En débarquant fraichement à Conakry, on croirait que M. Condé est l’unique candidat à l’élection présidentielle prévue pour se tenir dimanche, tant ses affiches de campagne inondent la ville en accordant une portion bien congrue à ses sept adversaires y compris le principal challenger, le chef de file de l’opposition Cellou Dalein Diallo, qui font profil bas.
Déjà, à quelques mètres de la sortie de l’aéroport international de Conakry, précisément au rond-point de Gbessia dans la commune de Matoto, se dressent deux immenses affiches de Condé d’environ 12 m2, sur lesquelles il est écrit “Le progrès en marche".
En arrière-plan de ces portraits, le barrage de Kaléta inauguré en grande pompe le 28 septembre en présence de deux chefs d’Etats africains, notamment le Nigérien Mahamadou Issoufou et le Congolais Denis Sassou Nguesso.
Ce barrage hydroélectrique, sans doute la réalisation majeure du président sortant au cours de son quinquennat, devrait permettre de combler une partie du déficit électrique du pays, régulièrement confronté à de longues et pénibles coupures d’électricité.
Le candidat Condé ne le sait que trop et bien. Le choix de la période et la date de l’inauguration de ce projet ne semblent pas fortuits. Sur une autre affiche dans la localité de Matam, le portrait de Condé est le même avec le barrage de Kaléta en arrière-plan, mais l'accroche est cette fois différente: "Le président bâtisseur’".
De Kaloum, le centre des affaires, à Matam, en passant par Dixinn et Ratoma (des communes de la capitale) c’est presque partout la même tendance. L’opposition semble avoir abdiqué sur le terrain de la propagande par l’image.
Des drapeaux jaunes, couleur du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG, le parti au pouvoir), des tee-shirts à l’effigie du candidat Alpha Condé, des banderoles aux slogans favorables au président sortant sont visibles partout.
Seuls le candidat de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, opposition) Cellou Dalein Diallo et Sydia Touré de l’Union des forces républicaines (UFR, opposition) tentent mais très timidement de contester l’hégémonie du président sortant dans cette communication publicitaire de campagne.
Sydia Touré, sur l’une de ses rares affiches à Belle vue, un quartier de Dixinn, promet faire plus que Condé et son barrage de Kaléta: "Fournir de l’électricité à plus de localités".
Si Cellou Dalein Diallo a su donner du fil à retordre à Condé (qu’il a devancé au 1er tour avant de s’incliner au second) en 2010, pour certains guinéens la victoire cette fois est promise d’avance au président en exercice.
"Y a pas match, Condé va gagner. C’est le meilleur des candidats", affirme Hassan Kourouma, chauffeur de taxi, qui se défend toutefois d’être un partisan de président sortant.
Pour lui, Cellou Dalein Diallo "s’appuie trop sur les Peuhl", son groupe ethnique qui représente 40% de la population. "Ça ne suffit pas pour gagner", assure-t-il.
Certes, la campagne qui s’achève vendredi ne détermine pas forcément l’issue du scrutin de dimanche mais Condé semble avoir pris le large face à ses adversaires, du moins à l’affichage pour une victoire "un coup KO" dès le premier tour, comme le proclame son slogan de campagne en accord avec le souhait de ses nombreux partisans.
Source : Alerte Info
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