Tout commence le dimanche 4 novembre lorsque les gendarmes repèrent un jeune homme à la gare routière de Sévaré. Il cherche à se rendre à Tombouctou, ville aux mains des jihadistes d'Aqmi et d'Ansar Dine. Mais ce jeune homme attire l'attention car il ne parle pas le bambara et ne ressemble pas aux habitants de la région. Les gendarmes alertent donc les services de sécurité militaire qui surveillent de près les mouvements à Sévaré, une zone stratégique. Les agents interpellent le jeune Français, l'interrogent et ne tardent pas à comprendre qu'il ment sur son identité. Il voyage avec la carte d'identité d'un certain Khalifa Dramé. Très vite, le jeune homme passe aux aveux. Il s'appelle Ibrahim Ouattara, il est français.
Les agents de la sécurité parviennent à reconstituer son parcours depuis son départ de France. Le ministre malien de la Défense, le colonel major Yamoussa Camara, qui a accepté de nous expliquer ce parcours : « Il nous a dit qu’il est franco-malien, qu’il serait né à Aubervilliers en France. Il a aussi reconnu qu’il est sous contrôle judiciaire. Certainement pour déjouer les services, il a pu s’échapper vers le Portugal. Il a quitté Paris pour Lisbonne le 31 octobre, et de Lisbonne il a pris un vol pour Bamako. Il est arrivé à Bamako le même jour à 23h55. Il a passé la nuit chez son grand-père, monsieur Sidi Ouattara. Le dimanche, il a pris les transports en commun pour s’évader. Mais quand, enfin, on s’est rendu compte que son nom ne correspondait pas avec le nom qui figurait sur le passeport qu’il avait en possession, on l’a arrêté ».
Que venait faire exactement cet homme au nord du Mali ?
Selon le colonel major Yamoussa Camara : « Il dit qu’il est sous contrôle judiciaire et qu’il serait l’initiateur d’un groupe de jihadistes volontaires pour aller prêter main forte aux islamistes qui sont actuellement à Tombouctou. C’est un peu l’élément précurseur d’une dizaine de personnes de différentes nationalités qui seraient en France, qui restent en France, composées de Tunisiens, d’Algériens, de Sénégalais et bien sûr de Français. Il est venu tâter le terrain et voir dans quelle mesure il peut réussir à faire rentrer les autres membres du groupe. »
Seul objectif d'Ibrahim Ouattara : le jihad
Ibrahim Ouattara a 24 ans, il est Français d'origine malienne, et n'a manifestement qu'un seul objectif dans la vie, le jihad. Ce n'est pas la première fois qu'Ibrahim Ouattara tentait de s'enrôler dans les guerres islamistes. Il avait essayé, sans grand succès, de contacter les responsables d'al-Qaïda au Waziristan, puis au Yémen. Il avait même essayé d'aller en Somalie avant d'échouer dans un commissariat égyptien.
Voilà deux ans que le nom d’Ibrahim Ouattara est apparu dans l’actualité antiterroriste en France. En 2010, le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux annonce l’arrestation de cinq personnes qui projetaient d’assassiner le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, le jugeant partisan d’un islam trop modéré. Ibrahim Ouattara venait de purger une peine de prison pour ce projet d'attentat contre Dalil Boubakeur. Il en est sorti en juillet. Selon le quotidien Le Monde, Ibrahim Ouattara était à la tête des conspirateurs. Le journal explique que face aux policiers qui l’interrogent, il ne cache rien de ses idées radicales, de son ambition de faire le jihad et de rejoindre al-Qaïda.
Interrogations
La première question concerne le fonctionnement des services de sécurité français : comment cet homme, qui était sous contrôle judiciaire et probablement surveillé par la police française, a-t-il pu quitter le territoire sous une fausse identité ? Comment a-t-il pu, comme il l'a prétendu aux enquêteurs maliens, entre juillet et octobre organiser un réseau de jeunes Français et de Tunisiens prêts à partir combattre au Mali ? A-t-il des complices au Mali ou en France ? Paris va-t-elle ouvrir une enquête ? Pour l'instant, les autorités françaises sont particulièrement discrètes sur cette affaire.
Source : Rfi
-
Les cas de Mpox augmentent de plus de 500% en Afrique, touchant 19 pays (CDC Afrique)
-
Présidentielle américaine: les accusations de fraudes électorales mettent les assesseurs sous pression
-
Tchad: l'armée accusée d'avoir tué des dizaines de pêcheurs du Borno lors des représailles contre Boko Haram
-
Au Niger, des proches de Bazoum et des chefs rebelles inscrits dans un fichier sécuritaire
-
Crimes contre des journalistes: des cas toujours recensés au Mali et au Burkina Faso