A écouter les responsables des différents partis politiques en exil, il y aurait urgence.
D'abord parce que - expliquent certains de ces opposants - le président rwandais Paul Kagame ne peut pas se représenter en 2017, à moins de modifier la Constitution. Ce qu'il fera, assurent-ils, tout en ajoutant que cela pourrait finir de le « décrédibiliser » aux yeux de la communauté internationale.
Plusieurs de ces dirigeants évoquent aussi le discours de Paul Kagame le 12 janvier dernier. Quelques jours après l'assassinat de Patrick Karegeya, son ancien chef des renseignements extérieurs. Paul Kagame avait mis en garde contre « les conséquences de la trahison ».
Des propos qui, selon ces opposants en exil, constitueraient une nouvelle dérive du pouvoir. « C'est de notre responsabilité de proposer une alternative crédible », explique l'un d'eux, qui souligne également que les déclarations très dures des Etats-Unis contre Kigali sur la question du soutien au M23 et sur la succession d'assassinats d'exilés rwandais constituaient « un tournant diplomatique ».
Troisième facteur de poids. Sous pression militaire de la Monusco, les FDLR, les rebelles hutus rwandais, sont à la recherche d'une solution politique. En contact avec plusieurs partis, ils ont finalement choisi de s'allier à l'ancien Premier ministre Faustin Twagiramungu.
Pour rappel, la Tanzanie avait incité Kigali à négocier avec ce groupe rebelle au grand dam du gouvernement rwandais qui l'accuse d'être dirigé par des génocidaires. Mais cette prise de position inédite a donné de l'espoir à bon nombre d'opposants rwandais d'un soutien régional à leur demander de dialogue politique avec le Rwanda.
Cette initiative de Faustin Twagiramungu a-t-elle plus de chance de réussir ?
Ce qui caractérise l'opposition rwandaise en exil, c'est la méfiance des partis politiques les uns envers les autres.
Méfiance d'abord envers les FDLR, les rebelles hutus rwandais dont les dirigeants sont accusés par Kigali d'avoir participé au génocide. Faustin Twagiramungu a choisi malgré tout en janvier de s'allier avec eux. Il souhaiterait que d'autres partis s'associent à leurs démarches pour obtenir un dialogue avec Kigali.
Si parmi les dirigeants qui envisagent aujourd'hui rejoindre l'initiative de l'ancien premier ministre rwandais, il n'y a pas d'opposition de principe aux FDLR, à leurs droits de rentrer au pays ou de s'exprimer politiquement, beaucoup s'interrogent sur la capacité de Faustin Twagiramungu ou toute entité politique à les contrôler. Ont-ils déposé les armes? Que se passerait-il s'ils décidaient à nouveau d'attaquer le Rwanda ou de commettre des exactions contre la population congolaise ?
Méfiance également concernant les modalités de ce rapprochement entre partis d'opposition. Faustin Twagiramungu deviendrait-il de fait le leader de l'opposition ? Faut-il une simple plateforme à la structure légère ou une alliance aux règles bien établies ? Comment conserver l'identité de chaque parti ou encore éviter l'ingérence de Kigali dans les affaires de l'opposition ?
Face à la question d'une simple participation à cette initiative, deux partis ont déjà connu des dissensions. Les FDU (Forces démocratiques unifiées) de Victoire Ingabire. Et le RNC (Congrès national rwandais) du général Kayumba Nyamwasa.
Méfiance enfin qui - de l'avis de tous les partis - est surtout liée à l'histoire violente du Rwanda. « Quand on s'est entretué comme on l'a fait, il n'y a rien de plus normal », s'accordent à dire plusieurs responsables politiques en exil.
Source : Rfi.fr
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