Le Sénégal, à l’instar des pays du monde entier, affronte un ennemi commun : le Covid-19. La furie avec laquelle se déploie ce virus montre qu’il ne compte pas baisser les armes de sitôt et que la guerre engagée contre elle risque donc d’être longue. Le Sénégal, en tout cas, a très tôt pris des mesures barrières préventives contre la propagation du coronavirus. Parmi ces mesures, la mise en quarantaine des personnes ayant été en contact avec des sujets ayant été testés positifs. Pour les mettre en isolement, le gouvernement a réquisitionné 13 réceptifs hôteliers rien qu’à Dakar — dans les autres régions aussi des réceptifs ont fait l’objet de la même mesure — pour les transformer en centres de confinement.
Dans la capitale, il s’agit des hôtels Le Virage, Arc-en-Ciel, Étoile du Lac, Chez Salon, Pullman-Teranga, Ngor Diarama, Ibis-Novotel, Lagon, Savana, Ndiambour, Terrou-bi, Calao et Fleur de Lys. Une aubaine pour l’industrie hôtelière du fait qu’en cette longue période de crise sanitaire, la quasi-totalité des respectifs se sont vidés de leurs occupants jusqu’à fermer. Surtout que le gouvernement a fermé les frontières aériennes et aussi l’Aéroport international Blaise Diagne, ce qui fait que les touristes ne viennent plus. Avec le couvre-feu, la plupart des hôtels n’ont maintenu que le personnel essentiel composé d’agents de sécurité et techniciens de surface. Toujours est-il que cette réquisition est une aubaine pour les gérants ou propriétaires d’établissements ciblés par l’Etat. Des propriétaires ou gérants qui, faute de touristes, vont pouvoir engranger des recettes grâce à l’Etat. Lequel s’acquittera d’un tarif de 50 000 Cfa la nuitée et par personne confinée.
Des tarifs plafonnés pour l’ensemble des réceptifs concernés. Ce quelle que soit leur étoile. Par exemple, un hôtel situé en plein centre-ville de Dakar accueille près de 60 personnes suspectées d’être porteuses du virus. Selon le directeur de l’hôtel indiqué, le fait d’accueillir des « coronavistes » peut en partie compenser l’énorme manque à gagner lié à l’état d’urgence. « Vraiment, nous ne nous plaignons pas ! Surtout pour un hôtel qui applique en temps normal des tarifs variant entre 40.000 cfa et 75.000 cfa. Souhaitons seulement que la répartition des clients se fasse de façon équitable. Car on nous souffle que certains réceptifs ne désemplissent pas ! Ils sont bien servis pour ne pas dire favorisés…On avance même que leur quota aura dépassé plus de 100 personnes contrairement aux autres » déplore notre interlocuteur…
Fortunes diverses…
Et comment se passe le séjour en hôtel de ces clients « stigmatisés » pas comme les autres ? D’abord, notre hôtelier tient à magnifier la rigueur et la fermeté avec lesquelles les autorités encadrent le dispositif de quarantaine dans les hôtels. Les formalités sont partout les mêmes. Comme des clients normaux, les agents étatiques du Covid-19 remplissent un bon d’engagement financier sur lequel ils mentionnent le nombre et l’identité des personnes à confiner. Ainsi que le montant à payer » précise notre hôtelier. Par exemple pour la mise en quarantaine de 60 personnes durant quinze (15) jours, l’Etat doit payer 4.500.000 Cfa y compris le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner. Vous voyez combien le tarif est ridicule ! Mais on accepte car l’Etat aurait pu utiliser gracieusement nos réceptifs pour urgence sanitaire ».
Tout de même, notre homme ne sait pas quand est-ce que l’argent va rentrer dans son compte bancaire. « Nous ne savons pas si les paiements vont se faire au bout de deux semaines ou après l’éradication de l’épidémie, toujours est-il que notre comptable a déjà établi et déposé les factures de nos prestations » indique-t-il. Plus chanceux, le directeur de l’hébergement d’un hôtel situé à Ngor révèle que l’Etat a commencé à faire des virements bancaires depuis avant-hier, 21 avril 2020. « En tout cas, les hôteliers ayant accueilli les premiers groupes de mis en quarantaine sont payés » révèle-t-il tout en se félicitant de la rapidité des procédures de paiement.
Malheureusement, certains hôtels de luxe 4 ou 5 étoiles dont la nuitée est facturée entre 80.000 et 200.000 francs voire plus ne se retrouvent pas dans le package de 50.000 CFA/nuitée. « Mais que faire, nous sommes obligés de prendre. Ne serait-ce que pour participer à l’effort de guerre contre le Covid19 » se désole ce responsable d’un hôtel de luxe ayant les pieds dans l’eau. « Tout ce que nous souhaitons, c’est que le mobilier des chambres ne soit pas détérioré par ces séjours de masse. Car, certains produits corrosifs et nocifs qu’utilise le Service d’hygiène peuvent irriter les canapés, fauteuils, matelas etc. » s’inquiète-t-il. « Sans compter que des gens qui n’ont jamais séjourné de leur vie dans un hôtel peuvent dégrader nos matériels». ajoute un autre gérant d’établissement hôtelier faisant partie des happy few réquisitionnés.
Nos parents libanais dans le lot…
Partout où « Le Témoin » quotidien a enquêté, les hôteliers s’accordent à reconnaître l’efficacité et le sérieux du dispositif de prévention et de sécurité mis en place aussi bien à l’intérieur qu’aux alentours des hôtels. Des réceptifs sous très haute surveillance de la police et la gendarmerie. « Tout dépend des zones de compétence. En tout cas, une fois admis à l’hôtel, les patients sont coupés du reste du monde. Aucun contact avec l’extérieur ne sera autorisé ou toléré par les policiers en faction à l’entrée de l’hôtel. Les agents de police sont intransigeants dans ce sens…» explique notre directeur d’hôtel.
Pour le quotidien des mis en quarantaine, il nous raconte que dans certains réceptifs, les mis en quarantaine sont logés à deux ou à quatre par chambre s’ils sont de la même famille. « Mais aucun groupe n’est en contact avec l’autre. Même des retrouvailles dans les escaliers et couloirs sont strictement interdites. Néanmoins, ces personnes peuvent se mettre sur leurs balcons pour observer le monde extérieur » explique un gérant avant de s’étonner de la présence de Sénégalais d’origine libanaise dans le lot des mis en quarantaine. « En tout cas, nos frères libanais qui, de nature, voyagent beaucoup, sont nombreux dans mon hôtel » constate-t-il pour justifier la forte présente des membres de la communauté libanaise.
Sur le plan strictement sanitaire, on nous confie que tous les matins, à partir de 08 heures, les équipes médicales du dispositif de riposte au Covid-19 font le tour des chambres pour prendre la température de chaque « patient ». Pour les cas suspects, ils font des prélèvements pour des tests au Covid-19. Et comme la mise en quarantaine nécessite un ensemble complet de mesures de santé publique, les agents de la Croix rouge et du service d’hygiène y jouent également leur partition. « Ce sont les agents de la Croix rouge qui distribuent les repas préparés au sein de l’hôtel. C’est dans les chambres que nos hôtes prennent leurs repas. Après chaque repas, les agents du service d’hygiène récupèrent les plats et autres vaisselles qu’ils pulvérisent aux désinfectants. De même que les couloirs et autres lieux sensibles de l’hôtel » explique ce directeur d’un hôtel réquisitionné et situé en centre-ville de Dakar.
Apparemment, toutefois, tous les mis en quarantaine ne sont pas logés à la même enseigne puisque comme nous le rapportions dans notre édition d’hier jeudi en citant Mballo Dia Thiam, secrétaire général du Sutsas, les personnes suspectes de l’hôpital Principal se plaignaient de leurs mauvaises conditions d’hébergement dans l’hôtel où ils sont placés en isolement. En dehors de Dakar, les régions ne sont pas en reste. Car de nombreux hôtels, auberges et campements sont tombés dans l’escarcelle sanitaire du Covid-19. Comme quoi, rien n’est de trop pour freiner la rébellion de l’ennemi sur l’ensemble du territoire national !
Le Témoin
Dans la capitale, il s’agit des hôtels Le Virage, Arc-en-Ciel, Étoile du Lac, Chez Salon, Pullman-Teranga, Ngor Diarama, Ibis-Novotel, Lagon, Savana, Ndiambour, Terrou-bi, Calao et Fleur de Lys. Une aubaine pour l’industrie hôtelière du fait qu’en cette longue période de crise sanitaire, la quasi-totalité des respectifs se sont vidés de leurs occupants jusqu’à fermer. Surtout que le gouvernement a fermé les frontières aériennes et aussi l’Aéroport international Blaise Diagne, ce qui fait que les touristes ne viennent plus. Avec le couvre-feu, la plupart des hôtels n’ont maintenu que le personnel essentiel composé d’agents de sécurité et techniciens de surface. Toujours est-il que cette réquisition est une aubaine pour les gérants ou propriétaires d’établissements ciblés par l’Etat. Des propriétaires ou gérants qui, faute de touristes, vont pouvoir engranger des recettes grâce à l’Etat. Lequel s’acquittera d’un tarif de 50 000 Cfa la nuitée et par personne confinée.
Des tarifs plafonnés pour l’ensemble des réceptifs concernés. Ce quelle que soit leur étoile. Par exemple, un hôtel situé en plein centre-ville de Dakar accueille près de 60 personnes suspectées d’être porteuses du virus. Selon le directeur de l’hôtel indiqué, le fait d’accueillir des « coronavistes » peut en partie compenser l’énorme manque à gagner lié à l’état d’urgence. « Vraiment, nous ne nous plaignons pas ! Surtout pour un hôtel qui applique en temps normal des tarifs variant entre 40.000 cfa et 75.000 cfa. Souhaitons seulement que la répartition des clients se fasse de façon équitable. Car on nous souffle que certains réceptifs ne désemplissent pas ! Ils sont bien servis pour ne pas dire favorisés…On avance même que leur quota aura dépassé plus de 100 personnes contrairement aux autres » déplore notre interlocuteur…
Fortunes diverses…
Et comment se passe le séjour en hôtel de ces clients « stigmatisés » pas comme les autres ? D’abord, notre hôtelier tient à magnifier la rigueur et la fermeté avec lesquelles les autorités encadrent le dispositif de quarantaine dans les hôtels. Les formalités sont partout les mêmes. Comme des clients normaux, les agents étatiques du Covid-19 remplissent un bon d’engagement financier sur lequel ils mentionnent le nombre et l’identité des personnes à confiner. Ainsi que le montant à payer » précise notre hôtelier. Par exemple pour la mise en quarantaine de 60 personnes durant quinze (15) jours, l’Etat doit payer 4.500.000 Cfa y compris le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner. Vous voyez combien le tarif est ridicule ! Mais on accepte car l’Etat aurait pu utiliser gracieusement nos réceptifs pour urgence sanitaire ».
Tout de même, notre homme ne sait pas quand est-ce que l’argent va rentrer dans son compte bancaire. « Nous ne savons pas si les paiements vont se faire au bout de deux semaines ou après l’éradication de l’épidémie, toujours est-il que notre comptable a déjà établi et déposé les factures de nos prestations » indique-t-il. Plus chanceux, le directeur de l’hébergement d’un hôtel situé à Ngor révèle que l’Etat a commencé à faire des virements bancaires depuis avant-hier, 21 avril 2020. « En tout cas, les hôteliers ayant accueilli les premiers groupes de mis en quarantaine sont payés » révèle-t-il tout en se félicitant de la rapidité des procédures de paiement.
Malheureusement, certains hôtels de luxe 4 ou 5 étoiles dont la nuitée est facturée entre 80.000 et 200.000 francs voire plus ne se retrouvent pas dans le package de 50.000 CFA/nuitée. « Mais que faire, nous sommes obligés de prendre. Ne serait-ce que pour participer à l’effort de guerre contre le Covid19 » se désole ce responsable d’un hôtel de luxe ayant les pieds dans l’eau. « Tout ce que nous souhaitons, c’est que le mobilier des chambres ne soit pas détérioré par ces séjours de masse. Car, certains produits corrosifs et nocifs qu’utilise le Service d’hygiène peuvent irriter les canapés, fauteuils, matelas etc. » s’inquiète-t-il. « Sans compter que des gens qui n’ont jamais séjourné de leur vie dans un hôtel peuvent dégrader nos matériels». ajoute un autre gérant d’établissement hôtelier faisant partie des happy few réquisitionnés.
Nos parents libanais dans le lot…
Partout où « Le Témoin » quotidien a enquêté, les hôteliers s’accordent à reconnaître l’efficacité et le sérieux du dispositif de prévention et de sécurité mis en place aussi bien à l’intérieur qu’aux alentours des hôtels. Des réceptifs sous très haute surveillance de la police et la gendarmerie. « Tout dépend des zones de compétence. En tout cas, une fois admis à l’hôtel, les patients sont coupés du reste du monde. Aucun contact avec l’extérieur ne sera autorisé ou toléré par les policiers en faction à l’entrée de l’hôtel. Les agents de police sont intransigeants dans ce sens…» explique notre directeur d’hôtel.
Pour le quotidien des mis en quarantaine, il nous raconte que dans certains réceptifs, les mis en quarantaine sont logés à deux ou à quatre par chambre s’ils sont de la même famille. « Mais aucun groupe n’est en contact avec l’autre. Même des retrouvailles dans les escaliers et couloirs sont strictement interdites. Néanmoins, ces personnes peuvent se mettre sur leurs balcons pour observer le monde extérieur » explique un gérant avant de s’étonner de la présence de Sénégalais d’origine libanaise dans le lot des mis en quarantaine. « En tout cas, nos frères libanais qui, de nature, voyagent beaucoup, sont nombreux dans mon hôtel » constate-t-il pour justifier la forte présente des membres de la communauté libanaise.
Sur le plan strictement sanitaire, on nous confie que tous les matins, à partir de 08 heures, les équipes médicales du dispositif de riposte au Covid-19 font le tour des chambres pour prendre la température de chaque « patient ». Pour les cas suspects, ils font des prélèvements pour des tests au Covid-19. Et comme la mise en quarantaine nécessite un ensemble complet de mesures de santé publique, les agents de la Croix rouge et du service d’hygiène y jouent également leur partition. « Ce sont les agents de la Croix rouge qui distribuent les repas préparés au sein de l’hôtel. C’est dans les chambres que nos hôtes prennent leurs repas. Après chaque repas, les agents du service d’hygiène récupèrent les plats et autres vaisselles qu’ils pulvérisent aux désinfectants. De même que les couloirs et autres lieux sensibles de l’hôtel » explique ce directeur d’un hôtel réquisitionné et situé en centre-ville de Dakar.
Apparemment, toutefois, tous les mis en quarantaine ne sont pas logés à la même enseigne puisque comme nous le rapportions dans notre édition d’hier jeudi en citant Mballo Dia Thiam, secrétaire général du Sutsas, les personnes suspectes de l’hôpital Principal se plaignaient de leurs mauvaises conditions d’hébergement dans l’hôtel où ils sont placés en isolement. En dehors de Dakar, les régions ne sont pas en reste. Car de nombreux hôtels, auberges et campements sont tombés dans l’escarcelle sanitaire du Covid-19. Comme quoi, rien n’est de trop pour freiner la rébellion de l’ennemi sur l’ensemble du territoire national !
Le Témoin
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