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Wade l'antéchrist*: l’erreur est humaine, mais persévérer est diabolique

Dans l’acception populaire, « magg buur la » est un « prétexte » pour expliquer un retour à l’enfance des personnes âgées, sinon gâteuses. Mais que faut-il penser quand il s’agit d’un Chef d’Etat, dont les sorties, les frasques et les absences peuvent affecter la vie de la Nation ? Lors de la rencontre organisée lundi dernier avec les enseignants de la Génération du Concret », Maître-la-gaffe, comme qui dirait « élevé » dans une montgolfière s’en est d’abord pris à son gouvernement et à ses collaborateurs à qui il reproche de ne pas aller à son rythme et de lui faire perdre son temps, dans un délire empreint de mépris et de dédain dont lui seul a le secret. A quoi bon donc rémunérer des ministres et leurs membres de cabinets puisque notre coureur de fond ne connaît qu’une seule façon d’exprimer la mission de son gouvernement et de sa majorité : le "JE".



Wade l'antéchrist*: l’erreur est humaine, mais persévérer est diabolique
Si personne, ni aucun secteur n’est épargné, la religion est aujourd’hui la cible des élucubrations de Maître. A propos de religions, il s’en est donné à coeur joie en prêchant sa propre… religion du moment : son Monument de la Renaissance Africaine que d’aucuns ont rebaptisé le « Boniment de la Renaissance Africaine ». Celui qui croyait donc que le scandale financier et foncier qui est à la base de la construction de sa statue passerait comme lettre à la poste, s’est lourdement mépris. Obsédé par les résistances qui se font de plus en plus fortes, en reconquête permanente d’un électorat qui le fuit un peu plus chaque jour, humilié dans sa vision, « dénoncé par la presse internationale, et pris par les scandales de tous ordres, Maître bredouille et surtout radote.

Le débat que suscite ce monument, entre wadôlatres, idolâtres, anti-kheureum et la réaction de Maître n’est que la manifestation d’une forme extrême de mégalomanie couplée à son impuissance, qu’il traduit dans une violence verbale anti-religieuse. Sinon, comment comprendre, que dans un Etat laïc, qui doit garantir la liberté de culte et de pratique, Maître peut-il se permettre de dire à ceux qu’il considère comme ses coreligionnaires « d’aller voir ce qui se passe dans les Eglises, où des gens adorent le Christ qui n’est pas Dieu ». On pourrait croire alors que ses propos incitent à la fois à l’inquisition et au dénigrement systématique, voire au déni. Si on le suit dans son raisonnement par l’absurde, il faudrait également faire la même chose dans les bois sacrés, s’attaquer aux khambs, et aux tours, remettant ainsi en cause des pratiques religieuses, spirituelles, qui relèvent exclusivement de la sphère privée et intime des pratiquants. L’article 24 de la Constitution garantit « la liberté de conscience, les libertés et les pratiques religieuses ou cultuelles, la profession d’éducateur religieux à tous, sous réserve de l’ordre public. Les institutions et les communautés religieuses ont le droit de se développer sans entrave. Elles sont dégagées de la tutelle de l’Etat. Elles règlent et administrent leurs affaires d’une manière autonome ». Par ces déclarations Maître se rend coupable d’un délit de parjure.

Qui disait que la vieillesse est un naufrage ? Maître se raccroche désespérément à son radeau de la Méduse et veut nous entraîner dans un naufrage collectif, après celui du Joola. Ce n’est ni dans son mouridisme cosmétique, ni ses nombreuses « pérégrinations » à la Mecque qui feront de lui un véritable disciple de Cheikh Amadou Bamba, ni même un musulman, mais un croyant. Tout simplement.

Les références à El Hadj Malick Sy et à Amadou Bamba : « Pourtant, El Hadj Malick Sy, Serigne Bamba sont passés devant des statues : celles de Faidherbe à Saint-Louis, de Van Vollenhoven devant le siège du gouvernement sénégalais, ils n’en n’ont jamais fait cas, ne se sont jamais émus. Mais tout cela, on semble l’oublier », sont offensantes et disqualifiantes pour ces Hommes

Par contre, ce que semble oublier Maître, ou, ce qu’ignore celui à qui « les Coréens ont témoigné de l’égard, lorsqu’ils ont eu connaissance de [son] cv » (sic), c’est qu’à l’époque, l’ordre était colonial et de rigueur. Ces Hommes-là faisaient l’objet de persécution et de harcèlements par le gouverneur qui s’inquiétait des foules de plus en plus nombreuses qu’ils drainaient. La suite, on la connaît : assignation à résidence, exil et déportation en Mauritanie et au Gabon pour Serigne Touba. Parler de leur indifférence ou de leur manque de réaction relève simplement du blasphème, par rapport à ceux qui ont animé une résistance cultuelle et politique, en armant les Sénégalais de connaissances et de spiritualité. Un véritable disciple de Serigne Bamba n’a eu, à ce jour, l’outrecuidance de déclarer que la fondateur du Mouridisme a fermé les yeux ou pudiquement tourné la tête pour ne pas avoir à se prononcer sur les symboles du colonialisme. Statue ou pas. Monumentale méprise pour Maître qui se veut comme les colons, les Blancs, bâtisseur de « cathédrales » et de monuments et qui n’a réussi qu’à se faire houspiller pour sa mégalomanie.

Ces Hommes n’ont pas « réagi » face aux statues des colons. Mieux, ils ont résisté aux colons eux-mêmes. Ils ne se sont pas trompés, en ne s’attaquant pas aux symboles, mais ont vaincu par leur détermination et leur ancrage dans leur société et dans leur religion. Ces figures emblématiques de l’Islam confrérique avaient à cœur la Parole de Dieu, concernant les tous les Gens du Livre (Musulmans, Chrétiens et Juifs), adeptes d’une religion monothéiste. Seydou Nourou Tall a joué parfaitement cette partition avec le Cardinal Hyacinthe Thiandoum, et plus près de nous, une délégation de l’Eglise catholique a fait un déplacement à Touba peu après l’intronisation de Serigne Bara Mbacké en tant que Khalife.

Si Maître connaissait l’Islam dont il se réclame, il saurait que dans l’histoire religieuse, des Musulmans persécutés ont trouvé refuge dans des Eglises. L’exemple du Roi d’Abyssinie (Ethiopie) chrétien copte en est une preuve. Pour sa gouverne également, il faut qu’il sache que Jésus est pour les Chrétiens, l’intercesseur entre de Dieu et les hommes, et qu’il est mort pour leur rédemption. Cette rédemption que tout croyant connaîtra quand après la mort, il devra répondre de ses actes posés sur terre. Le fait que certains fassent l’apologie de leurs religions alors qu’ils sont paradoxalement à mille lieux de leurs principes, tout ceci reste préjudiciable aux religions elles-mêmes. Il vaut mieux dans ce cas rester dans l’humilité et la discrétion.

« Lu dul dëgg du yagg ». Celui qui appelait du bout des lèvres à un Dialogue Islamo-Chrétien et qui voulait organiser un sommet sur le même thème, au Sénégal, pour entrer dans les bonnes grâces de l’Occident judéo-chrétien s’est réduit lui-même à paraître comme étant le plus grand commun diviseur des religions, des confréries, des familles, des groupes sociaux.

Mais déjà, du temps où il était opposant, en pleine campagne électorale pour la présidentielle de 1993, Maître avait déclaré, à Tivaouane, à son retour de Ziguinchor, que Monsieur Robert Sagna avait confectionné un liste confessionnelle, composée uniquement de Catholiques. Ce qui lui a valu un démenti cinglant et une mise au point d’anthologie de la part de Sud Quotidien, dans un article signé Abdou Latif Coulibaly, qui rappelait à Maître son devoir de réserve sur les religions et les cultes. Pour rappel, Jean Paul Dias, a été poursuivi jusqu’au « chœur » de la Cathédrale de Dakar un jour de Vendredi Saint, par les sbires de Maître qui il y a quelques semaines s’est ému de l’ingratitude des Chrétiens du Sénégal. Maître est un multirécidiviste impénitent.

Notre chance réside dans le fait que le Sénégal secrète des anticorps sociaux et culturels pour enrayer toute entreprise maléfique tendant à fissurer l’harmonie entre les différentes communautés qui composent la Nation sénégalaise et qui s’imbriquent dans des plages fusionnelles par la chair et par le sang, les espaces partagés, le mariage, le voisinage, le parrainage et toutes les sociabilités auxquelles nous sommes invités tous les jours.

Les différentes réactions de Maître face à la polémique qu’a suscité le scandale financier et foncier de sa statue ne sont-elles pas symptomatiques de quelqu’un qui voit son "destin" lui filer entre les doigts, non pas à cause d’une opposition politique, mais en affrontant des citoyens ? Moustapha Guirassy, aura beau jeu de faire re-visionner ses propos, il ne pourra plus faire croire à personne, qu’il y a « eu erreur d’interprétation ».

On se serait bien passée de réagir, mais il ne faut plus banaliser ce genre de discours tenu lundi par Maître, dont le discours anti-religieux, insidieusement, peut trouver écho chez quelques hurluberlus autour de lui et qu’il faut traquer sans merci.

Maître, comme tout prosélyte zélé est une personne qui, pour se convaincre lui-même, s’engage à persuader les autres du bien-fondé de sa Vérité. Il s’agit au fond de cette stratégie qui pense que la meilleure défense, c’est l’attaque. Cette posture cache souvent un doute et une grande fragilité, qui finit par verser dans le fanatisme de son « kheureum » qu’est le Monument de la Renaissance.

Un des problèmes de Maître, c’est à se demander, si en vieillissant, n’est pas envahi par ses premières amours qui apparemment ont marqué sa personnalité de façon structurelle : la franc-maçonnerie dans sa dimension athée, même si aujourd’hui, il prétend en être sorti, sans nous éclairer de quelle manière : de son propre gré ou à « l’insu de son propre gré » comme disait Richard Virenque, le cycliste dopé d’un Tour de France. Chaque fois qu’il laisse parler son inconscient, c’est un discours anti-religieux qui transparaît à travers ses propos. Même quand il donne le sentiment de vouloir opposer une religion à une autre, il les a dans les faits, tous en grippe.

Son monument, scandale parmi les scandales, est pour le moment, en attendant une autre élucubration dont il est devenu accro et son comportement décousu sont assez caractéristiques d’un individu en manque aigu. (Re)faire de cet individu notre Président équivaudrait à se mettre une balle dans la tête ou... l’inverse... Ce qui prouverait que nous serions alors prêts pour le rejoindre dans un asile d’aliénés. « Wade » retro satanas !

* Antéchrist : Ennemi du Christ, selon Saint Jean, qui doit venir s’opposer à l’avènement du Royaume de Dieu, quelque temps avant la fin du monde.



Henriette Niang Kandé (Sud)

Mercredi 30 Décembre 2009 - 12:06


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