Sur demande du gouvernement provincial, le parti présidentiel a décidé d’annuler sa marche. Lors d’une réunion politique au siège du parti à Limité, l’ambassadeur Mova a annoncé la nouvelle aux militants, expliquant qu’il s’agissait d’avoir le sens des responsabilités, que la majorité étant aux affaires, tout débordement serait susceptible de lui être imputé. Le secrétaire général du PPRD s’est plaint quel’opposition ait choisi la même date à dessein, affirmant que le parti présidentiel avait été le premier à faire la demande, ce que l’opposition dément. Il a également mis en garde ses militants de ne répondre à aucune provocation et à faire preuve de vigilance. Il n’y a pour l’heure pas de nouvelle date pour la marche du parti présidentiel. Mais du côté du PPRD, on promet que ce n’est qu’un report.
L’opposition, elle, maintient ses marches partout, y compris donc à Kinshasa et dans toutes les villes où elles ont été frappées d’interdiction, entre autres Mbuji Mayi, Lubumbashi, Bunia, Goma. A Goma, l’opposition avait signalé l’arrestation ce mercredi de deux de ses représentants, un de l’UNC et un de l’Ecide. Tous deux viennent d’être relâchés. A Matadi, au Bas-Congo, en revanche, sept opposants arrêtés lors d’une réunion de préparation de la manifestation sont toujours poursuivis pour incitation à la désobéissance civile.
Le tracé modifié
Le tracé de la marche de Kinshasa a en revanche été modifié à la suite d’une décision de dernière minute du gouvernement provincial ce mercredi soir. Pourtant, il avait fait l’objet de près de deux heures de discussions mardi, le gouvernement ayant dans un premier temps validé le tracé de la marche de la Dynamique de l’opposition. Mais le problème était que le PPRD, le parti présidentiel, souhaitait lui aussi défiler sur le boulevard du 24 novembre, une artère symbolique de la capitale congolaise. Comme aucun des deux n’a voulu céder, explique-t-on du côté de l’Hôtel de Ville, le gouverneur de Kinshasa a donc décidé de ne le donner ni à l’un, ni à l’autre puisque le PPRD a accepté de reporter sa marche prévue ce jeudi.
Selon le gouvernement provincial, il y avait également quelques inquiétudes vis-à-vis des tracts distribués la nuit dernière, demandant aux propriétaires de véhicules de les laisser à la maison. Des phrases qui sonnaient comme des menaces, dit-on du côté des autorités. Des intentions que l’opposition dément, assurant n’avoir cessé de rappeler à ses militants que c’était une marche pacifique, qu’il fallait respecter les biens publics et privés. Mais elle souligne que sur le boulevard du 24 novembre, il y a au moins cinq institutions universitaires. « Ils veulent empêcher les étudiants de nous rejoindre », disent ce soir plusieurs leaders de l’opposition.
Mais qu'importe le tracé, explique Eve Bazaiba Masudi, la secrétaire générale du MLC, l'un des partis de la plateforme, l'important c'est de manifester. « Le plus important pour nous, c'est de faire passer le message, de procéder au rassemblement de la population, explique-t-elle.Nous sommes en train de lancer un processus pour que les Congolais s'approprient d'appliquer le strict respect de la Constitution. (...) Nous sommes une opposition républicaine, nous n'avons pas besoin de confrontation, nous n'avons aucun problème par rapport à l'itinéraire. Et ne dit-on pas que tous les chemins mènent à Rome ? »
Mise en garde de l'ONU
De son côté, le Haut Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme lance une mise en garde. Il a demandé aux autorités congolaises de garantir à chacun le droit de manifester librement et pacifiquement. Un appel qui reflète l’inquiétude de la communauté internationale. « La manifestation de demain sera suivie de très, très près étant donné le climat extrêmement tendu qui règne en RDC, prévient Cécile Pouilly.On assiste vraiment à un rétrécissement de l’espace démocratique. Depuis le début de l’année, plus de 200 violations des droits de l’homme ont été documentées en RDC, et notamment des violations de la liberté d’expression, de rassemblement, de manifestation. On a aussi un harcèlement de la société civile et de l’opposition. Ce climat est très pesant et il nous fait craindre des débordements demain [jeudi]. C’est pourquoi nous avons souhaité nous exprimer et de demander au gouvernement de garantir que les manifestations pacifiques pourraient avoir lieu sans entraves, de s’assurer que les forces de sécurité n’aient pas recours à un usage excessif ou disproportionné de la force. »
« On ne peut pas manifester contre l'arrêt de la Cour constitutionnelle, c'est contraire à la Constitution », disent à l'unisson le PPRD et ses alliés. L'article 168 stipule que les arrêts de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d'aucun recours. Mais pour l'opposition, cet arrêt sur mesure viserait à permettre à Joseph Kabila de rester au pouvoir.
Source: Rfi.fr
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