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VIDEO France - Société générale : ce que Daniel Bouton ne dit pas

Daniel Bouton avait jusqu'ici résisté à l'affaire Kerviel, à la crise financière et aux polémiques sur la rémunération des patrons. Le président de la Société générale vient finalement d'annoncer sa démission dans Le Figaro, « pour protéger la banque » et « ramener la sérénité », malgré un bilan qu'il juge très positif. En se présentant comme une victime expiatoire, Daniel Bouton oublie quelques explications de son départ un peu plus embarrassantes.



Les doutes des actionnaires

L'annonce du départ de Daniel Bouton intervient à un moment bien choisi. Le 19 mai, les actionnaires de la Société générale sont convoqués pour leur assemblée générale annuelle, et celle-ci s'annonce houleuse. En un an, l'action a perdu plus de la moitié de sa valeur.

Daniel Bouton avait de quoi craindre la réaction des actionnaires. Ou leur ingratitude, puisque selon le bilan qu'il dresse dans Le Figaro, il mentionne le succès de l'augmentation de capital menée début 2008, qui aurait sauvé la banque.

A l'époque, Daniel Bouton justifiait l'opération dans un message aux actionnaires par « le contexte de marchés financiers particulièrement difficiles depuis l'été et (…) un événement hors norme tout à fait regrettable », l'affaire Kerviel.

Bouton était déjà mis à l'écart

Jusqu'à l'affaire Kerviel, Daniel Bouton était un patron tout-puissant. Le scandale lui a fait perdre une bonne partie de son pouvoir. Il le rappelle lui-même dans Le Figaro : si le conseil d'administration a refusé sa démission à l'époque, il a scindé en deux ses fonctions et l'a éloigné de la direction directe de la banque.

Depuis mai 2008, Daniel Bouton n'est plus PDG de la Société générale, mais simple président. Le conseil d'administration a préféré confier la direction générale à Frédéric Oudéa, alors directeur financier.

Daniel Bouton le reconnaît à demi-mots dans Le Figaro : si les administrateurs lui ont laissé la présidence de la Société générale, c'était « dans le but de créer les conditions d'une transition harmonieuse ». Voilà qui est fait, visiblement. Son successeur sera désigné le 6 mai par le conseil d'administration.

Qui sera le nouveau grand patron de la Société Générale ? Selon Le Figaro, Frédéric Oudéa pourrait évidemment prendre du galon, mais son âge (45 ans) et sa courte expérience à la direction générale jouent contre lui. Parmi les autres hypothèses : Jean-Martin Folz et Luc Vandevelde, anciens patrons de PSA et de Carrefour.

Pas de parachute doré, mais une retraite confortable

Les grands patrons ne remercient pas Daniel Bouton. C'est le patron de la Société générale qui a déclenché, bien malgré lui, la polémique sur leur rémunération. Dès l'affaire Kerviel, le conseil d'administration a amputé son salaire fixe (officiellement, à sa demande) et l'a privé de bonus. Résultat : un total de 350 000 euros en 2008, contre 3,3 millions en 2007.

En mars, la Société Générale déclenche un nouveau scandale en attribuant à ses dirigeants des stock-options, avant d'y renoncer sous la pression politique et médiatique. « J'ai fait une erreur : celle de ne pas avoir refusé ce plan de stock-options », admet Daniel Bouton dans Le Figaro. Sauf que, comme l'a montré l'enquête d'Eco89 sur les salaires des patrons, il avait pu se rattraper en revendant des stock-options datant d'il y a quelques années, pour 4,3 millions d'euros.

Et les indemnités de départ ? « Zéro ! », répond Daniel Bouton au Figaro. C'est exact : aucun parachute doré n'est prévu dans le document de référence de la Société générale. Seulement, comme l'avait souligné L'Express, la banque a prévu de verser une retraite de 730 000 euros par an à son président. Les sacrifices ont leurs limites.

Le scandale de trop

Dans l'interview du Figaro, pas un mot sur la dernière affaire dans laquelle la Société générale s'est embourbée. Lundi, Libération annonçait que la banque pourrait enregistrer une perte de 5 milliards d'euros via une de ses filiales, la Société générale asset management alternative investments (SGAM AI). Soit un montant équivalent à celui dû à Jérôme Kerviel.

Sauf que cette fois-ci, l'erreur aurait été commise par des cadres dirigeants de la SGAM, pas par un trader isolé. Réponse de la Société générale : rien de nouveau, tout était dans les comptes et Libération les a tout simplement mal interprétés. Le journal maintient.
Source: Rue89

Rue89

Mercredi 29 Avril 2009 - 11:03


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