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Sénégal : AWDF mise sur l’initiative Kasa pour lutter contre un taux de 21,5% de violence contre les femmes



Depuis plus de 22 ans, le Fonds africain pour le développement de la femme (AWDF) soutient les organisations et mouvements féministes à travers l’Afrique en finançant des initiatives pour défendre les droits des femmes et lutter contre les violences faites aux femmes. Parmi ces initiatives, figure l’Initiative KASA!, lancée en 2021 en collaboration avec la Ford Foundation-West Africa et l'Open Society West Africa (OSIWA). Ce projet ambitieux vise à réduire la violence sexuelle au Sénégal, au Ghana et au Nigéria, avec un investissement initial de 3,75 millions USD soit 2 228 468 538,75 de francs CFA pour cinq (5) ans. Elle a pour objectif de lutter contre la violence sexuelle dans ces trois pays. Ce projet répond aux taux alarmants de violence dans ces pays : 33 % des femmes et filles âgées de 15 à 49 ans au Nigéria, 24 % au Ghana, 21,5 % au Sénégal.

Face à cette situation, KASA soutient des actions de plaidoyer et des campagnes pour promouvoir des réformes légales et politiques visant à transformer les normes sociales et à accroître la prise de conscience individuelle. L'initiative vise également à augmenter le budget et les ressources consacrées à la prévention, à la réponse et à la responsabilisation en matière de violence sexuelle. Amina Harouna, membre du département des partenariats et philanthropie du Fonds pour le développement des femmes africaines, affirme qu’une équipe d'AWDF est venue à Dakar pour rencontrer les organisations de la société civile qui travaillent dans le domaine des droits des femmes et dans le domaine des violences sexuelles. 

« L’initiative de KASA c'est pour briser le tabou là et tout ce qui concerne la violence sexuelle au Sénégal, au Nigeria et au Ghana. AWDF, c'est un fonds pour le développement des femmes africaines. Donc il intervient partout en Afrique. Nous avons plusieurs types de subventions où on accompagne les organisations en subvention, les associations et les organisations qui militent pour les droits des femmes et les organisations féministes. Il y a des violences sexuelles partout en Afrique. Mais il est important pour nous de connaître le contexte spécifique des pays. Donc, on a pris l'initiative de venir au Sénégal parce qu'on veut comprendre quel est le contexte du Sénégal. On est parti en Casamance, à Ziguinchor et on a visité quelques organisations qui nous ont parlé de leur contexte, des défis qu’elles rencontrent dans ce domaine-là », a expliqué Mme Harouna.


La rencontre tenue ce mardi 3 septembre a pour but de sensibiliser sur l’initiative KASA, mais aussi pour écouter, pour voir comment vraiment éliminer les violences sexuelles, apporter de l'aide aux survivantes et la voix collective dans la lutte contre ce phénomène. Au Sénégal, les problèmes liés aux violences sexuelles sont énormes. « Pour le cas du Sénégal, les défis sont similaires. Toutes les organisations qu'on a rencontrées ont presque les mêmes défis quand il s'agit du sujet qui est considéré comme tabou, des normes sociales et la difficulté pour les femmes à dénoncer les violences sexuelles. Bien qu'il y ait une loi qui criminalise le viol, ça n'a pas vraiment changé grand-chose. Les femmes subissent encore les violences sexuelles. Il y a un travail énorme qui est fait ici par les organisations de la société civile. Elles font le plaidoyer, elles font les accompagnements des victimes qui sont juridiques et aussi médical », a souligné Amina Harouna. 

Malgré tout le travail qui est abattu dans la lutte contre les violences sexuelles, les défis restent. À en croire les informations fournies par la représentante de l’AWDF, le manque de dénonciation est le plus grand problème des victimes. « D'après ce que nous ont dit nos partenaires et les organisations qu'on a visitées, c'est le manque de plaidoyer auprès des gouvernements pour qu'on responsabilise les auteurs de viols, les auteurs de violences faites aux femmes. L'autre chose aussi, c'est le manque de moyens, le manque de budget que les organisations ont à accompagner les survivantes de violences, que ce soit juridiquement ou même la prise en charge médicale. Et le dernier point qui est beaucoup revenu, c'est la difficulté des femmes à en parler, mais aussi le soutien de la famille ou de la société, parce que souvent, elles sont marginalisées et à cause de ça, elles ne veulent pas parler », a-t-elle déclaré.
 
Toutefois, les leçons apprises de ce projet avec les différentes visites vont permettre de faire un plaidoyer au niveau continental et à mieux orienter les financements. « Les leçons qu'on a apprises sont énormes déjà, ça nous permet de mieux orienter nos financements parce que c'est pour ça qu'on est là. On n'est pas venu juste pour apprendre, mais aussi pour pouvoir mieux accompagner les organisations ce qui nous permettra de mieux orienter notre travail. Les subventions nous permettent aussi de découvrir quelles sont les organisations qui travaillent dans quoi exactement parce que les droits des femmes, c'est vaste. Donc là, on peut identifier, telle organisation fait ci, elle fait ça, et voir comment on peut ou ne pas l'accompagner. Mais aussi, ça nous permet d'avoir le contexte spécifique du Sénégal, et de savoir comment ça se passe ici et ça nous permet, dans nos prochains appels à projets, prochains appels à subventions, de faire quelque chose qui est un focus sur le contexte du Sénégal ».

Ndeye Fatou Touré

Mardi 3 Septembre 2024 - 14:59


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