Seule différence, l'un portait l'insigne de la Légion d'honneur et l'autre pas. Mais ça n'était qu'une question de minutes. Mardi dernier, Nicolas Sarkozy remettait la Légion d'honneur à Dany Boon.
Pas de trace de cette vidéo du discours du Président sur le site de l'Elysée, mais voilà que le blogueur et chroniqueur Guy Birenbaum parvient à se la procurer et la diffuse sur DailyMotion. (Voir la vidéo)
A plusieurs reprises, le Président s'éloigne du texte préparé.
Il y a d'abord cette évocation de Sangatte, comme ville symbole des « valeurs du Nord : la chaleur humaine, l'ouverture aux autres, la simplicité » :
« Pendant des années, les gens de Sangatte ont supporté sans rien dire ce que peut-être aucune autre ville n'aurait été capable de supporter. Les valeurs du Nord, c'est pas simplement quelque chose de culturel ou qu'on aime à décrire, spécialement quand on n'est pas du Nord d'ailleurs, en disant : “Certes, il fait pas toujours beau, c'est la côte d'Opale…”. C'est aussi une réalité que j'ai pu moi-même mesurer et dont vous êtes l'expression. »
Il y a ensuite ces deux instants étranges, lorsque Nicolas Sarkozy commente les origines de l'acteur et son véritable nom :
« Vous êtes fils d'un Kabyle, marié à une catholique picarde, d'un boxeur devenu chauffeur routier à Armentières. Bon, ça commençait pas terrible, il faut bien reconnaître les choses. Heureusement, la République vous a ouvert les portes. Enfin, disons que question rêve, on part de loin. (…)
Vous avez déjà choisi la fiction contre la réalité en préférant le nom de Dany Boon au très joli nom, le vrai, Daniel Hamidou. Bon, ça s'aggravait de plus en plus. Je peux me permettre, moi c'est Sarkozy. Mais Hamidou, quand même, allez faire une carrière avec ça. »
Puis il quitte à nouveau ses notes pour célébrer « la puissance de l'amour et de l'engagement total » au sujet de la conversion de Dany Boon au judaïsme :
« Tomber amoureux de quelqu'un. Se convertir. Comprendre sa culture. Intégrer son chemin. Pas se comporter comme une représentation classique : l'homme plein de succès qui conduit et la femme derrière, qui suit. Moi, je trouve que c'est assez bouleversant. Faudra qu'on en parle, c'est un truc qui m'intéresse. »
On découvre un Président relâché, se permettant des digressions inhabituelles. « Le vrai Nicolas Sarkozy », nous dit Guy Birenbaum, qui pense que « le Président s'est “déboutonné” » comme il ne l'a pas fait depuis son élection.
Un moment de relâchement et, sans doute aussi, d'introspection. On sent, pendant tout son discours, que Nicolas Sarkozy cherche à se rapprocher de l'acteur, à créer un lien. On sent que le portrait qu'il en dresse est, en creux, un peu le sien et plus encore celui de l'homme qu'il voudrait être.
Surtout lorsqu'arrive l'évocation des « revers à la fois personnels et professionnels » et des « succès », occasion de critiquer les « faux intellectuels » et la pensée unique :
« Voilà, avec Dany Boon, l'exemple d'un homme qui peut réussir sans faire scandale, sans insulter personne, sans se croire obligé d'être engagé dans une pensée dominante. C'est assez étrange, et en plus les gens vous aiment.
Je trouve que c'est extrêmement réjouissant de voir ça. On n'a pas besoin de faire le faux intellectuel. On n'a pas besoin de cracher dans la soupe. On n'a pas besoin d'appartenir à un courant de pensée soi-disant obligatoire quand on est dans un certain milieu. On n'a pas besoin de la ramener. On n'a pas besoin de donner la leçon aux autres puisqu'on est soi-même un exemple. »
La clé de ce discours se situe peut-être à la fin, lorsque le Président déclare :
« Et puis moi, je suis pas obligé de décorer que des gens que je connais pas, que des gens que j'apprécie pas, que des gens qui ont dit du mal de moi. Je vais faire un truc étrange, je vais décorer quelqu'un qui le mérite, avec qui on s'est toujours bien entendu et qui est pour la France un peu de bonheur, à un moment où la France en a bien besoin. »
Rue89
Qu'en a pensé Dany Boon ? L'AFP raconte qu'il a ensuite pris la parole « en lançant d'un ton faussement grave : “Je serai candidat en 2012… contre Nicolas Sarkozy.” »
Une internaute facétieuse s'est plu à imaginer ce qu'il en avait pensé en son for intérieur. (Voir la vidéo)
Pas de trace de cette vidéo du discours du Président sur le site de l'Elysée, mais voilà que le blogueur et chroniqueur Guy Birenbaum parvient à se la procurer et la diffuse sur DailyMotion. (Voir la vidéo)
A plusieurs reprises, le Président s'éloigne du texte préparé.
Il y a d'abord cette évocation de Sangatte, comme ville symbole des « valeurs du Nord : la chaleur humaine, l'ouverture aux autres, la simplicité » :
« Pendant des années, les gens de Sangatte ont supporté sans rien dire ce que peut-être aucune autre ville n'aurait été capable de supporter. Les valeurs du Nord, c'est pas simplement quelque chose de culturel ou qu'on aime à décrire, spécialement quand on n'est pas du Nord d'ailleurs, en disant : “Certes, il fait pas toujours beau, c'est la côte d'Opale…”. C'est aussi une réalité que j'ai pu moi-même mesurer et dont vous êtes l'expression. »
Il y a ensuite ces deux instants étranges, lorsque Nicolas Sarkozy commente les origines de l'acteur et son véritable nom :
« Vous êtes fils d'un Kabyle, marié à une catholique picarde, d'un boxeur devenu chauffeur routier à Armentières. Bon, ça commençait pas terrible, il faut bien reconnaître les choses. Heureusement, la République vous a ouvert les portes. Enfin, disons que question rêve, on part de loin. (…)
Vous avez déjà choisi la fiction contre la réalité en préférant le nom de Dany Boon au très joli nom, le vrai, Daniel Hamidou. Bon, ça s'aggravait de plus en plus. Je peux me permettre, moi c'est Sarkozy. Mais Hamidou, quand même, allez faire une carrière avec ça. »
Puis il quitte à nouveau ses notes pour célébrer « la puissance de l'amour et de l'engagement total » au sujet de la conversion de Dany Boon au judaïsme :
« Tomber amoureux de quelqu'un. Se convertir. Comprendre sa culture. Intégrer son chemin. Pas se comporter comme une représentation classique : l'homme plein de succès qui conduit et la femme derrière, qui suit. Moi, je trouve que c'est assez bouleversant. Faudra qu'on en parle, c'est un truc qui m'intéresse. »
On découvre un Président relâché, se permettant des digressions inhabituelles. « Le vrai Nicolas Sarkozy », nous dit Guy Birenbaum, qui pense que « le Président s'est “déboutonné” » comme il ne l'a pas fait depuis son élection.
Un moment de relâchement et, sans doute aussi, d'introspection. On sent, pendant tout son discours, que Nicolas Sarkozy cherche à se rapprocher de l'acteur, à créer un lien. On sent que le portrait qu'il en dresse est, en creux, un peu le sien et plus encore celui de l'homme qu'il voudrait être.
Surtout lorsqu'arrive l'évocation des « revers à la fois personnels et professionnels » et des « succès », occasion de critiquer les « faux intellectuels » et la pensée unique :
« Voilà, avec Dany Boon, l'exemple d'un homme qui peut réussir sans faire scandale, sans insulter personne, sans se croire obligé d'être engagé dans une pensée dominante. C'est assez étrange, et en plus les gens vous aiment.
Je trouve que c'est extrêmement réjouissant de voir ça. On n'a pas besoin de faire le faux intellectuel. On n'a pas besoin de cracher dans la soupe. On n'a pas besoin d'appartenir à un courant de pensée soi-disant obligatoire quand on est dans un certain milieu. On n'a pas besoin de la ramener. On n'a pas besoin de donner la leçon aux autres puisqu'on est soi-même un exemple. »
La clé de ce discours se situe peut-être à la fin, lorsque le Président déclare :
« Et puis moi, je suis pas obligé de décorer que des gens que je connais pas, que des gens que j'apprécie pas, que des gens qui ont dit du mal de moi. Je vais faire un truc étrange, je vais décorer quelqu'un qui le mérite, avec qui on s'est toujours bien entendu et qui est pour la France un peu de bonheur, à un moment où la France en a bien besoin. »
Rue89
Qu'en a pensé Dany Boon ? L'AFP raconte qu'il a ensuite pris la parole « en lançant d'un ton faussement grave : “Je serai candidat en 2012… contre Nicolas Sarkozy.” »
Une internaute facétieuse s'est plu à imaginer ce qu'il en avait pensé en son for intérieur. (Voir la vidéo)
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