« Il était quelqu'un de grand, un grand artiste », pleure une femme au micro. Difficile de contenir l'émotion et les larmes et à l'image de Renate Wembo, jeune réalisatrice, debout devant la famille en deuil : « Un jeune qui met son argent pour produire les jeunes Congolais, ça je vous jure parmi les artistes que j'ai connus et que je connais, il n'y en a pas, il était le premier. »
Sur une photo à côté du cercueil, l'indétrônable grand sourire de Kiripi Katembo, l'un des plus importants photographes du continent. Ce soir-là, des dizaines d'artistes se succèdent sur la scène d'une église en plein air pour parler de l'immense vide que laisse le photographe congolais. « On est orphelin de son talent, de ce qu'il aurait pu apporter parce que son travail est transversal. On a perdu quelqu'un de très très important », estime Lexxus Legal, chanteur de rap.
Peintre puis photographe et cinéaste, Kiripi était aussi le premier mécène de la jeune scène artistique. En novembre dernier, en pleine épidémie Ebola, il avait porté à bout de bras la première édition de la Biennale d'art contemporain à Kinshasa : « Dans notre génération, on a tous besoin de repères, de références. Kiripi en est devenue une parce qu'il a réussi à emmener l'image d'ici loin, très loin », témoigne Cédric Nzolo, photographe de 26 ans.
L'homme qui photographiait les reflets des scènes de rues dans les flaques d'eau de la capitale congolaise aimait à dire : « Quand on prend une image dans son sens normal, c'est le chaos. Mais dès qu'on la renverse, tout devient plus positif, plus beau. »
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