Dans le temps et jusqu’à un passé récent, les Sénégalais étaient habitués au folklore, lors de la nomination de ministres. Les journalistes qui couvraient cet évènement en savent plus que quiconque. L’on était habitué à ce balai incessant de futurs ministres entrant et sortant du bureau du chef du gouvernement. Les reporters en direct du palais avec enthousiasme tendent le micro à tel ou tel consulté. Vendredi dernier au Palais pas l’ombre d’un tel ou tel ministre, même pas une photo de famille avec le Président de la République, son Premier ministre et le reste des ministres. Ce fait est un pas vers une rupture.
D’autre part, une rupture également est notée sous un autre angle. Dans ce pays, l’on entendait souvent des applaudissements et des cris de joie dans les quartiers et même dans certaines localités, lorsqu'un responsable politique était nommé ministre. Tout le voisinage accourait à la maison du nouveau ministre pour le féliciter. Tout un symbole! Mais ce vendredi, c’était le calme plat chez les domiciles des nouveaux membres du gouvernement, mesurant certainement l'ampleur de la tâche qui les attend.
Il était de coutume au Sénégal que des griots se mettent à chanter les louanges d’un tel ou tel ministre, lui rappelant le passé légendaire de sa lignée. Sa femme, du reste, était abreuvée de l’adage qui dit que “derrière chaque homme se cache une grande dame”.
Encore pour la première fois, aucun griot ne s’est autoproclamé griot du président de la République. C’est aussi une rupture!
Des fils de ministres devenus millionnaires roulant avec des voitures de sport à vive allure heurtant la dignité du bas peuple, les Sénégalais n’en veulent plus. Tout cela doit aller à vau-l’eau.
Aussi le Peuple avait marre de ministres, directeurs ou élus locaux pensant qu’à s’enrichir sur son dos le tout était suivi d’une désinvolture renversante. Des ministres roulant avec des voitures payées à 30 millions et plus, des directeurs généraux de sociétés nationales plus royalistes que le roi, le Peuple n’en veut plus. Ces DG comme on dit communément se payent des missions fictives hors du pays, faisant de leurs épouses et fils des fournisseurs de la société qu’il dirige. De telles pratiques étaient devenues à la limite normales et banales, au point que celui qui dérogeait à cette règle était taxé d’un fou ou d’un vaurien par sa propre famille.
Somme toute, le peuple perçoit la bonne foi de ce nouveau régime qui incarne la rupture, en attendant d’y voir clair. L’on doit, également, rompre avec des événements folkloriques qui pullulent à longueur d’années placés sous la présidence du Président de la République, du Premier ministre, d’un ministre de la République, de la première dame ou même d’un directeur général. La litanie de mauvaises pratiques pillant nos ressources et appauvrissant le Peuple est kilométrique.
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