui se dérobait aux regards des Européens, et une saisissante plongée dans les rapports des Etats, entre Atlantique et Méditerranée. Les affairistes, les militaires, les diplomates s'exercent en un ballet incessant», peut-on lire dans la préface de l’ouvrage, signée par l'homme politique français Michel Jobert.

Les historiographes des têtes couronnées d’aujourd’hui peuvent assurément faire de même sur les rapports tumultueux du Marocain Mohammed VI avec son «oncle», Juan Carlos 1er d’Espagne.

Deux rois solidaires face à la terreur

Moins d’une semaine après le sanglant attentat de Marrakech, le roi d’Espagne a fait le déplacement au Maroc pour marquer sa sympathie avec son voisin du Sud. Une visite «privée» qu’il a tenu à faire seul et en avion militaire selon un protocole diplomatique des plus stricts.

«Une manière de se solidariser avec son collègue couronné en ces moments de grands périls pour les régimes arabes», commente le magazine marocain Demainonline.

Pour Les Afriques, «une telle visite revêt une connotation de soutien et de solidarité, après les évènements criminels qui ont secoué la ville ocre très récemment. Une façon d’apaiser les touristes en général et ceux du marché espagnol en particulier».

«Juan Carlos est venu en signe de paix pour normaliser les relations entre les deux royaumes, qui ont été bousculées ces dernières années», pouvait-on lire en substance dans le quotidien espagnol El País.

Il faut dire que depuis une dizaine d’années, les relations entre Madrid et Rabat n’ont pas été de tout repos, les deux royaumes enquillant crises diplomatiques et coups de canif médiatiques à répétition. Depuis la mort du dictateur Franco et l’annexion du Sahara Occidental par le Maroc en 1975, jamais leurs liens n’auront été si dégradés.

La dernière poussée de fièvre en date entre Rabat et Madrid a eu pour théâtre les troubles qu’a connus Laâyoune, le chef-lieu du Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole administrée par le Maroc et dont la souveraineté est revendiquée par les séparatistes du Front Polisario, soutenus par Alger. A cette occasion, le Maroc emmailloté par la résurgence du «front intérieur des indépendantistes» avait très mal vécu le «parti pris de la presse espagnole».

Une guerre pour un caillou

«Est-ce que tu te rends compte que le secrétaire d'Etat des Etats-Unis ne s'occupe, depuis vingt-quatre heures, que d'un petit rocher stupide que nous avons eu de la peine à localiser sur les cartes?»

Colin Powell est plus qu’agacé. Au bout du fil, ce 18 juillet 2002, celle qui monopolise son temps précieux alors que la campagne militaire afghane bat son plein et que l’invasion de l’Irak se prépare est Ana Palacio, son homologue espagnole. La cause? Une mini-guerre moderne qui a failli éclater entre Madrid et Rabat pour un ridicule îlot en Méditerranée: 13 hectares inhabités, battus par les flots, 200 mètres de long à peine, séparés du continent africain par un minuscule bras de mer, une paroi de soixante mètres de haut, fendue à la verticale par une grotte ouverte à fleur d’eau. Cette crise a constitué le paroxysme des relations entre les deux royaumes durant cette dernière décennie.Lire la suite suite sur slateafrique


Mardi 14 Juin 2011 - 20:06


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