Les conclusions des experts sont importantes. Elles apportent des réponses sur les causes et sur la date de la mort des moines « à 80 % ». Telle est l'information donnée ce jeudi par le juge Trevidic en charge du dossier. Selon les experts français dépêchés sur place à l'automne dernier, les sept moines ont été décapités après leur mort. L'analyse de vertèbres retrouvées avec leurs crânes permet de dire aussi qu'au moins trois d'entre eux auraient été égorgés. En revanche, les têtes des moines ne portent aucune trace de coups ni d'impacts de balles. Elles auraient été enterrées et déterrées une première fois avant d'être à nouveau inhumées. Des éléments troublants qui pourraient accréditer la thèse d'une mise en scène pour dissimuler les causes réelles du décès.
Autre élément capital : la date de l'assassinat. Il n'aurait pas eu lieu le 21 mai 1996, comme le revendiquait le Groupe islamique armé, et comme l'ont toujours laissé entendre les autorités algériennes. Sur la base de photos prises le 30 mai 1996, les experts considèrent que la mort est probablement intervenue deux à trois semaines plus tôt, entre le 25 et le 27 avril.
Ces nouveaux éléments relancent les doutes sur la version officielle d'Alger sur l'assassinat des moines. Mais pour avoir de vraies certitudes, sur la date de la mort, sur les causes, et peut-être par ricochet sur les responsabilités, le juge Trevidic rappelle que les experts français ont besoin des prélèvements effectués en leur présence, mais qu'ils n'ont pas pu rapatrier et qu'Alger refuse de fournir depuis des mois. Une attitude qui sème un peu plus le doute sur la thèse officielle d'un crime perpétré par les islamistes, jugée trop simpliste par les avocats.
■ L'espoir des familles
Photos à l'appui, les experts français ont donc exposé leurs conclusions durant près de deux heures. Un moment difficile, mais important explique, encore émue, Marie Bonpain, la nièce du frère Christophe Lebreton : « Ce n’était pas facile de revoir les images, de se remettre dans le contexte, d’entendre aussi les mots qui sont durs : on parle de décapitation, d’égorgement, de section... Après on a de l’espoir parce qu’on se dit que pour une fois il pourrait y avoir des éléments tangibles, pas seulement des hypothèses, pas seulement des conjectures, mais quelque chose de scientifique sur lequel s’appuyer », explique-t-elle.
Pour l'heure, les conclusions des experts reposent sur leurs constatations visuelles, sur des photos et des radiologies. Mais pas sur les prélèvements effectués à l'automne sur les têtes et certains ossements. Alger n’a pas laissé repartir les experts avec les échantillons, ce que déplorent les familles.
« Si on est pessimiste, on se dit qu’il y a longtemps qu’on attend et pourquoi il y aurait une collaboration davantage aujourd’hui qu’il y a six mois ? Analyse Françoise Boëgeat, nièce du frère Paul Favre. Si on reste optimiste, on fait confiance à notre demande, on rappelle que ces frères ils étaient en Algérie, ils ont choisi d’y rester, ils aimaient les Algériens. On aimerait que cette mémoire elle soit commune et que cette recherche de la vérité pour y aboutir elle soit commune. »
L'avocat des parties civiles, Maître Baudouin, a rappelé ce jeudi qu'il ne demandait rien d'autre que le respect de l'entraide judiciaire entre la France et l’Algérie.
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