M. Diao revient ici sur les tenants et les aboutissants de la tournée économique du chef de l’Etat en Casamance.
L’ambassadeur de France au Sénégal Jean Félix Paganon a émis un point de vue en soutenant qu’un non-lieu pour Karim serait surprenant. D’aucuns soutiennent qu’il s’agit d’une immixtion dans les affaires intérieures du Sénégal
El Hadji Mamadou DIAO : Par principe, si nous ne voulons pas une immixtion d’un organe externe à la vie de notre pays ne le mêlons pas à la vie de notre pays. L’ambassadeur étant le représentant de la France au Sénégal et la voix de la France au Sénégal. La France a pu être impliqué parce que des gens du Pds ont sollicité l’arbitrage du pays de Marianne et des Etats-unis. Ce n’est pas le pouvoir en place qui l’a sollicité. Du moment que vous impliquez une personne dans une bagarre qui vous concerne et qu’il donne un avis, vous devez par décence accepter que cet avis soit objectif. Sur la base de ce qui a pu être dit, des éléments de preuve, du réquisitoire du parquet spécial sur la base également de son expérience et du cadre juridique, il peut présumer. Il a juste donné un avis. C’est le silence de la France et des Usa qui aurait dû être étonnant du moment qu’on les avait impliqués.
Certains pensent que l’ambassadeur Paganon n’a fait que donner le point de vue des responsables et militants du parti au pouvoir
Le président de la République a été constant dans ses choix. Il a dit qu’il ne se mêlerait pas de questions judiciaires. La France est un pays assez sérieux pour ne pas accepter d’être le pantin de n’importe quel pays. Si l’ambassadeur de France définit une position, c’est en tant que Français mais pas sur la base d’un rapport politique ou d’un soutien ou d’une initiative qui viendrait du palais de la République.
En tant que responsable politique comment appréhendez-vous le débat politique qui vole très bas avec des insultes, des invectives qui n’honorent pas la République
Notre pays est connu pour ce cousinage à plaisanterie. Notre pays est aussi connu pour ce brassage formidable entre les deux grandes religions qui y cohabitent : catholique et musulman. Même si l’existence de castes persiste, notre pays est connu en magnifiant les rapports cordiaux entre les confréries. Toute personne qui voudrait anéantir ces efforts que nous avons faits pour créer une cohésion sociale sont des personnes en marge de la société sénégalaise, en marge de la décence que veulent les Sénégalais. Nous avons su nous entourer d’un manteau de pudeur pour ne pas afficher nos conflits à l’extérieur. Je respecte la position du président de la République qui a dit qu’il ne souhaitait pas s’exprimer sur cette question et qu’il ne souhaitait pas que quelqu’un d’autre de son entourage s’exprime sur cette question. Les Sénégalais ont su et en eux-mêmes ont fait un jugement. Il faut mettre cette sortie aux oubliettes pour l’intérêt de la paix et de la stabilité nationale du pays.
Au sein de la mouvance présidentielle, on parle beaucoup de la candidature unique aux élections de 2017
En mon âme et conscience, je pense que les partis qui ont accompagné le président de la République doivent sentir aujourd’hui à leur niveau une sorte de gêne. Gêne d’avoir accompagné un homme et qui leur a tout donné qui ont partagé avec lui ses rêves, ambitions et visions pour le Sénégal et qui peuvent se lever un bon matin dire qu’ils ne sont pas comptables de tout ce qu’ils ont pu vivre ensemble. Ceux qui sont sincères et réfléchis dans ce mouvement politique savent qu’ils sont en train de produire une position de gêne. Qu’ils osent se déterminer parce que le Sénégal appartient aux Sénégalais. Les partis politiques n’ont pas aujourd’hui la capacité de mobiliser 10 à 20 % de l’électorat. Le reste c’est la citoyenneté sénégalaise et c’est elle qui juge. C’est elle qui est fondamentale dans l’élection ou la réélection d’un candidat. Ils doivent oser trancher le débat pour qu’on sache avec qui on va aller et que de façon solidaire on s’engage. Ceux qui pensent qu’ils peuvent faire comme Wade le faisait sous Abdou Diouf se trompent. Ils se trompent d’époque. Abdoulaye Wade avait un charisme qu’ils ne disposent pas. Wade avait un génie politique dont ils ne disposent également pas. Nous sommes prêts à toutes les éventualités. Ces gens doivent se déterminer pour l’intérêt de notre président de la République.
L’ancien ministre des Finances Moussa Touré a récemment dit que le chef de l’Etat est entouré de ramassis sortis de nulle part. Que répondez vous ?
Certains complexes doivent être bannis à jamais du jeu politique national. Je ne conçois pas quelqu’un qui a été fonctionnaire ou haut fonctionnaire, ministre ou membre dans les organisations sous régionales qu’il puisse penser qu’il est supérieur aux autres. Au sein du palais de la République, on a d’illustres inspecteurs d’Etat, de grands fonctionnaires, d’éminents responsables supérieurs à Moussa Touré. C’est un manque de respect de dire qu’il y a un ramassis de personnes venues de nulle part. Qu’il interroge les Cv des personnes sur place, il verra qu’il est de loin derrière eux. Peut-être qu’il est plus âgé qu’eux, ce qui lui a permis d’avoir une carrière internationale. Cette condescendance que certains hommes politiques ont vis-à-vis du peuple n’est pas correcte parce qu’ils oublient qu’ils sont des fils du Sénégal. Ce n’est pas un langage qu’on attendait de lui. Ce sont des personnes qui ont tellement vécu dans une tour d’orée qu’ils oublient que le Sénégal ne s’arrête pas à leurs courtisans qui viendront leur dire qu’ils sont les meilleurs qu’ils sont les plus brillants. Ramenons les débats à leur juste proportion. Pour quelqu’un qui a pu assumer les fonctions de ministre de l’Economie et des Finances, il aurait du dire en quoi nos administrations sont performantes pour que nos recettes fiscales puissent toucher les 1 000 milliards au niveau de l’administration fiscale, pour qu’au niveau de la douane on puisse dépasser les 500 milliards… C’étaient des questions sur lesquelles, il aurait dû s’interroger. Qu’il nous dise s’il y a une bonne appropriation des approches qui ont trait à la réduction du train de vie de l’Etat. On l’attendait sur des questions comme cela plutôt que sur des diatribes qui n’ont de sens que dans la vulgarité du verbe. C’est dommage que des personnes de cette envergure n’aient pas de retenue lorsqu’il parle du destin du Sénégal !
N’oublions pas qu’il est sans son rôle d’opposant
Justement, on doit faire le distinguo du politique et le politicien. M. Touré a une forte expérience administrative. Un grand commis de l’Etat de sa trempe ne peut pas porter des accusations gratuites. Il doit pouvoir poser un débat technique nous dire en quoi le président de la République a failli en matière de développement fiscal. En quoi, avec les efforts qui ont été menés qu’on arrive à un taux de croissance de 4 % ? En quoi les performances ont pu être bonnes ou pas ? On l’attendait sur des questions comme cela parce qu’il a beaucoup d’expérience. Mais, je pense qu’il n’est plus imprégné des réalités de notre pays, c’est pour cela qu’il s’est arrêté à des généralités qui sont au bas de la ceinture.
«La France a pu être impliqué parce que des gens du Pds ont sollicité l’arbitrage du pays de Marianne et des Etats unis.»
Le chef de l’Etat revient d’une tournée économique dans le Sud notamment à Kolda, quelle appréciation faites-vous de cette tournée économique que d’aucuns qualifient de politique?
Je me réjouis de la démarche du président de la République. Lorsqu’il était à la conquête des suffrages des Sénégalais, il a pris le temps de visiter le Sénégal des profondeurs. C’est cette démarche inclusive qui a permis d’avoir ces rapports cognitifs avec les populations locales qui ont permis dans la charpente Yonnu Yokkuté qu’il y ait eu un fort volet social et une importance capitale du développement de l’agriculture comme choix d’une politique qui nous mène vers l’émergence. Egalement, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, il a compris que la Casamance était un problème dans le Sénégal. Il a compris que la vraie réponse qu’il fallait apporter au conflit casamançais était économique. C’est pour cela que je me suis réjoui de sa toute première visite au niveau de notre région en tant que chef des armées pour voir l’état des lieux de ceux qui combattent pour maintenir l’intégrité territoriale. Après son élection, il a rendu visite au Président Yaya Jammeh dans le cadre d’un processus sérieux de règlement définitif de cette crise. En dehors de ces aspects politiques, le président a une relation avec la Casamance et il apporte à chacune de ses visites un ensemble d’atouts économiques qui à terme peuvent mener autant vers le désenclavement de la région, mais aussi peuvent ramener la Casamance dans son lustre d’antan qui était le poumon économique qu’on appelait le poumon vert du Sénégal. Cette visite ne peut s’inscrire dans une logique autre que cela. (…) Il y a beaucoup de jugements qui relèvent plus de la fantaisie que de la réalité du jeu local. Nous ne sommes pas dans une année préélectorale, nous ne sommes pas encore dans l’urgence d’une élection. Nous avons gagné au minimum 80 % des collectivités locales de la Casamance, il n’y a pas une urgence particulière pour qu’on aille dans le cadre d’une campagne électorale.
Mais, il y a toujours des poches de résistance notamment à Ziguinchor où Abdoulaye Baldé reste toujours le «puissant» maire
Il y a beaucoup de facteurs qui peuvent expliquer la victoire de Abdoulaye Baldé ou la défaite de nos ténors au niveau local. Même si il y avait une liste commune, il n’en demeure pas moins qu’il y avait beaucoup de rivalités. Il y avait les résurgences de la tension qui ont pu impacter sur le choix des électeurs locaux. Ce ne sont pas les réalisations économiques de Abdoulaye Baldé qui ont conduit les Ziguinchorois à lui renouveler leur confiance. Aujourd’hui il y a une dynamique unitaire qui est en train de se nouer autour des responsables locaux, il n’y a pas d’urgences pour que la ville de Ziguinchor soit une priorité électorale fondamentale. Il y aura un ensemble d’actions qu’on va dérouler avec les autres fils de Casamance pour qu’au moment des élections toute la Casamance puisse être aux couleurs beige marron de l’Apr.
«Il y aura un ensemble d’actions qu’on va dérouler avec les autres fils de Casamance pour qu’au moment des élections toute la Casamance puisse être aux couleurs beige marron de l’Apr».
Le Front patriotique pour la défense de la République a déclaré qu’il s’agissait d’une tournée politique avec des débauchages de militants du Pds, de l’Ucs, de Bokk Gis Gis…
Si ce n’était que cela le motif de la visite, il aurait pu le faire à partir de Dakar comme on le faisait jadis sous Abdoulaye Wade. Nous, enfants de la Casamance, nous savons que dans notre région attendent des urgences. Dans le département de Médina Yéro Foulah qui est aussi grand que la région de Thiès, il n’y a pas un seul kilomètre de routes goudronnées. Les pistes de production sont impraticables. Sédhiou idem. Il y a un état de précarité d’infrastructures. Dans ces régions, il faut qu’il y ait une approche particulière. C’est cette réponse que le président apporte plutôt que de penser qu’on est en train de tisser un dialogue politique à travers cette visite. En tant que témoin de la tournée du Président dans la région de Casamance, les habituelles audiences politiques qu’il faisait avec les militants et les responsables ont été réduites à leur strict minimum. Le Président a voulu se consacrer uniquement aux enjeux économiques.
Parlons de la traque des biens présumés mal acquis avec notamment le procès de Karim Wade dont le verdict sera connu le 23 mars prochain, quelle lecture en faites-vous ?
Nous sommes aujourd’hui dans un système qui garantit la séparation des pouvoirs. Le procès s’est tenu à charge et à décharge. Tout Sénégalais doit faire confiance à la justice de son pays. Aujourd’hui, ceux qui pensent que la justice n’est pas indépendante ont toujours défendu cette justice pour manifester son indépendance. Considérons que la justice de notre pays sait prendre les décisions dans l’intérêt exclusif du Sénégal. Qu’il puisse y avoir des relents politiques, attendons le verdict et présumons que tout pourra se faire dans le respect des institutions de ce pays.
Seriez-vous d’accord que Karim qui serait éventuellement le candidat du Pds soit en détention ?
Il s’agit d’une catégorie de délits ou de crimes pour lesquels à chaque fois on pouvait prononcer la déchéance de certains droits civiques. Cela ne pouvait pas être fait dans le dessein d’empêcher l’éventuel candidat Karim Wade à pouvoir présenter sa candidature.
D’ailleurs, son père soutient qu’il n’accepterait pas que la Crei condamne son fils
Wade n’est pas la Crei. Il n’est également pas le pouvoir judiciaire. Notre pays a toujours fonctionné avec un système judiciaire fort. Ce qui fait la force et la stabilité du pays, c’est le cadre social et les rapports du dialogue social avec l’influence de certains grands groupes comme les religieux. Ce qui fait également la force de notre nation, c’est cette administration incolore et inodore qui agit de façon objective en tenant compte impérativement des dispositions légales et réglementaires. Cette administration n’est au service d’aucun régime politique qu’elle est garante de la stabilité de notre pays. Faisons confiance à l’administration judiciaire (…).
Georges Nesta DIOP Walf quotidien
L’ambassadeur de France au Sénégal Jean Félix Paganon a émis un point de vue en soutenant qu’un non-lieu pour Karim serait surprenant. D’aucuns soutiennent qu’il s’agit d’une immixtion dans les affaires intérieures du Sénégal
El Hadji Mamadou DIAO : Par principe, si nous ne voulons pas une immixtion d’un organe externe à la vie de notre pays ne le mêlons pas à la vie de notre pays. L’ambassadeur étant le représentant de la France au Sénégal et la voix de la France au Sénégal. La France a pu être impliqué parce que des gens du Pds ont sollicité l’arbitrage du pays de Marianne et des Etats-unis. Ce n’est pas le pouvoir en place qui l’a sollicité. Du moment que vous impliquez une personne dans une bagarre qui vous concerne et qu’il donne un avis, vous devez par décence accepter que cet avis soit objectif. Sur la base de ce qui a pu être dit, des éléments de preuve, du réquisitoire du parquet spécial sur la base également de son expérience et du cadre juridique, il peut présumer. Il a juste donné un avis. C’est le silence de la France et des Usa qui aurait dû être étonnant du moment qu’on les avait impliqués.
Certains pensent que l’ambassadeur Paganon n’a fait que donner le point de vue des responsables et militants du parti au pouvoir
Le président de la République a été constant dans ses choix. Il a dit qu’il ne se mêlerait pas de questions judiciaires. La France est un pays assez sérieux pour ne pas accepter d’être le pantin de n’importe quel pays. Si l’ambassadeur de France définit une position, c’est en tant que Français mais pas sur la base d’un rapport politique ou d’un soutien ou d’une initiative qui viendrait du palais de la République.
En tant que responsable politique comment appréhendez-vous le débat politique qui vole très bas avec des insultes, des invectives qui n’honorent pas la République
Notre pays est connu pour ce cousinage à plaisanterie. Notre pays est aussi connu pour ce brassage formidable entre les deux grandes religions qui y cohabitent : catholique et musulman. Même si l’existence de castes persiste, notre pays est connu en magnifiant les rapports cordiaux entre les confréries. Toute personne qui voudrait anéantir ces efforts que nous avons faits pour créer une cohésion sociale sont des personnes en marge de la société sénégalaise, en marge de la décence que veulent les Sénégalais. Nous avons su nous entourer d’un manteau de pudeur pour ne pas afficher nos conflits à l’extérieur. Je respecte la position du président de la République qui a dit qu’il ne souhaitait pas s’exprimer sur cette question et qu’il ne souhaitait pas que quelqu’un d’autre de son entourage s’exprime sur cette question. Les Sénégalais ont su et en eux-mêmes ont fait un jugement. Il faut mettre cette sortie aux oubliettes pour l’intérêt de la paix et de la stabilité nationale du pays.
Au sein de la mouvance présidentielle, on parle beaucoup de la candidature unique aux élections de 2017
En mon âme et conscience, je pense que les partis qui ont accompagné le président de la République doivent sentir aujourd’hui à leur niveau une sorte de gêne. Gêne d’avoir accompagné un homme et qui leur a tout donné qui ont partagé avec lui ses rêves, ambitions et visions pour le Sénégal et qui peuvent se lever un bon matin dire qu’ils ne sont pas comptables de tout ce qu’ils ont pu vivre ensemble. Ceux qui sont sincères et réfléchis dans ce mouvement politique savent qu’ils sont en train de produire une position de gêne. Qu’ils osent se déterminer parce que le Sénégal appartient aux Sénégalais. Les partis politiques n’ont pas aujourd’hui la capacité de mobiliser 10 à 20 % de l’électorat. Le reste c’est la citoyenneté sénégalaise et c’est elle qui juge. C’est elle qui est fondamentale dans l’élection ou la réélection d’un candidat. Ils doivent oser trancher le débat pour qu’on sache avec qui on va aller et que de façon solidaire on s’engage. Ceux qui pensent qu’ils peuvent faire comme Wade le faisait sous Abdou Diouf se trompent. Ils se trompent d’époque. Abdoulaye Wade avait un charisme qu’ils ne disposent pas. Wade avait un génie politique dont ils ne disposent également pas. Nous sommes prêts à toutes les éventualités. Ces gens doivent se déterminer pour l’intérêt de notre président de la République.
L’ancien ministre des Finances Moussa Touré a récemment dit que le chef de l’Etat est entouré de ramassis sortis de nulle part. Que répondez vous ?
Certains complexes doivent être bannis à jamais du jeu politique national. Je ne conçois pas quelqu’un qui a été fonctionnaire ou haut fonctionnaire, ministre ou membre dans les organisations sous régionales qu’il puisse penser qu’il est supérieur aux autres. Au sein du palais de la République, on a d’illustres inspecteurs d’Etat, de grands fonctionnaires, d’éminents responsables supérieurs à Moussa Touré. C’est un manque de respect de dire qu’il y a un ramassis de personnes venues de nulle part. Qu’il interroge les Cv des personnes sur place, il verra qu’il est de loin derrière eux. Peut-être qu’il est plus âgé qu’eux, ce qui lui a permis d’avoir une carrière internationale. Cette condescendance que certains hommes politiques ont vis-à-vis du peuple n’est pas correcte parce qu’ils oublient qu’ils sont des fils du Sénégal. Ce n’est pas un langage qu’on attendait de lui. Ce sont des personnes qui ont tellement vécu dans une tour d’orée qu’ils oublient que le Sénégal ne s’arrête pas à leurs courtisans qui viendront leur dire qu’ils sont les meilleurs qu’ils sont les plus brillants. Ramenons les débats à leur juste proportion. Pour quelqu’un qui a pu assumer les fonctions de ministre de l’Economie et des Finances, il aurait du dire en quoi nos administrations sont performantes pour que nos recettes fiscales puissent toucher les 1 000 milliards au niveau de l’administration fiscale, pour qu’au niveau de la douane on puisse dépasser les 500 milliards… C’étaient des questions sur lesquelles, il aurait dû s’interroger. Qu’il nous dise s’il y a une bonne appropriation des approches qui ont trait à la réduction du train de vie de l’Etat. On l’attendait sur des questions comme cela plutôt que sur des diatribes qui n’ont de sens que dans la vulgarité du verbe. C’est dommage que des personnes de cette envergure n’aient pas de retenue lorsqu’il parle du destin du Sénégal !
N’oublions pas qu’il est sans son rôle d’opposant
Justement, on doit faire le distinguo du politique et le politicien. M. Touré a une forte expérience administrative. Un grand commis de l’Etat de sa trempe ne peut pas porter des accusations gratuites. Il doit pouvoir poser un débat technique nous dire en quoi le président de la République a failli en matière de développement fiscal. En quoi, avec les efforts qui ont été menés qu’on arrive à un taux de croissance de 4 % ? En quoi les performances ont pu être bonnes ou pas ? On l’attendait sur des questions comme cela parce qu’il a beaucoup d’expérience. Mais, je pense qu’il n’est plus imprégné des réalités de notre pays, c’est pour cela qu’il s’est arrêté à des généralités qui sont au bas de la ceinture.
«La France a pu être impliqué parce que des gens du Pds ont sollicité l’arbitrage du pays de Marianne et des Etats unis.»
Le chef de l’Etat revient d’une tournée économique dans le Sud notamment à Kolda, quelle appréciation faites-vous de cette tournée économique que d’aucuns qualifient de politique?
Je me réjouis de la démarche du président de la République. Lorsqu’il était à la conquête des suffrages des Sénégalais, il a pris le temps de visiter le Sénégal des profondeurs. C’est cette démarche inclusive qui a permis d’avoir ces rapports cognitifs avec les populations locales qui ont permis dans la charpente Yonnu Yokkuté qu’il y ait eu un fort volet social et une importance capitale du développement de l’agriculture comme choix d’une politique qui nous mène vers l’émergence. Egalement, lorsqu’il est arrivé au pouvoir, il a compris que la Casamance était un problème dans le Sénégal. Il a compris que la vraie réponse qu’il fallait apporter au conflit casamançais était économique. C’est pour cela que je me suis réjoui de sa toute première visite au niveau de notre région en tant que chef des armées pour voir l’état des lieux de ceux qui combattent pour maintenir l’intégrité territoriale. Après son élection, il a rendu visite au Président Yaya Jammeh dans le cadre d’un processus sérieux de règlement définitif de cette crise. En dehors de ces aspects politiques, le président a une relation avec la Casamance et il apporte à chacune de ses visites un ensemble d’atouts économiques qui à terme peuvent mener autant vers le désenclavement de la région, mais aussi peuvent ramener la Casamance dans son lustre d’antan qui était le poumon économique qu’on appelait le poumon vert du Sénégal. Cette visite ne peut s’inscrire dans une logique autre que cela. (…) Il y a beaucoup de jugements qui relèvent plus de la fantaisie que de la réalité du jeu local. Nous ne sommes pas dans une année préélectorale, nous ne sommes pas encore dans l’urgence d’une élection. Nous avons gagné au minimum 80 % des collectivités locales de la Casamance, il n’y a pas une urgence particulière pour qu’on aille dans le cadre d’une campagne électorale.
Mais, il y a toujours des poches de résistance notamment à Ziguinchor où Abdoulaye Baldé reste toujours le «puissant» maire
Il y a beaucoup de facteurs qui peuvent expliquer la victoire de Abdoulaye Baldé ou la défaite de nos ténors au niveau local. Même si il y avait une liste commune, il n’en demeure pas moins qu’il y avait beaucoup de rivalités. Il y avait les résurgences de la tension qui ont pu impacter sur le choix des électeurs locaux. Ce ne sont pas les réalisations économiques de Abdoulaye Baldé qui ont conduit les Ziguinchorois à lui renouveler leur confiance. Aujourd’hui il y a une dynamique unitaire qui est en train de se nouer autour des responsables locaux, il n’y a pas d’urgences pour que la ville de Ziguinchor soit une priorité électorale fondamentale. Il y aura un ensemble d’actions qu’on va dérouler avec les autres fils de Casamance pour qu’au moment des élections toute la Casamance puisse être aux couleurs beige marron de l’Apr.
«Il y aura un ensemble d’actions qu’on va dérouler avec les autres fils de Casamance pour qu’au moment des élections toute la Casamance puisse être aux couleurs beige marron de l’Apr».
Le Front patriotique pour la défense de la République a déclaré qu’il s’agissait d’une tournée politique avec des débauchages de militants du Pds, de l’Ucs, de Bokk Gis Gis…
Si ce n’était que cela le motif de la visite, il aurait pu le faire à partir de Dakar comme on le faisait jadis sous Abdoulaye Wade. Nous, enfants de la Casamance, nous savons que dans notre région attendent des urgences. Dans le département de Médina Yéro Foulah qui est aussi grand que la région de Thiès, il n’y a pas un seul kilomètre de routes goudronnées. Les pistes de production sont impraticables. Sédhiou idem. Il y a un état de précarité d’infrastructures. Dans ces régions, il faut qu’il y ait une approche particulière. C’est cette réponse que le président apporte plutôt que de penser qu’on est en train de tisser un dialogue politique à travers cette visite. En tant que témoin de la tournée du Président dans la région de Casamance, les habituelles audiences politiques qu’il faisait avec les militants et les responsables ont été réduites à leur strict minimum. Le Président a voulu se consacrer uniquement aux enjeux économiques.
Parlons de la traque des biens présumés mal acquis avec notamment le procès de Karim Wade dont le verdict sera connu le 23 mars prochain, quelle lecture en faites-vous ?
Nous sommes aujourd’hui dans un système qui garantit la séparation des pouvoirs. Le procès s’est tenu à charge et à décharge. Tout Sénégalais doit faire confiance à la justice de son pays. Aujourd’hui, ceux qui pensent que la justice n’est pas indépendante ont toujours défendu cette justice pour manifester son indépendance. Considérons que la justice de notre pays sait prendre les décisions dans l’intérêt exclusif du Sénégal. Qu’il puisse y avoir des relents politiques, attendons le verdict et présumons que tout pourra se faire dans le respect des institutions de ce pays.
Seriez-vous d’accord que Karim qui serait éventuellement le candidat du Pds soit en détention ?
Il s’agit d’une catégorie de délits ou de crimes pour lesquels à chaque fois on pouvait prononcer la déchéance de certains droits civiques. Cela ne pouvait pas être fait dans le dessein d’empêcher l’éventuel candidat Karim Wade à pouvoir présenter sa candidature.
D’ailleurs, son père soutient qu’il n’accepterait pas que la Crei condamne son fils
Wade n’est pas la Crei. Il n’est également pas le pouvoir judiciaire. Notre pays a toujours fonctionné avec un système judiciaire fort. Ce qui fait la force et la stabilité du pays, c’est le cadre social et les rapports du dialogue social avec l’influence de certains grands groupes comme les religieux. Ce qui fait également la force de notre nation, c’est cette administration incolore et inodore qui agit de façon objective en tenant compte impérativement des dispositions légales et réglementaires. Cette administration n’est au service d’aucun régime politique qu’elle est garante de la stabilité de notre pays. Faisons confiance à l’administration judiciaire (…).
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