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Reportage: Quand le ballon ne tourne plus rond

A Dakar, on ne plaisante pas avec le foot. Les soirs de champion’s league ou de championnat de France, bien des Sénégalais sont rivés devant leur petit écran. Surtout quand l’Olympique de Marseille joue. C’est de loin le club français le plus populaire. Son buteur, Mamadou Niang n’est-il pas sénégalais ? Son ancien président, Pape Diouf n’est-il pas lui aussi un enfant du pays ? Jusque dans les banlieues les plus déshéritées, des graffitis à la gloire de l’OM s’étalent sur les murs.



Reportage: Quand le ballon ne tourne plus rond
Les matchs sont d’autant plus regardés que dans les banlieues, des « petits malins » ont réussi à rentabiliser leur abonnement à Canal horizons (variante locale de Canal +). Ils vendent des raccordements pirates à leurs voisins. Et empochent ainsi de “substantiels bénéfices”. A tel point que Canal Horizons fait la chasse aux “pirates” jusque dans les banlieues les plus lointaines.

Mais cette semaine, les amateurs de ballon rond, ont du vague à l’âme. L’équipe nationale, les lions de la Teranga a multiplié les contre performances au cours des derniers mois. Les lions ne sont pas qualifiés pour la Coupe du monde, la première organisée en Afrique. Ils ne sont pas davantage en lice pour la Coupe d’Afrique des nations. Une humiliation pour le Sénégal qui se voyait comme une grande nation du football depuis le mondial 2002. Les « gaïndé » (lions en wolof) avaient atteint cette année là les quarts de finale. Au premier tour de ce mondial 2002, la « bande » d’El hadji Diouf avait remporté une retentissante victoire sur l’équipe de France, tenante du titre.

Orphelins des « gaïndé », les Sénégalais ont donc reporté leur affection sur l’équipe de France. N’est-elle pas la grande équipe européenne qui compte le plus d’Africains d’origine dans ses rangs ? De très loin. Dès les années quatre vingt, Jean Tigana, Malien d’origine, était une pièce maîtresse de la bande à Platini. Des Sénégalais d’origine ont contribué aux heures de gloire de l’équipe championne du monde en 1998. Ainsi Patrick Vieira, l’ex capitaine de l’équipe de France, a grandi à Dakar.

Mais lors des matchs de barrage pour la Coupe du monde face à l’Irlande, même les plus fidèles supporters dakarois se sont mis à douter. « Je ne reconnais pas l’équipe de France, celle qui m’avait tant fait rêver à l’époque de Platini ou de Zidane » a crié un supporter qui a préféré quitter le café où nous regardions le match avant même le coup de sifflet final. « J’ai rarement vu un match aussi pénible, aussi ennuyeux » a ajouté Omar Diop, furieux contre l’équipe de France.

L’un de ses amis, très énervé lui aussi, n’était pas vraiment satisfait de l’issue du match : « Les Irlandais méritaient de gagner. Etre qualifié grâce à un but volé. Grâce à la main de dieu, la main de Thierry Henry c’est la honte pour l’équipe de France. » Et puis ajoute-t-il dépité : « Si c’est pour jouer aussi mal, est-ce que ça vaut vraiment le coup d’aller à la Coupe du monde, jusqu’en Afrique du Sud ? »

Un autre supporter des bleus ajoute : « Mais pourquoi Domenech n’est-il pas viré de son poste ? Il a marabouté la Fédération de foot ou quoi ? »

A l’issue du match, l’ambiance est morose. Les plaisanteries se font rares. Le supporter est assommé. Comme après une gueule de bois. Il faut bien vite oublier cette triste soirée. Après s’être resservi de la bière locale, une Gazelle, Jean, un chrétien de Casamance demande à la cantonade : « Et les gars, c’est quand le prochain match de l’O.M ? »

Pierre Cherruau
http://dakarparis.blog.lemonde.fr/

Mame Coumba Diop

Mardi 24 Novembre 2009 - 02:27


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