Dans ce chaudron qu’est devenu Bangui l’ingrédient tchadien déclenche immanquablement une explosion. C’est pourquoi les Tchadiens de la Misca ne mettent plus les pieds dans la capitale. En théorie du moins. D’après les dirigeants de la Misca,samedi, le commandant de la brigade tchadienne venait rendre compte d’une mission d’inspection effectuée au Nord. Manifestement quelqu’un a dû oublier de lui rappeler l’état d’esprit des populations banguissoises.
Guet-apens ou provocation ?
La Misca n’hésite pas à évoquer un guet-apens. Les anti-balaka des villes du Nord auraient prévenu leurs collègues de Bangui de l’arrivée du détachement tchadien. Ceux-ci l’auraient attendu l’arme au pied au corridor Nord de la ville, au PK12. Les anti-balaka ont une autre version et parlent de provocation tchadienne. Les soldats de Ndjamena ayant la réputation d’avoir la gâchette facile et le scrupule léger, on ne saura sans doute jamais ce qui a provoqué le clash. Mais, en rentrant à la base de Mpoko, les Tchadiens ont dû sortir leurs impressionnantes mitrailleuses de calibre 12.7 pour effrayer les assaillants. La haine et la colère à l’encontre des Tchadiens est telle que Bangui est resté en ébullition durant de longues heures, samedi soir. Alors que les soldats étrangers ont déjà beaucoup de mal a préserver le calme à Bangui, l’épisode tchadien est venu compliquer un peu plus la donne et renforce encore la méfiance qu’éprouvent de nombreux Banguissois envers Sangaris et la Misca.
Des opérations de sécurisation complexes
Et c'est dans ce chaudron de Bangui, la force Sangaris et la Misca, mènent des opérations de sécurisation. Une tache complexe et difficile, pour obtenir un retour à la vie normale, notamment au PK5, où les derniers musulmans de Bangui vivent dans la peur. « Nous sommes presque des prisonniers à ciel ouvert. On ne peut pas dépasser le PK5 », expose l’un d’eux. Ce dimanche matin, la force Sangaris a justement décidé d’ouvrir le PK5 et de protéger ceux qui veulent y entrer. Le capitaine Guillaume, qui commande le détachement de Sangaris venu sécuriser le quartier, explique l’opération : « En périphérie du quartier musulman se trouvent des milices chrétiennes que nous avons invité fermement à quitter la position, afin de retrouver la liberté de mouvement sur cet axe là. » Et le capitaine Guillaume prévient, quand les « invites » ne suffisent pas, les militaires français montrent leurs muscles. « Si on s’aperçoit qu’ils ne veulent pas quitter l’axe, notre démonstration de force, par notre présence et notre armement, suffit généralement à les intimider. Jusqu’à maintenant, ça fonctionne plutôt pas mal. »
Les forces internationales peinent à gagner les coeurs
Le capitaine Guillaume est satisfait. Pour la première fois depuis des jours, le PK5 a retrouvé un visage normal. « Le marché, comme vous pouvez le voir, vient de s’ouvrir. En secteur nord, on voit les petites boutiques des commerçants musulmans qui ont ouvert depuis ce matin, ça fait à peu près une heure que ça rouvre, alors que ça faisait quatre jours que c’était fermé. Et derrière mois, secteur sud, on voit les petits commerçants chrétiens qui viennent avec leurs denrées, leurs légumes, pour vendre sur le marché », expose-t-il. A quelques mètres du marché une inscription remercie les contingents français et africains. Sangaris et la Misca sont applaudis par les musulmans du PK5. « Auparavant, on n’était pas satisfaits avec les Français. Mais actuellement, nous espérons. Nous espérons avec eux », glisse un Banguissois.
Ce n’est cependant pas le cas partout. Ailleurs en ville, les forces internationales qui protègent les musulmans sont de plus en plus détestées. Par ailleurs, en l’absence de police et de gendarmerie, l’anarchie va grandissante dans certains quartiers. Et face à cela Sangaris et la Misca manquent de moyens.
Source : Rfi.fr
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