Pour l'alliance rebelle, l'accusation constitue cependant un tissu de mensonges visant à tromper les Centrafricains. Le général Dhaffane Mohamed Moussa, pour qui les négociations de Libreville - qui doivent réunir les deux parties la semaine prochaine - ont peu de chances d'aboutir, affirme même que la Seleka pourrait faire appel à la médiation de la communauté catholique de Sant'Egidio pour assurer une médiation dans ce conflit. Une façon subtile de couper court aux accusations de wahhabisme.
Info ou intox, cette charge de Bangui vise en tout cas à discréditer la coalition Seleka. La double affirmation (éléments étrangers et partisans du wahhabisme) peut servir deux objectifs : revigorer le sentiment nationaliste au profit du pouvoir, et susciter une plus grande attention de la part de la communauté internationale, au moment même où les activités de divers groupes intégristes (Boko Haram au Nigeria ou encore al-Qaïda au Sahel) inquiètent et mobilisent les institutions continentales et internationales.
Bangui, l'enjeu majeur
Autre sujet de friction entre Bangui et la rébellion : l'étendue de l'avancée de la Seleka. Cette dernière, qui a traversé tout le pays en quelques semaines, faisant tomber les localités les unes après les autres, affirme contrôler désormais 80% de l’ensemble de la Centrafrique.
« Nous laissons des hommes dans chaque ville que nous avons prise pour assurer la sécurité des populations », assure l’un de ses porte-parole, le colonel Narkoyo. Et c'est cette fois le gouvernement qui dément, parlant de « statistique fantaisiste », à laquelle il oppose ses propres chiffres. Toujours selon le ministre Josué Binoua, la Seleka ne serait présente que dans 47 communes sur les 175 que compte le pays. Moins d’un quart, donc.
« Il n’y a pas réellement de contrôle dans les zones qu’ils citent, affirme d'ailleurs M. Binoua.Même dans ces 47 communes, les rebelles ne sont que quelques-uns, juste pour assurer une certaine présence. »
Au cours des discussions de Libreville, les rebelles entendent demander le départ du président François Bozizé, en affirmant qu’il ne contrôle plus le pays. D'où l'importance de ces chiffres. Mais en réalité, le contrôle du territoire centrafricain demanderait des moyens en hommes et en matériels qu’aucun des deux camps ne peut déployer pour l’instant. Bangui, la capitale de RCA, reste à l’heure actuelle le principal enjeu de ce conflit.
Candidats malheureux à la présidentielle conviés
Dans cette guerre de communication, la France mise encore sur les négociations de Libreville. Telle est du moins la position officielle de son ministère des Affaires étrangères. Le Quai d'Orsay espère que les pourparlers, qui doivent se tenir les 8 et 9 janvier dans la capitale gabonaise, permettront de trouver une solution à la crise armée.
Paris semble privilégier deux axes de résolution du conflit. D'abord l'axe régional, puisque la France rappelle que c'est seulement sous l'égide de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC) que les pourparlers de paix doivent se tenir. Ensuite, l'axe centrafricain lui-même : le Quai d'Orsay appelle à des négociations les plus ouvertes possibles, incluant bien évidemment d'abord l'opposition armée de la Seleka.
Selon une source diplomatique, les négociations de Libreville devront aussi être ouvertes à l'opposition démocratique légale, et notamment aux principaux opposants Martin Ziguélé et Jean-Jacques Demafouth, tous deux candidats malheureux à l'élection présidentielle de 2011.
Source : Rfi.fr
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