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Morts et criminalité lors des violences post-électorales : Human Right Watch épingle la Guinée



"Des preuves crédibles montrent que les forces de sécurité guinéennes ont eu recours de façon excessive à la force léthale et ont adopté d’autres comportements non professionnels lors des violentes manifestations de rue qui se sont déroulées en février et mars 2018", a déclaré Human Rights Watch ce lundi 23 juillet 2018. Aucun membre de la police ou de la gendarmerie n’a été arrêté ou inculpé.
 
Les élections communales contestées du 4 février et la grève des enseignants du 12 février ont donné lieu à de violents affrontements entre les forces de sécurité et les manifestants de l’opposition, ainsi qu’entre partisans du gouvernement et de l’opposition. Sept personnes ont été tuées dans la capitale, Conakry, et une pierre lancée par un manifestant a coûté la vie à un gendarme. Les rapports médicaux de cinq hôpitaux examinés par Human Rights Watch indiquent qu’au moins 89 manifestants ou spectateurs ont été blessés lors des échauffourées, dont 22 au minimum par balles. Les forces de l’ordre ont fait état de plus de 80 blessés parmi les policiers et gendarmes, dont un gendarme qui a perdu un œil.
 
« Trois mois après la dernière vague de sanglantes violences électorales en Guinée, les autorités n’ont adopté aucune mesure concrète pour sanctionner ceux parmi les forces de sécurité responsables de violations des droits humains », a déclaré Corinne Dufka, directrice de recherches sur l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch. « Le seul moyen de rompre le cycle de violence politique en Guinée et de rendre justice aux victimes est de mener une enquête digne de foi et de réclamer des comptes aux personnes impliquées. »
 
Human Rights Watch a interrogé 67 personnes à Conakry en avril et mai, entre autres des victimes et des témoins des violences provenant d’un large éventail de groupes ethniques et de partis politiques. Human Rights Watch a également réalisé des entretiens avec des médecins, des journalistes, des responsables des forces de l’ordre, des élus, des dirigeants politiques et des militants.
 
Des témoins et des journalistes qui ont couvert les manifestations les ont décrites comme étant souvent violentes, les manifestants établissant des postes de contrôle improvisés, brûlant des pneus, jetant des pierres et utilisant des frondes pour envoyer des projectiles sur les forces de sécurité. Ils ont également expliqué que certains manifestants avaient cherché à extorquer de l’argent ou à voler des biens aux passants.
 
En réaction aux manifestations, les policiers et les gendarmes ont, selon des témoins, lancé des gaz lacrymogènes et tiré à balles réelles en l’air et, à plusieurs occasions, en direction des manifestants. « J’ai vu l’un des gendarmes tirer sur mon copain, et il est tombé, juste devant la maison familiale », a raconté un homme qui se trouvait dans un café avec Mamadou Diakouana Diallo, 20 ans, lorsque celui-ci a été tué le 6 février. Un rapport médical a indiqué que Diallo avait été touché par deux balles, l’une dans le bras, l’autre dans la poitrine.
 
Des témoins ont également signalé que des membres des forces de sécurité avaient poursuivi les manifestants dans les quartiers, endommageant des propriétés et dérobant des biens. La Guinée a dans le passé été marquée par l’utilisation excessive de la force meurtrière et d’autres violences des forces de sécurité, ainsi que par son manque de neutralité politique dans ses interventions lors des manifestations de l'opposition liées aux élections.
 
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Mardi 24 Juillet 2018 - 10:51


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