C’est sur un terrain très difficile que les soldats et spécialistes de l’armée doivent se frayer un chemin pour trouver et neutraliser les produits dangereux, relate notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt. Il y a des centaines de containers endommagés, éparpillés sur le site des explosions ou entassés les uns sur les autres.
Un responsable du ministère de la Sécurité publique l’a confirmé : au total, 3 000 tonnes de produits chimiques dangereux étaient stockés dans cet entrepôt du port qui a explosé, dont 700 tonnes de cyanure de sodium - très toxique - mais aussi 800 tonnes de nitrate d’ammonium et 500 tonnes de nitrate de potassium. Toutes ces matières doivent être traitées avec la plus grande prudence, les équipes de secours ont donc érigé des barrages de terre et de sable pour éviter toute fuite de composants polluants.
La peur des pluies
Il faut faire vite : les pluies annoncées pour ce milieu de semaine pourraient provoquer de nouveaux incidents. Le risque, relève Philippe Guarrigues, directeur de l'Institut des sciences moléculaires à l'université de Bordeaux, c’est que ces substances se transforment, au contact de l’eau, « en cyanure d’hydrogène, qui est effectivement très toxique et qui va tout de suite avoir une action en termes de blocage de la respiration, d’atteintes cardio-vasculaires », entraînant possiblement la mort.
Cette transformation « se fait au contact de l’eau dans des milieux un peu acides, poursuit le spécialiste. Lorsque les pompiers sont intervenus, suite à la première explosion, ils ont mis de l’eau sur le cyanure de potassium qui s’est transformé en cyanure d’hydrogène et c’est lui qui a conduit, je pense, à l’explosion. D’ailleurs, parmi les victimes, il y a plus d’une vingtaine de pompiers qui ont en fait été exposés directement aux vapeurs toxiques d’acide cyanhydrique qu’ils ont générés lorsqu’ils ont utilisé de l’eau pour essayer d’éteindre la première explosion. »
Opacité
Or, si le danger est réel, la transparence des autorités locales fait défaut et de façon assez inhabituelle, des médias officiels chinois ont dénoncé, ce lundi, la piètre communication des responsables municipaux de Tianjin. « Pendant les premières dizaines d'heures, les autorités municipales n'ont fourni que de très maigres informations », déplorait ainsi le Global Times, quotidien étroitement lié au parti communiste chinois et cité par l'Agence France-Presse.
De son côté, le journal Les Nouvelles de Pékin a souligné que l'entrepôt où les explosions se sont produites était contraire aux normes de sécurité, il n'aurait pas dû se trouver à moins d'un kilomètre des zones résidentielles existantes et n'aurait pas dû contenir plus de 24 tonnes de cyanure de sodium, alors que pas moins de 700 tonnes de ce produit s'y trouvaient.
Enquête lancée
Or on en sait un peu plus aussi sur les propriétaires de l’entrepôt Ruihai International Logistics : le site d’information Caixin.com a révélé que l’un des principaux actionnaires - un homme surnommé « Dong » - serait le fils de l’ancien chef du bureau de la sécurité du port de Tianjin.
Des procureurs ont lancé une enquête pour déterminer s'il y avait eu « des abus de pouvoir ou des fautes par négligence » et le Premier ministre Li Keqiang a promis que « tous ceux qui ont agi illégalement seraient sévèrement sanctionnés ».
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