Lazarat, un village de 2 200 habitants au sud de l’Albanie, s’est transformé en deux jours en champ de bataille. Huit cents policiers y sont actuellement déployés, appuyés par des blindés et des membres des forces spéciales. Face à eux, des narcotrafiquants lourdement armés leur opposent une farouche résistance pour défendre leurs précieux plants de cannabis. Des négociations sont en cours avec les villageois pour qu’ils rendent les armes.
L’opération a débuté lundi 16 juin au matin lorsque plusieurs centaines de policiers ont tenté d’entrer à Lazarat pour détruire les champs de cannabis. Selon un communiqué de la police, des villageois ont alors tiré à la mitrailleuse lourde et aux roquettes antichars pour les stopper. Pour l’heure, un policier a été blessé. Le ministre de l’Intérieur Saimir Tahiri a appelé les habitants de Lazarat à prendre « leurs distances d’avec les criminels ».
900 tonnes de cannabis produites chaque année
Il s’agit de la première opération de grande envergure menée par la police albanaise contre ce village surnommé « le royaume du cannabis ». Bénéficiant d’un climat chaud et situé près d’un réservoir d’eau, l’endroit est idéal pour la culture de « l’or vert ». Selon la police italienne, Lazarat compterait 319 hectares de champs de cannabis et en produirait 900 tonnes chaque année, pour une valeur estimée à la revente d’environ 4,5 milliards d’euros, soit le tiers du PIB de l’Albanie. Pour les villageois, l’exploitation du chanvre est nettement plus lucrative que l’agriculture « traditionnelle » : on estime que deux kilos de cannabis valent le prix d’une tonne de blé.
Une journaliste de l’AFP s’est rendue sur place en novembre dernier. Elle raconte que des milliers de personnes originaires des régions les plus pauvres du pays affluent chaque matin à l’entrée du village pour travailler comme journaliers dans les plantations de chanvre cultivées en toute impunité. Jusqu’à ce lundi, la police n’osait pas intervenir en force à Lazarat de peur de déclencher une guerre. A chaque fois, la moindre tentative d’y pénétrer s’était soldée par des affrontements armés. « La culture de la marijuana, à une telle dimension, montre l’incapacité de l’Etat à contrôler ce territoire et à faire respecter l’Etat de droit », expliquait en octobre dernier le journaliste albanais Gijergi Erebara dans un article de l’Observatoire des Balkans et du Caucase.
L’Albanie, plus gros producteur de marijuana d’Europe
D’après l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies, c’est en effet principalement d’Albanie que provient le cannabis consommé sous forme de marijuana en Europe, après avoir transité par la Grèce ou l’Italie. Et selon l’International Narcotics Control Strategy, un rapport publié annuellement par le département d’Etat américain, le pays a enregistré en 2012 une hausse de 175% sur les saisies de marijuana par rapport à l’année précédente. Un chiffre qui peut être expliqué par un renforcement de l’activité policière, mais également par une augmentation de la production.
Des chiffres qui valent régulièrement à l’Albanie des remontrances de la part de ses voisins européens, alors que le pays souhaite obtenir lors du sommet européen des 26 et 27 juin prochains le statut de candidat à l’UE, première étape du long processus d’adhésion. En décembre 2013, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et le Royaume-Uni s’y étaient opposés, justement en raison des insuffisances dans la lutte contre la corruption et le crime organisé. A une semaine du sommet de l’UE, le Premier ministre albanais Edi Rama pourrait donc vouloir donner des gages de sa bonne volonté.
Source : Rfi.fr
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