Depuis quelques mois, on n’entendait plus parler de lui. Et là, il donne de la voix. L'homme en question est Alioune Touré, ex-patron de la police islamique de Gao. Dans la nuit de ce vendredi à samedi 11 mai, il a revendiqué au nom du Mujao l’attentat-suicide de Ménaka au nord et celui de Gossi, localité située au sud de Gao. « Les moudjahidines ont frappé et ils vont frapper encore l’ennemi », martèle au téléphone celui qui fut la terreur pour les habitants de Gao.
Pour Alioune Touré, les jihadistes sont loin d’être vaincus et se réorganisent. Au nom du Mujao, de Aqmi et d’un autre groupe islamique du nom de Ansar Dine, il demande le départ des troupes étrangères du territoire malien, le début de négociations « entre frères musulmans de la région ». L’homme, qui appelait, parlait d’un téléphone portable qui affichait un numéro d’appel malien. Il insiste pour dire que « seule une solution pacifique peut régler les problèmes du nord du Mali ».
Depuis quelques temps, les jihadistes changent de tactique. Ils se rendent compte qu’à cause de la sécurité renforcée dans les principales villes du nord du Mali, ils peuvent y commettre difficilement des attentats, alors ils envoient de plus en plus de kamikazes dans les villes secondaires.
Situation dégradée
C'est au moment de la relève du contingent français, il y a environ un mois que la situation s'est dégradée. D'après le nouveau préfet, arrivé lui-même à peu près à cette époque, des groupes armés seraient descendus du nord jusqu'à une cinquantaine de kilomètres de Ménaka. Ils pilleraient notamment les convois en provenance d'Algérie, qui approvisionnent en grande partie la ville.
La situation s'est également dégradée sur l'axe Ménaka-Ansongo-Gao, où plusieurs véhicules ont sauté sur des mines artisanales, la plupart du temps sans faire de victimes, sauf une fois, où deux militaires maliens ont été tués. Depuis quelques jours, l'armée malienne a donc renforcé ses effectifs à Ménaka. De source militaire nigérienne, on parle d'élargissement du périmètre des patrouilles. Après la tentative d'attentat kamikaze, la surveillance aérienne devrait également être renforcée.
Récemment, le préfet a interdit la circulation des deux roues entrant, ou sortant de la ville, car les voleurs se déplacent souvent à moto. Il y a deux jours, des commerçants ont ainsi été dépouillés par des hommes armés circulant à deux roues.
Le préfet envisage également de réserver les pick-up aux militaires. Dans ces conditions la reprise de l'activité économique est encore très fragile. L'administration, elle, s'installe doucement. Le budget communal est en cours d'examen.