Une réunion d'une heure trente seulement, « franche » mais tendue, comme la conférence de presse au cours de laquelle le président Vladimir Poutine a gardé un visage totalement fermé. L'ambiance entre la Russie et l'Union européenne (UE) paraissait glaciale lors du sommet de Bruxelles, mardi 28 janvier, tenu en pleine crise ukrainienne.
La discussion a été centrée sur le partenariat oriental que les Européens espèrent toujours mettre en place avec la Géorgie, la Moldavie et peut-être un jour l'Ukraine. Pas d'éclats de voix bien sûr, mais des reproches mutuels savamment distillés par des partenaires qui évitent d'aller très loin pour ne pas remettre en question leur relation économique : l'Europe est de très loin le premier marché pour les produits russes –dont le gaz et le pétrole – et 60 % des investissements effectués en Russie sont européens. Des « désaccords compatibles », à en croire José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne.
Pour masquer les divergences politiques et stratégiques, les responsables continuent donc d'évoquer la naissance d'un « espace économique commun, de Lisbonne à Vladivostok ». « Un rêve, mais qui peut se réaliser », affirme M.Barroso. A condition que les divergences actuelles sur le commerce, l'énergie et la mobilité, qui plombent ces sommets semestriels, trouvent une issue.
« NOS OBJECTIFS SONT D'ÉVITER L'ESCALADE »
Les désaccords sont peut-être « compatibles » mais ils sont très profonds. Et l'Ukraine est le terrain d'une évidente confrontation entre les deux blocs. Entravé dans sa volonté de rétablir une hégémonie régionale, M.Poutine a critiqué « l'ingérence » européenne en Ukraine, où la Haute Représentante pour la diplomatie, Catherine Ashton, est arrivée mardi soir afin de s'entretenir avec le président Viktor Ianoukovitch et les membres de l'opposition.
Stefan Füle, le commissaire européen à l'élargissement et au voisinage, a, lui, effectué deux voyages récents à Kiev. « Plus il y a d'intermédiaires, plus il y a de problèmes », a fait valoir M.Poutine, ajoutant que son pays, lui, « n'interférera jamais » dans les affaires de son voisin… « Comment régiraient nos partenaires si notre ministre des affaires étrangères participait à un rassemblement anti-européen en Grèce ou à Chypre et commençait à donner des conseils aux manifestants ? », interrogeait le président russe. Qui, sans ironiser cette fois, s'en prenait aux prêtres uniates qui conseillent aux fidèles d'aller lutter contre le gouvernement à Kiev « parce que, disent-ils, nous ne voulons pas être dirigés par les Noirs, les Juifs et les Russes».
« Nos objectifs sont d'éviter l'escalade, de favoriser le retour à la stabilité et le respect par les institutions de la volonté du peuple et des groupes démocratiques », a répondu Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen. S'il y a eu des interférences et des pressions, elles furent russes, ont indiqué les responsables européens lors des discussions.
RÉPONDRE AUX INQUIÉTUDES CONCRÈTES DE M. POUTINE
Pour calmer le jeu, ces derniers ont cependant proposé de mettre en place un groupe d'experts afin de répondre aux inquiétudes concrètes de M. Poutine au sujet des conséquences économiques du rapprochement qu'ils espèrent toujours opérer avec Kiev. Surtout si le gouvernement s'ouvre à des personnalités de l'opposition.
« Viktor Ianoukovitch lâche du lest pour sauver son pouvoir, analyse un haut responsable bruxellois. L'opposition ne pourra accepter d'entrer au gouvernement sans élections anticipées, ou sans progrès sur l'association avec l'Europe. »
Bruxelles rejette, en tout cas, catégoriquement l'idée d'un dialogue à trois Russie-Ukraine-UE suggéré par le président Ianoukovitch. « L'Ukraine doit choisir », affirment les Européens. L'accord qu'ils entendent signer avec Kiev est toutefois fondamentalement incompatible avec l'Union douanière proposée par Moscou. Qui met, dès lors, en garde l'opposition, si elle était appelée à gérer l'Ukraine demain : les 15 milliards de dollars (11 milliards d'euros) prêtés par la Russie à Kiev mi-décembre 2013 devront être remboursés et l'étalement du paiement de la dette gazière sera impossible
La discussion a été centrée sur le partenariat oriental que les Européens espèrent toujours mettre en place avec la Géorgie, la Moldavie et peut-être un jour l'Ukraine. Pas d'éclats de voix bien sûr, mais des reproches mutuels savamment distillés par des partenaires qui évitent d'aller très loin pour ne pas remettre en question leur relation économique : l'Europe est de très loin le premier marché pour les produits russes –dont le gaz et le pétrole – et 60 % des investissements effectués en Russie sont européens. Des « désaccords compatibles », à en croire José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne.
Pour masquer les divergences politiques et stratégiques, les responsables continuent donc d'évoquer la naissance d'un « espace économique commun, de Lisbonne à Vladivostok ». « Un rêve, mais qui peut se réaliser », affirme M.Barroso. A condition que les divergences actuelles sur le commerce, l'énergie et la mobilité, qui plombent ces sommets semestriels, trouvent une issue.
« NOS OBJECTIFS SONT D'ÉVITER L'ESCALADE »
Les désaccords sont peut-être « compatibles » mais ils sont très profonds. Et l'Ukraine est le terrain d'une évidente confrontation entre les deux blocs. Entravé dans sa volonté de rétablir une hégémonie régionale, M.Poutine a critiqué « l'ingérence » européenne en Ukraine, où la Haute Représentante pour la diplomatie, Catherine Ashton, est arrivée mardi soir afin de s'entretenir avec le président Viktor Ianoukovitch et les membres de l'opposition.
Stefan Füle, le commissaire européen à l'élargissement et au voisinage, a, lui, effectué deux voyages récents à Kiev. « Plus il y a d'intermédiaires, plus il y a de problèmes », a fait valoir M.Poutine, ajoutant que son pays, lui, « n'interférera jamais » dans les affaires de son voisin… « Comment régiraient nos partenaires si notre ministre des affaires étrangères participait à un rassemblement anti-européen en Grèce ou à Chypre et commençait à donner des conseils aux manifestants ? », interrogeait le président russe. Qui, sans ironiser cette fois, s'en prenait aux prêtres uniates qui conseillent aux fidèles d'aller lutter contre le gouvernement à Kiev « parce que, disent-ils, nous ne voulons pas être dirigés par les Noirs, les Juifs et les Russes».
« Nos objectifs sont d'éviter l'escalade, de favoriser le retour à la stabilité et le respect par les institutions de la volonté du peuple et des groupes démocratiques », a répondu Herman Van Rompuy, le président du Conseil européen. S'il y a eu des interférences et des pressions, elles furent russes, ont indiqué les responsables européens lors des discussions.
RÉPONDRE AUX INQUIÉTUDES CONCRÈTES DE M. POUTINE
Pour calmer le jeu, ces derniers ont cependant proposé de mettre en place un groupe d'experts afin de répondre aux inquiétudes concrètes de M. Poutine au sujet des conséquences économiques du rapprochement qu'ils espèrent toujours opérer avec Kiev. Surtout si le gouvernement s'ouvre à des personnalités de l'opposition.
« Viktor Ianoukovitch lâche du lest pour sauver son pouvoir, analyse un haut responsable bruxellois. L'opposition ne pourra accepter d'entrer au gouvernement sans élections anticipées, ou sans progrès sur l'association avec l'Europe. »
Bruxelles rejette, en tout cas, catégoriquement l'idée d'un dialogue à trois Russie-Ukraine-UE suggéré par le président Ianoukovitch. « L'Ukraine doit choisir », affirment les Européens. L'accord qu'ils entendent signer avec Kiev est toutefois fondamentalement incompatible avec l'Union douanière proposée par Moscou. Qui met, dès lors, en garde l'opposition, si elle était appelée à gérer l'Ukraine demain : les 15 milliards de dollars (11 milliards d'euros) prêtés par la Russie à Kiev mi-décembre 2013 devront être remboursés et l'étalement du paiement de la dette gazière sera impossible
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