Fatou Bensouda, nouvelle procureure de la Cour pénale internationale, élue le 12 décembre 2011. EMMANUEL DUNAND / AFP
RFI : La CPI est parfois perçue en Afrique comme un instrument dirigé contre les gouvernants africains dont l'Occident souhaite se débarrasser. Votre élection est-elle une réponse à ce sentiment ?
Fatou Bensouda : Mon origine n'a rien à voir avec mon mandat. Je ne suis pas une procureure africaine ou européenne. Ma première responsabilité est de rendre justice aux victimes. Je ne suis pas d'accord avec cette idée selon laquelle la CPI cible les dirigeants africains. Nous ciblons les auteurs de crimes. Ce sont au contraire les gouvernants africains qui prennent l'initiative de demander à la justice internationale d'intervenir. Dans nos trois premiers dossiers, en Ouganda, en RDC et en Centrafrique, ce sont les dirigeants d'Afrique qui ont invité la CPI à enquêter et à engager des poursuites. Dans le cas de la Libye et du Soudan, le Conseil de sécurité de l’ONU a saisi la CPI et les Etats africains qui siègent au Conseil (Nigeria, Afrique du Sud, Gabon, ndlr) ont voté cette décision. En Côte d’Ivoire, c’est le chef de l’Etat (Alassane Ouattara, ndlr) qui a saisi la CPI. Il faut être clair. La CPI ne pourchasse pas les Africains. La CPI est aux côtés des victimes africaines.
En Côte d'Ivoire, des crimes semblent avoir été commis par les deux camps. Quelle sera votre attitude vis-à-vis des partisans d'Alassane Ouattara ?
Le procureur Ocampo et moi-même avons été très clairs. Notre mandat est d’enquêter sur les deux camps. Lorsque je me suis rendue en Côte d'Ivoire, j’ai dit que nous enquêterons sur tout les crimes quelque soient leurs auteurs et le président ivoirien m’a soutenue. L'enquête ne fait que commencer. La première inculpation concerne l’ancien président Laurent Gbagbo, mais ce n'est pas terminé. Si notre enquête montre que l’autre camp a également commis des crimes, bien entendu, nous agirons en conséquence.
En Libye, les nouvelles autorités refusent de voir Seif al-Islam jugé à La Haye. Est-ce un échec pour la CPI ?
Fatou Bensouda : Non. Le traité de Rome stipule que la CPI est une juridiction de dernier ressort. Si un Etat a les capacités d'engager lui-même des poursuites, nous n'avons pas de raison d'intervenir. Dans le cas de la Libye, les autorités judiciaires doivent prouver qu'elles font un travail d'enquête et que Seif al-Islam sera poursuivi. Si les juges de la CPI décident que ce processus est réel et sincère, nous n'avons rien à redire.
Qu'en est-il de la Syrie? Allez-vous lancer une enquête ?
F B : Nous sommes très inquiets de ce qui se passe en Syrie, mais la Syrie n'est pas signataire du traité de Rome et à moins d'être saisis par Conseil de sécurité de l'ONU, nous ne pouvons rien faire. C'est très frustrant pour moi. Que des crimes contre l'humanité soient commis contre des civils et des gens sans défense et que rien ne soit fait m'affecte personnellement beaucoup.
Que pensez-vous pouvoir apporter à la CPI ?
Je veux rendre la CPI aussi humaine que possible, que les gens comprennent, acceptent et respectent nos décisions. Il y a beaucoup de propagande contre la CPI et de d'incompréhension sur nos missions. Certains ont tendance à politiser les décisions de CPI. J'espère changer cette image selon laquelle nous serions une institution occidentale dirigée contre les dirigeants africains. Dire cela revient à exonérer les auteurs de crimes. Il est temps de penser aux millions de victimes africaines.
Propos recueillis par notre correspondant à New York, Karim Lebhour.
Fatou Bensouda : Mon origine n'a rien à voir avec mon mandat. Je ne suis pas une procureure africaine ou européenne. Ma première responsabilité est de rendre justice aux victimes. Je ne suis pas d'accord avec cette idée selon laquelle la CPI cible les dirigeants africains. Nous ciblons les auteurs de crimes. Ce sont au contraire les gouvernants africains qui prennent l'initiative de demander à la justice internationale d'intervenir. Dans nos trois premiers dossiers, en Ouganda, en RDC et en Centrafrique, ce sont les dirigeants d'Afrique qui ont invité la CPI à enquêter et à engager des poursuites. Dans le cas de la Libye et du Soudan, le Conseil de sécurité de l’ONU a saisi la CPI et les Etats africains qui siègent au Conseil (Nigeria, Afrique du Sud, Gabon, ndlr) ont voté cette décision. En Côte d’Ivoire, c’est le chef de l’Etat (Alassane Ouattara, ndlr) qui a saisi la CPI. Il faut être clair. La CPI ne pourchasse pas les Africains. La CPI est aux côtés des victimes africaines.
En Côte d'Ivoire, des crimes semblent avoir été commis par les deux camps. Quelle sera votre attitude vis-à-vis des partisans d'Alassane Ouattara ?
Le procureur Ocampo et moi-même avons été très clairs. Notre mandat est d’enquêter sur les deux camps. Lorsque je me suis rendue en Côte d'Ivoire, j’ai dit que nous enquêterons sur tout les crimes quelque soient leurs auteurs et le président ivoirien m’a soutenue. L'enquête ne fait que commencer. La première inculpation concerne l’ancien président Laurent Gbagbo, mais ce n'est pas terminé. Si notre enquête montre que l’autre camp a également commis des crimes, bien entendu, nous agirons en conséquence.
En Libye, les nouvelles autorités refusent de voir Seif al-Islam jugé à La Haye. Est-ce un échec pour la CPI ?
Fatou Bensouda : Non. Le traité de Rome stipule que la CPI est une juridiction de dernier ressort. Si un Etat a les capacités d'engager lui-même des poursuites, nous n'avons pas de raison d'intervenir. Dans le cas de la Libye, les autorités judiciaires doivent prouver qu'elles font un travail d'enquête et que Seif al-Islam sera poursuivi. Si les juges de la CPI décident que ce processus est réel et sincère, nous n'avons rien à redire.
Qu'en est-il de la Syrie? Allez-vous lancer une enquête ?
F B : Nous sommes très inquiets de ce qui se passe en Syrie, mais la Syrie n'est pas signataire du traité de Rome et à moins d'être saisis par Conseil de sécurité de l'ONU, nous ne pouvons rien faire. C'est très frustrant pour moi. Que des crimes contre l'humanité soient commis contre des civils et des gens sans défense et que rien ne soit fait m'affecte personnellement beaucoup.
Que pensez-vous pouvoir apporter à la CPI ?
Je veux rendre la CPI aussi humaine que possible, que les gens comprennent, acceptent et respectent nos décisions. Il y a beaucoup de propagande contre la CPI et de d'incompréhension sur nos missions. Certains ont tendance à politiser les décisions de CPI. J'espère changer cette image selon laquelle nous serions une institution occidentale dirigée contre les dirigeants africains. Dire cela revient à exonérer les auteurs de crimes. Il est temps de penser aux millions de victimes africaines.
Propos recueillis par notre correspondant à New York, Karim Lebhour.
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