Welly Fleury Nzitonda était le plus jeune fils de Pierre-Claver Mbonimpa, toujours en convalescence à Bruxelles, où il vit en exil depuis qu’il a lui-même réchappé en août dernierà une tentative d’assassinat. Quelques heures avant l’annonce de ce décès, il avait dit son inquiétude. « Il a été arrêté, écrivait-il, et puisque c’est mon fils, il risque d’être tué. »
Selon ses proches, Welly Fleury Nzitonda était venu chercher quelques affaires chez lui à Mutakura, l’un de ces quartiers dits « contestataires », lorsqu’il a été arrêté. Et quelques heures plus tard son corps sans vie a été retrouvé. Selon des témoins, il portait des traces de blessures par balles.
Sur le réseau social Twitter, le porte-parole de la police burundaise fait état de quatre criminels tués au cours d’une patrouille à Mutakura, dont trois en possession de grenades, mais il ne confirme pas la mort du fils Pierre-Claver Mbonimpa. Quant à Willy Nyamitwe, le principal conseiller du président burundais, il a dit vendredi soir apprendre la nouvelle « avec douleur ». Et il promet que « les auteurs d’actes terroristes au Burundi devront en répondre ».
Inquiétudes internationales
La communauté internationale s'inquiète et les déclarations se multiplient. Le Haut Commissariat aux droits de l'homme de l'ONU condamne « sans réserve » le meurtre du fils de Pierre Claver Mbonimpa, dénonce une « impunité totale » pour ces crimes et dit craindre «une politique systématique ciblant les membres de l’opposition, les journalistes, les défenseurs des droits de l’homme, leurs proches et mêmes des citoyens ordinaires qui seraient perçus comme opposés au gouvernement. »
Le secrétaire général de l'ONU s'alarme, lui de « l'escalade » de la violence. « La violence récurrente et les tueries au Burundi doivent cesser », a déclaré Ban Ki-moon. Il se joint ainsi aux Etats-Unis, qui ont dénoncé la « rhétorique incendiaire » du gouvernement, et à la France, qui a condamné « les discours de haine » à la connotation communautaire « inacceptable » et a annoncé la tenue lundi d'une réunion du Conseil de sécurité.
Des discours, regrette à son tour le ministre belge des Affaires étrangères, qui rappellent les « heures les plus sombres de l'histoire du pays ». Au point que vendredi soir, la Cour pénale internationale a mis en garde les Burundais contre le risque de poursuites: « si certains agissements devaient constituer des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou des actes de génocide, ils ne resteraient pas impunis », promet la Procureur de la CPI.
Selon un rapport du centre de réflexion International Crisis Group publié vendredi, « le Burundi fait à nouveau face à de possibles atrocités à grande échelle et une possible guerre civile ».
La crainte de tueriesde grande ampleur
Thierry Vircoulon, directeur Afrique centrale à International Crisis Group s'inquiète de la rhétorique employée récemment par le président du Sénat burundais laissant planer le doute sur des massacres.
« Elle laisse penser qu’une répression violente se prépare. Il est toujours difficile de dire combien de gens peuvent mourir, etc. Mais je crois que les paroles de certains responsables burundais sont sans ambigüité et qu’ils sont prêts à une action. Je crois que s’ils lancent les forces de police contre les quartiers de Bujumbura pour mettre fin à ce qu’ils considèrent être une rébellion, on risque d’avoir des tueries et des massacres de grande ampleur, notamment sur les quartiers qui sont contestataires depuis le mois d’avril », analyse le chercheur.
Une situation et des propos qui expliquent le départ de nombre d’habitants de ces quartiers. « De manière préventive, si je puis dire, ces quartiers sont en train de se vider, preuve que pour les Burundais, les avertissements des membres du gouvernement sont pris très au sérieux. Il est clair que pour les Burundais le gouvernement a l’attention de mettre fin à la rébellion qui est en cours en utilisant la manière forte. »
Par ailleurs, un journaliste de la radio Isanganiro, Blaise Célestin Ndihokubwayo, a été arrêté vendredi, selon le site internet de sa radio, puis conduit au siège du Service national de renseignement. C’est la deuxième fois en une semaine que ce journaliste est arrêté.
Source : Rfi.fr
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