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Présidentielle au Venezuela: 21 millions d'électeurs appelés aux urnes pour un scrutin sous haute tension

Le Venezuela vote ce dimanche 28 juillet pour choisir son prochain président. Une élection sous tension qui oppose le président sortant Nicolas Maduro, qui brigue un troisième mandat de six ans, et le candidat de l'opposition, Edmundo Gonzalez Urrutia, donné favori dans les sondages.



Le scrutin au Venezuela est très attendu et son issue est plus qu'incertaine. Les sondages indépendants donnent l'opposition – qui avait boycotté le scrutin de 2018 – largement gagnante. Face à son candidat Edmundo Gonzalez Urrutia, le président sortant Nicolas Maduro brigue un troisième mandat, agitant le spectre de la guerre civile s'il n'est pas réélu. Après onze ans au pouvoir, celui qui n'a cessé de museler ses rivaux ne semble pas prêt à lâcher les rênes du pays.
 
Un Nicolas Maduro impopulaire
La propagande chaviste a déployé les gros moyens pour masquer l’impopularité de son candidat. Nicolas Maduro était partout et enchaînait des interviews. Sur TikTok, on l'a vu danser sur scène. Il y a quelques jours, des dizaines de drones sont montés dans le ciel nocturne de Maracaibo, la capitale pétrolière souvent privée d'électricité, pour dessiner le visage du président. Ils ont ensuite représenté un coq, symbole de campagne du président, puis des images de l'ancien président Hugo Chávez.
 
À 61 ans, Nicolas Maduro joue sa survie politique, mais cet ancien chauffeur de bus sait faire preuve de résilience. Il s'est imposé face à ses rivaux internes et a survécu aux manifestations monstres qui ont suivi sa réélection contestée de 2018. Le président chaviste a dû faire face aussi à une crise économique sans précédent qui a poussé des millions de Vénézuéliens à l'exil.
 
Il a également été obligé de couper dans les programmes sociaux et a autorisé la dollarisation du pays, deux décisions qui ont en réalité aggravé les inégalités. Si on croit les sondages, les Vénézuéliens ne souhaitent pas renouveler leur confiance dans un gouvernement qu'ils jugent responsable de la situation actuelle.
 
Edmundo Gonzales Urrutia, un candidat discret
Peu de gens connaissaient Edmundo Gonzalez Urrutia avant qu'il ne devienne le candidat de l'opposition vénézuélienne. Désormais principal rival de Nicolas Maduro à la présidentielle, les espoirs de changement reposent essentiellement sur ce diplomate de carrière. La campagne de ce candidat s'est faite main dans la main avec la figure plus médiatique de l'opposition : Maria Corina Machado.
 
Edmundo Gonzalez aura été la surprise de ce printemps. Car la plateforme de l'opposition l'a mis sur le devant de la scène quand elle a appris qu'elle ne pouvait pas introniser la philosophe Corina Yoris comme candidate. Cela pour des raisons techniques qui n'ont jamais été élucidées.
 
Ainsi, Edmundo Gonzalez, le candidat de substitution, est devenu le visage de l'opposition. Meeting après meeting, c'est derrière Maria Corina Machado, l'opposante exclue du scrutin, que l'ancien ambassadeur apparaît. Une stratégie inhabituelle, mais nécessaire dans un pays où les figures de l'opposition sont sans cesse réprimées. Profitant de la popularité de Machado, Edmundo Gonzalez Urrutia est désormais favori des sondages indépendants, malgré son manque d'éloquence et sa timidité.
 
Mouvant de postes diplomatiques à des actions de lobbying dans une soixantaine de pays dont les États-Unis, celui qui tout au long de sa carrière a évolué dans l'ombre espère mettre fin à l'isolement du Venezuela et remettre en selle l'économie. Ses priorités : réduire l'inflation tout en luttant contre la corruption ou encore restaurer la confiance envers le système judiciaire. Cela en envisageant une amnistie pour le clan Maduro. C'est une des voies possibles de la réconciliation nationale dans plusieurs pays en transition, estime un expert des relations internationales, de façon pragmatique.
 
La participation, un enjeu majeur
Si elle veut gagner, l’opposition vénézuélienne doit parvenir à mobiliser son électorat. Et contrairement à ses rivaux, il y a peu de discipline de vote côté opposant et il n’existe pas réellement d'identité opposante.
 
Mais, au-delà du rejet des idées de Nicolas Maduro, se rendre aux urnes est un enjeu démocratique. Car les autorités en place, qui ne suivent pas toujours les règles du jeu, font en sorte que la participation de l’opposition soit très basse, et espèrent ainsi pouvoir remporter le scrutin avec les 30 % de suffrages que prévoient les sondages. Alors, diverses organisations dans le pays font en sorte de motiver les électeurs et surtout de les rassurer.
 
« Les machines à voter ne peuvent pas modifier votre vote. Ayez confiance, car elles ont fait l’objet d’une vérification lors de laquelle il a été constaté qu’elles fonctionnement correctement », explique Luis Alberto Rodriguez, de l'association Voto Joven, auprès de notre correspondante à Caracas, Alice Campaignolle.
 
La méfiance dans le système électoral est très répandue, notamment chez les jeunes, qui ont toujours connu un gouvernement qui réduit l’espace démocratique. Pourtant, les experts le disent, le vote électronique au Venezuela est fiable et digne de confiance.
 
Une campagne sous haute tension
Ce scrutin vient en tout cas clôturer une campagne présidentielle qui a été houleuse, avec notamment l'arrestation de 135 personnes liées à l'opposition, a dénoncé l'ONG de Défense des droits humains Foro Penal. « De janvier à aujourd'hui, il y a eu 149 arrestations arbitraires pour des raisons politiques (...) 135 sont directement liées à ce qui était la tournée nationale et la campagne » de l'opposition, a déclaré à l'AFP son directeur, Gonzalo Himiob. « La plupart d'entre eux ont déjà été libérés, certains sans même avoir été poursuivis, mais 47 sont encore privés de liberté aujourd'hui », a-t-il poursuivi.
 
L'opposition dénonce depuis des semaines une « persécution politique » du pouvoir avec des arrestations, ainsi que les fermetures administratives et amendes infligées aux commerçants, hôtels ou restaurants qui travaillent avec l'opposition. Outre les arrestations, six collaborateurs de Maria Corina Machado se sont réfugiés en mars à la résidence de l'ambassadeur d'Argentine, accusés de complot.
 
Le gouvernement vénézuélien accuse régulièrement l'opposition de fomenter des complots contre le président Nicolas Maduro. L'ONG Foro Penal dénombre 305 « prisonniers politiques » au Venezuela, dont 30 femmes.

RFI

Dimanche 28 Juillet 2024 - 09:47


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