L'enjeu est de taille pour le président Buhari. Comment renouer avec Washington des liens indispensables mis à mal par son prédécesseur Goodluck Jonathan ?
L'ancien chef de l'Etat nigérian avait unilatéralement interrompu l'an dernier le programme d'entrainement militaire fourni par les Américains, après que Washington ait fait annuler une vente par Israël d'helicoptères au Nigeria. Cet épisode était assez symptomatique de la méfiance nourrie par les Etats unis envers la politique du président Jonathan dans sa guerre contre Boko Haram, et envers son armée soupçonnée d'exactions contre les civils.
En limogeant les principaux cadres de l'armée la semaine dernière, Muhamadu Buhari a souhaité lancer un signal clair à Washington. Nouvelle politique. Nouvelles têtes. Un moyen d’illustrer par les actes la promesse faite, lors de son investiture, de se montrer ferme contre toute forme de violation des droits humains qui pourrait être commises par l’armée. Contrairement à son prédécesseur, Muhammadu Buhari semble avoir bonne presse à Washington, depuis son élection.
Lutter contre Boko Haram
Or aujourd’hui, pour faire fonctionner le centre de commandement des opérations contre Boko Haram, le Nigeria a besoin de moyens logistiques et financiers. Et c'est en grande partie ce dont Muhammadu Buhari est venu discuter avec son homologue américain.
Outre des équipements, la reprise de formation, et un soutien financier accru notamment à la force multinationale constitué des militaires nigérians et des pays voisins, Abuja souhaite aussi que Washington fournisse du renseignement notamment par le biais de drones de surveillance, comme ceux utilisés pour tenter de retrouver les jeunes filles de Chibok.
Mais selon le magazine américain Foreign Policy, les Américains auraient écarté la demande. En revanche, ils auraient décidé de déployer d'ici quelques mois au Niger, deux avions de surveillance Cessna. Les drones étant nécessaires dans les guerres contre d'autres groupes jihadistes plus élevés dans la liste des priorités de Washington, comme l'organisation Etat islamique, al-Qaïda ou les shebabs.
Lutte contre la corruption
Si Buhari vient chercher auprès des Etats-Unis de l'aide concrète dans sa lutte contre le terrorisme, il espère aussi un soutien de Washington dans sa lutte anti-corruption. Femi Adesina, l'un des conseillers de Muhammadu Buhari, souligne l'importance de récupérer cet argent pour les caisses de l'Etat nigérian.
« Le président Buhari a dit que des milliards de dollars provenant des ressources nigérianes étaient dissimulés dans des comptes à l'étranger. Ces fuites de capitaux plombent notre trésorerie. Le mois dernier, le président Obama a assuré que si le Nigeria livrait suffisamment d'information concernant ces fonds, il pourrait nous aider à les rapatrier », explique Femi Adesina.
Dernier point de discussion : les échanges commerciaux entre les deux pays. Le Nigeria espère notamment exporter plus de pétrole vers les Etats-Unis.
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