Ce projet est en cours depuis près d'un an. Mais cette fois, les choses se précisent, après la remise d’un rapport de la Monusco sur ce sujet à la fin de l’année. Cela fait plusieurs mois en effet que l’ONU étudie une stratégie de sortie de la RDC, avec tout d’abord un redéploiement de l’ensemble de sa mission à l’est du pays - qui s’est fait de décembre à août 2014 - et maintenant ce plan de réduction des troupes. La demande figurait même dans la résolution du Conseil de sécurité qui a renouvelé le mandat de la Monusco pour un an, en mars dernier.
La décision a été prise, tout d’abord pour des raisons financières. La mission de l'ONU au Congo est considérée comme l’une des plus chères au monde. On parle d'un milliard et demi de dollars par an pour 22 000 personnes déployées - civils et militaires - et cela fait déjà quinze ans qu'elle est dans le pays. Le premier casque bleu est arrivé en 1999.
Aussi, les pays bailleurs de fonds, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne en tête – ces derniers étant également membres du conseil de sécurité – trouvent la facture lourde et font donc pression pour la réduire. Résultat on réduit la mission. Cette année déjà, le mandat a été renouvelé avec un budget réduit de 73 millions de dollars.
Moins d’hommes, mais plus réactifs
Les Nations unies avancent également un autre argument, celui du début d’une stabilisation dans l’est du pays. Avec la victoire sur la rébellion du M23 il y a un an, la RDC et l’ONU ont enregistré un succès de taille, mais fragile. Aujourd’hui, une cinquantaine de groupes armés sont toujours actifs dans l’est de la RDC.
Néanmoins, au bout de 15 ans, les Nations unies estiment qu’il n’y a pas besoin d’avoir autant de casques bleus classiques, peu mobiles et très souvent critiqués par la population pour leur manque de réactivité. Exemple : les casques bleus pakistanais et népalais ont été pointés du doigt ces derniers mois pour ne pas être intervenus lors de massacres perpétrés à quelques kilomètres à peine de leurs bases dans l’est du Congo.
En réalité, il y a de vraies difficultés de coordination des troupes onusiennes préjudiciables à l’efficacité sur le terrain. Composée de 20 000 hommes seuls 3 000 ont depuis mars 2013 le mandat d’attaquer. Certains à l’ONU auraient voulu étendre ce mandat musclé au reste de la Monusco, mais les pays contributeurs de troupes ont refusé. Le chef des opérations de maintien de la paix de l’Onu Hervé Ladsous a bien tenté de rappeler les pays contributeurs de troupes à leurs obligations en fin d’année. Sans succès. Aujourd’hui, l’ONU dit donc vouloir miser sur moins d’hommes, mais plus réactifs, du type des 3 000 hommes de la brigade d’intervention, plus offensifs et réactifs.
Des réactions partagées
Les autorités sont ravies à l’idée d’une diminution des forces onusiennes. Le président Joseph Kabila lui-même a demandé à l’ONU de réduire la présence de ces troupes, dès cet été. Il l’a répété lors de son discours de fin d’année devant le Sénat et l’Assemblée. Pour lui, avoir 20 000 casques bleus sur le sol congolais donne l’image d’un pays toujours en guerre. Une image qu’il veut absolument corriger, alors que l’heure du bilan politique approche avec la fin de son mandat en 2016. Kabila avance donc le renforcement de son armée et la présence de groupes armés résiduels qui ont besoin d’être combattus de façon ciblée, selon lui.
Du côté de l’opposition et d’une bonne partie de la société civile, une réduction de la présence de l’ONU dans le pays inquiète. L’opposition met en avant la situation sécuritaire qui n’a cessé de se dégrader ces trois derniers mois dans l’est du pays, avec le massacre de plus de 200 personnes en un mois dans la région de Beni et le déplacement de 500 000 civils dans la région du Katanga fuyant les attaques de milices maï-maï.
Les partis d’opposition craignent, en réalité, que le gouvernement congolais ne cherche, entre guillemets, peu à peu à se débarrasser de l’ONU. D’autant plus que les relations avec le gouvernement congolais se sont tendues ces derniers mois au sujet de problématiques liées aux droits de l'homme ou à l’élection présidentielle qui doit normalement se tenir en 2016.
Risque de réapparition de foyers de tension
Le principal risque d’une réduction de la présence de la Monusco est que, très vite, des foyers de tension réapparaissent. Rien que le redéploiement du personnel de la Monusco dans l’est du pays suscite déjà des inquiétudes. La mission de l’ONU se retrouve désormais relativement absente des provinces de l'ouest du pays dont les résultats lors des précédentes élections avaient été largement contestés. L'opposition s'inquiète de ce vide et de l'absence de regard ou même de troupes pour intervenir en cas de répression.
Et de rappeler que le mandat de la Monusco est de désarmer par la force de tous les groupes armés, ou bien avoir une armée nationale capable de le faire – ce qui est loin d’être le cas pour le moment –, mais aussi et surtout de veiller à la tenue d’élections libres et démocratiques.
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