C’est désormais officiel, le nouveau président tunisien, le premier élu au suffrage universel direct s’appelle Beji Caïd Essebsi, BCE comme on le surnomme. Il est loin devant son rival avec 55,68 % des voix contre 44,32 % pour Moncef Marzouki. Ce sont donc les résultats officiels proclamés par l’ISIE, Instance supérieure des élections, même si ce sont encore des résultats préliminaires car des recours doivent être encore étudiés.
Mais une telle avance rend difficile toute contestation de cette victoire par Moncef Marzouki. Le perdant n’a pas encore réagi. Il annonce une conférence de presse pour ce mardi 23 décembre au matin. L’annonce de ce résultat ne date que du milieu d’après-midi, mais dimanche soir, le président sortant refusait de s’avouer vaincu. Son camp parlait même d’un écart très mince, très serré, d’à peine un point entre les deux candidats.
Les résultats officiels contredisent donc les estimations du camp Marzouki. Ils correspondent en revanche avec les sondages de sortie des urnes publiés ce matin par la presse tunisienne. Beji Caïd Essebsi a su capitaliser sur le bilan très contesté des islamistes d’Ennahda et de leurs alliers comme Moncef Marzouki. Sur le plan économique, il s’est présenté comme l’homme providentiel, l’homme d’expériences disposant de cadres bien formés au sein de son parti Nidaa Tounes, capables de relancer l’économie. Ce que n’ont pas su faire les islamistes, le chômage en particulier des jeunes est encore très fort en Tunisie.
Beaucoup des électeurs de BCE attendent aussi de sa part une politique très ferme sur le dossier jihadiste. Ils considèrent que les gouvernements précédents ont fait preuve de laxisme, qui a selon eux conduit à l’attaque de l’ambassade américaine de Tunis en 2012 mais surtout à deux assassinats politiques en 2013.
Aujourd’hui, 3 000 Tunisiens combattent en Syrie. Les affrontements armés meurtriers entre jihadistes et forces de l’ordre sur le sol tunisien sont toujours aussi réguliers. Beaucoup d’électeurs pensent que BCE, en tant qu’ancien ministre de l’Intérieur de Bourguiba, saura mener une politique plus répressive que les islamistes d’Ennahda contre ces jihadistes.
Beji Caïd Essebsi nouveau au poste de président, mais routard de la politique
Beji Caïd Essebsi est un ancien ministre du père de l'indépendance tunisienne, Habib Bourguiba, dès la fin des années 1960. C’est une vieille figure de la vie politique nationale. Le nouveau président est donc loin d'être un inconnu.
Au moment du coup d’Etat de Ben Ali en 1987, BCE est président du Parlement. Il est également membre de son parti unique, le RCD. C’est ce passé qui lui vaut d’être accusé par ses opposants d’incarner le retour de l’ancien régime. Même si à partir de 1990, il s’est éloigné de la politique.
Beji Caïd Essebsi a fait son retour en politique après la révolution en 2011. Rappelé en tant que ministre de transition, c’est lui qui a mené le pays vers ses premières élections libres en octobre 2011. A cette date, il laisse le pouvoir aux islamistes d’Ennahda qui viennent de remporter les législatives. BCE fonde ensuite son parti Nidaa Tounes, très anti-islamiste qui devient en deux ans la principale force d’opposition. Avec ce parti, il remporte aujourd’hui les élections législatives et la présidentielle. A l’âge de 88 ans, il entame un mandat de cinq ans.
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