Jeune Afrique : Comment jugez-vous l'action de Macky Sall depuis son arrivée à la tête de l'État sénégalais le 26 mars dernier ?
Babacar Gueye : Avoir restitué aux chefs de villages les véhicules octroyés par Abdoulaye Wade me semble être une bonne chose. Excepté cela, je ne retiens de ces cent premiers jours que des reniements. Son gouvernement promeut des personnalités peu fréquentables, parfois sous le coup d'inculpation ou inconnues au bataillon des hommes politiques, comme Abdoul Mbaye, son Premier ministre.
Il a promis aux Sénégalais une baisse des prix des produits de première nécessité mais ce ne sont que des annonces, il n'y a rien de concret.
Considérez-vous que la relance des audits par Macky Sall s'apparente à une chasse aux sorcières ?
Il faut encourager la responsabilisation de ceux qui gèrent les deniers publics, mais il faut le faire de manière plus objective. Le problème c'est que seules des personnalités appartenant au PDS sont ciblées, cela nous rappelle effectivement une chasse aux sorcières.
En 2000 - année de l'arrivée d'Abdoulaye Wade au pouvoir - Sall n'était pas riche du tout. Depuis il exhibe un patrimoine gênant.
Macky Sall devrait se sentir gêné car s'il est riche on ne peut que l'imputer à son passage aux affaires. [Macky Sall a successivement été ministre des Mines, ministre de l'Intérieur, Premier ministre, et porte-parole du gouvernement sous Abdoulaye Wade NDLR]. En 2000 - année de l'arrivée d'Abdoulaye Wade au pouvoir - il n'était pas riche du tout. Depuis il exhibe un patrimoine gênant. D'où vient cet argent ? Il n'est pas un héritier ni un homme d'affaires. Je me pose des questions sur l'enrichissement de Macky Sall.
Et que pensez-vous de l'audit sur Karim Wade, le fils de l'ex-président ?
S'il faut lancer des audits sur la gestion des finances de l'État par Karim Wade, le PDS ne peut que s'en féliciter. Mais il ne faut pas se focaliser sur lui simplement parce qu'il est le fils du président.
Mais il gérait un ministère de cinq portefeuilles…
Avoir un super-ministère ne constitue pas une raison suffisante pour s'acharner sur un homme.
Oui, il y a eu des comportements qui ont entâché la présidence d'Abdoulaye Wade et je ne peux pas absoudre les personnalités qui ont commis des malversations.
Savez-vous pourquoi Ousmane Ngom, ministre de l'Intérieur sous Abdoulaye Wade, a été arrêté le 20 juin ? Qu'en pensez-vous ?
Je ne sais pas pourquoi il a été arrêté. D'après les informations que j'ai pu glaner c'est parce-qu'il n'a pas voulu répondre à la convocation du procureur [il devait être entendu sur la gestion controversé de l'argent public sous la présidence d'Abdoulaye Wade, mais a quitté le palais de justive de Dakar après avoir, selon lui, trop attendu, NDLR].
Ousmane Ngom gêne parce qu'il a fait partie de l'équipe en charge de la campagne électorale du PDS.
Pour vous, donc, il n'y a pas eu aucune malversation lors de la présidence d'Abdoulaye Wade ?
L'ère Wade a coïncidé avec l'arrivée de flux importants de capitaux dans le pays. Quand on évoque les investissements, on pense forcément à des marchés publics et comme tous les Sénégalais ne sont pas irréprochables, on se pose des questions… Oui, il y a eu des comportements qui ont entâché la présidence d'Abdoulaye Wade et je ne peux pas absoudre les personnalités qui ont commis des malversations.
Le PDS a perdu les municipales et la présidentielle. Pensez-vous avoir une chance de remporter les législatives du 1er juillet ?
Avoir une majorité à l'Assemblée me semble difficile car nous n'avons pas eu le temps de réinventer un nouveau programme. Pour cette campagne nous allons donc poursuivre le programme pour lequel nous avons été élu en 2007.
Le PDS est-il trop désuni pour remporter les législatives ? Que va-t-il devenir ?
Il y a une profonde déchirure au sein du parti. Cette désunion est liée à une impréparation de la succession de Wade. Aujourd'hui, il est presque impossible de réunir le PDS mais nous allons vers le renouvellement de nos instances, ce qui est inédit.
Il est évident que si nous n'arrivons pas à trouver un consensus sur les modalités de réforme du parti, nous risquons de voir des chapelles érigées un peu partout. Et au sein du parti ce ne sont pas les fortes personnalités qui manquent.
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Propos recueillis à Dakar par Aurélie Fontaine jeuneafrique.com
Babacar Gueye : Avoir restitué aux chefs de villages les véhicules octroyés par Abdoulaye Wade me semble être une bonne chose. Excepté cela, je ne retiens de ces cent premiers jours que des reniements. Son gouvernement promeut des personnalités peu fréquentables, parfois sous le coup d'inculpation ou inconnues au bataillon des hommes politiques, comme Abdoul Mbaye, son Premier ministre.
Il a promis aux Sénégalais une baisse des prix des produits de première nécessité mais ce ne sont que des annonces, il n'y a rien de concret.
Considérez-vous que la relance des audits par Macky Sall s'apparente à une chasse aux sorcières ?
Il faut encourager la responsabilisation de ceux qui gèrent les deniers publics, mais il faut le faire de manière plus objective. Le problème c'est que seules des personnalités appartenant au PDS sont ciblées, cela nous rappelle effectivement une chasse aux sorcières.
En 2000 - année de l'arrivée d'Abdoulaye Wade au pouvoir - Sall n'était pas riche du tout. Depuis il exhibe un patrimoine gênant.
Macky Sall devrait se sentir gêné car s'il est riche on ne peut que l'imputer à son passage aux affaires. [Macky Sall a successivement été ministre des Mines, ministre de l'Intérieur, Premier ministre, et porte-parole du gouvernement sous Abdoulaye Wade NDLR]. En 2000 - année de l'arrivée d'Abdoulaye Wade au pouvoir - il n'était pas riche du tout. Depuis il exhibe un patrimoine gênant. D'où vient cet argent ? Il n'est pas un héritier ni un homme d'affaires. Je me pose des questions sur l'enrichissement de Macky Sall.
Et que pensez-vous de l'audit sur Karim Wade, le fils de l'ex-président ?
S'il faut lancer des audits sur la gestion des finances de l'État par Karim Wade, le PDS ne peut que s'en féliciter. Mais il ne faut pas se focaliser sur lui simplement parce qu'il est le fils du président.
Mais il gérait un ministère de cinq portefeuilles…
Avoir un super-ministère ne constitue pas une raison suffisante pour s'acharner sur un homme.
Oui, il y a eu des comportements qui ont entâché la présidence d'Abdoulaye Wade et je ne peux pas absoudre les personnalités qui ont commis des malversations.
Savez-vous pourquoi Ousmane Ngom, ministre de l'Intérieur sous Abdoulaye Wade, a été arrêté le 20 juin ? Qu'en pensez-vous ?
Je ne sais pas pourquoi il a été arrêté. D'après les informations que j'ai pu glaner c'est parce-qu'il n'a pas voulu répondre à la convocation du procureur [il devait être entendu sur la gestion controversé de l'argent public sous la présidence d'Abdoulaye Wade, mais a quitté le palais de justive de Dakar après avoir, selon lui, trop attendu, NDLR].
Ousmane Ngom gêne parce qu'il a fait partie de l'équipe en charge de la campagne électorale du PDS.
Pour vous, donc, il n'y a pas eu aucune malversation lors de la présidence d'Abdoulaye Wade ?
L'ère Wade a coïncidé avec l'arrivée de flux importants de capitaux dans le pays. Quand on évoque les investissements, on pense forcément à des marchés publics et comme tous les Sénégalais ne sont pas irréprochables, on se pose des questions… Oui, il y a eu des comportements qui ont entâché la présidence d'Abdoulaye Wade et je ne peux pas absoudre les personnalités qui ont commis des malversations.
Le PDS a perdu les municipales et la présidentielle. Pensez-vous avoir une chance de remporter les législatives du 1er juillet ?
Avoir une majorité à l'Assemblée me semble difficile car nous n'avons pas eu le temps de réinventer un nouveau programme. Pour cette campagne nous allons donc poursuivre le programme pour lequel nous avons été élu en 2007.
Le PDS est-il trop désuni pour remporter les législatives ? Que va-t-il devenir ?
Il y a une profonde déchirure au sein du parti. Cette désunion est liée à une impréparation de la succession de Wade. Aujourd'hui, il est presque impossible de réunir le PDS mais nous allons vers le renouvellement de nos instances, ce qui est inédit.
Il est évident que si nous n'arrivons pas à trouver un consensus sur les modalités de réforme du parti, nous risquons de voir des chapelles érigées un peu partout. Et au sein du parti ce ne sont pas les fortes personnalités qui manquent.
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Propos recueillis à Dakar par Aurélie Fontaine jeuneafrique.com
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