Devant les ambassadeurs, c'est le directeur des Affaires politiques du parti unique au pouvoir en Erythrée, Yemane Ghebreab, un proche conseiller du président, qui est venu présenter le point de vue de son pays. Et dans un discours très ferme, il a dénoncé les manœuvres de son voisin et ennemi l'Ethiopie, et fait valoir les efforts consentis par son pays pour dialoguer avec l'ONU.
« Cette démarche contraste avec la confrontation et l'escalade défendue par la commission d'enquête, qui ne peut qu'avoir des conséquences amères pour toute la région, a-t-il soutenu. Ce n'est pas une coïncidence si c'est la même semaine où la commission a publié son rapport qui a également vu le pire regain d'hostilité à la frontière avec l'Ethiopie depuis la fin de la guerre, il y a 16 ans. A l'heure où nous parlons, l'Ethiopie achève ses préparatifs pour une plus grande offensive militaire et envisage de nous déclarer une guerre totale. L'Ethiopie nous rappelle ainsi que les accusations grossières lancées contre l'Erythrée lui fournissent un prétexte parfait, sous-entendant que c'est maintenant ou jamais. Elle rappelle que ceux qui sont prompts à accuser l'Erythrée regarderont ailleurs et se garderont bien d'agir quand l'Ethiopie commettra ce qui seront vraiment des crimes contre l'humanité contre le peuple érythréen, et lancera une nouvelle guerre. »
A (RE)LIRE : Crimes contre l’humanité en Erythrée: «une situation très sérieuse», dit Mike Smith
Les pays partagés
Au cours de la séance, aucun pays n'a commenté ces accusations contre l'Ethiopie. Mais il reste que des points de vue nuancés ont été présentés par les membres du Conseil sur le travail des enquêteurs de l'ONU. Plusieurs pays, comme Cuba, le Venezuela, la Chine, la Biélorussie ou le Soudan, ont répété leur opposition de principe aux commissions d'enquête spécifiques, qui sont nommées pour examiner la situation de certains pays.
De leur côté, les nations européennes, elles, ont globalement soutenu la commission d'enquête sur l'Erythrée. Parmi ces pays, c'est la France qui a sans doute été la plus ferme : son représentant a fait savoir qu'elle soutenait la demande de saisine du Conseil de sécurité de l'ONU à New York. « La France est profondément préoccupée par les conclusions de ce rapport, qui méritent d'être examinées par le Conseil de sécurité des Nations unies, a déclaré le représentant français. La France rappelle son attachement à la lutte contre l'impunité partout dans le monde. Les responsables de crimes et de violations des droits de l'homme doivent en répondre devant la justice. L'engagement de l'ensemble de la communauté internationale est nécessaire afin que cessent les violations des droits de l'homme en Erythrée. Notre responsabilité au Conseil des droits de l'homme est d'y contribuer en tenant pleinement compte de la gravité de la situation lorsque nous déciderons des suites à donner à ce rapport. »
Et maintenant ?
Après la présentation du rapport de la commission d'enquête, puis la session plénière où chaque pays a pu s'exprimer, une résolution doit désormais être rédigée pour résumer la position du Conseil des droits de l'homme. Cette résolution doit être adoptée à la fin du mois. Dans un contexte aussi tendu, il est certain que la rédaction de ce texte va donner lieu à un intense bras de fer diplomatique. L'enjeu étant de savoir si le Conseil des droits de l'homme demandera au Conseil de sécurité de saisir la Cour pénale internationale pour enquêter sur les dirigeants érythréens.
Un premier texte a déjà circulé dans les couloirs du Conseil des droits de l'homme à Genève, rédigé par l'Erythrée elle-même avec le soutien de l'Egypte et du Soudan. Mais il est certain que cette résolution, qui est logiquement fort complaisante vis-à-vis d'Asmara, est d'ores et déjà disqualifiée et ne sera pas retenue.
En revanche, Djibouti et la Somalie, deux pays notoirement hostiles à l'Erythrée, ont quant à eux présenté une autre résolution, qui va désormais servir de base à de discrètes discussions dès ce mercredi.
Dans ce texte que RFI a pu consulter, tous les crimes dénoncés par la commission d'enquête sont énumérés et condamnés. La résolution suit les recommandations des enquêteurs et demande qu'une action judiciaire soit prise par les pays membres de l'ONU contre les responsables érythréens accusés d'en être les auteurs.
Elle dit aussi « prendre note » de la proposition de saisir l'Union africaine, lui suggérant de créer un mécanisme judiciaire régional pour juger les criminels érythréens. Et enfin elle décide de transmettre les travaux des enquêteurs aux « organes pertinents de l'ONU », dont le Conseil de sécurité, pour que des « actions appropriées » soient décidées, laissant la porte ouverte à la saisine du procureur de la CPI.
Mais l'enjeu est désormais de savoir ce qui subsistera de ce texte, après dix jours de négociations.
Source: Rfi.fr
« Cette démarche contraste avec la confrontation et l'escalade défendue par la commission d'enquête, qui ne peut qu'avoir des conséquences amères pour toute la région, a-t-il soutenu. Ce n'est pas une coïncidence si c'est la même semaine où la commission a publié son rapport qui a également vu le pire regain d'hostilité à la frontière avec l'Ethiopie depuis la fin de la guerre, il y a 16 ans. A l'heure où nous parlons, l'Ethiopie achève ses préparatifs pour une plus grande offensive militaire et envisage de nous déclarer une guerre totale. L'Ethiopie nous rappelle ainsi que les accusations grossières lancées contre l'Erythrée lui fournissent un prétexte parfait, sous-entendant que c'est maintenant ou jamais. Elle rappelle que ceux qui sont prompts à accuser l'Erythrée regarderont ailleurs et se garderont bien d'agir quand l'Ethiopie commettra ce qui seront vraiment des crimes contre l'humanité contre le peuple érythréen, et lancera une nouvelle guerre. »
A (RE)LIRE : Crimes contre l’humanité en Erythrée: «une situation très sérieuse», dit Mike Smith
Les pays partagés
Au cours de la séance, aucun pays n'a commenté ces accusations contre l'Ethiopie. Mais il reste que des points de vue nuancés ont été présentés par les membres du Conseil sur le travail des enquêteurs de l'ONU. Plusieurs pays, comme Cuba, le Venezuela, la Chine, la Biélorussie ou le Soudan, ont répété leur opposition de principe aux commissions d'enquête spécifiques, qui sont nommées pour examiner la situation de certains pays.
De leur côté, les nations européennes, elles, ont globalement soutenu la commission d'enquête sur l'Erythrée. Parmi ces pays, c'est la France qui a sans doute été la plus ferme : son représentant a fait savoir qu'elle soutenait la demande de saisine du Conseil de sécurité de l'ONU à New York. « La France est profondément préoccupée par les conclusions de ce rapport, qui méritent d'être examinées par le Conseil de sécurité des Nations unies, a déclaré le représentant français. La France rappelle son attachement à la lutte contre l'impunité partout dans le monde. Les responsables de crimes et de violations des droits de l'homme doivent en répondre devant la justice. L'engagement de l'ensemble de la communauté internationale est nécessaire afin que cessent les violations des droits de l'homme en Erythrée. Notre responsabilité au Conseil des droits de l'homme est d'y contribuer en tenant pleinement compte de la gravité de la situation lorsque nous déciderons des suites à donner à ce rapport. »
Et maintenant ?
Après la présentation du rapport de la commission d'enquête, puis la session plénière où chaque pays a pu s'exprimer, une résolution doit désormais être rédigée pour résumer la position du Conseil des droits de l'homme. Cette résolution doit être adoptée à la fin du mois. Dans un contexte aussi tendu, il est certain que la rédaction de ce texte va donner lieu à un intense bras de fer diplomatique. L'enjeu étant de savoir si le Conseil des droits de l'homme demandera au Conseil de sécurité de saisir la Cour pénale internationale pour enquêter sur les dirigeants érythréens.
Un premier texte a déjà circulé dans les couloirs du Conseil des droits de l'homme à Genève, rédigé par l'Erythrée elle-même avec le soutien de l'Egypte et du Soudan. Mais il est certain que cette résolution, qui est logiquement fort complaisante vis-à-vis d'Asmara, est d'ores et déjà disqualifiée et ne sera pas retenue.
En revanche, Djibouti et la Somalie, deux pays notoirement hostiles à l'Erythrée, ont quant à eux présenté une autre résolution, qui va désormais servir de base à de discrètes discussions dès ce mercredi.
Dans ce texte que RFI a pu consulter, tous les crimes dénoncés par la commission d'enquête sont énumérés et condamnés. La résolution suit les recommandations des enquêteurs et demande qu'une action judiciaire soit prise par les pays membres de l'ONU contre les responsables érythréens accusés d'en être les auteurs.
Elle dit aussi « prendre note » de la proposition de saisir l'Union africaine, lui suggérant de créer un mécanisme judiciaire régional pour juger les criminels érythréens. Et enfin elle décide de transmettre les travaux des enquêteurs aux « organes pertinents de l'ONU », dont le Conseil de sécurité, pour que des « actions appropriées » soient décidées, laissant la porte ouverte à la saisine du procureur de la CPI.
Mais l'enjeu est désormais de savoir ce qui subsistera de ce texte, après dix jours de négociations.
Source: Rfi.fr
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