L’attente était forte, mais la réponse inespérée. En entrouvrant une brèche dans l’histoire douloureuse entre la France et le Cameroun, François Hollande a marqué les esprits à Yaoundé et notamment ceux des dirigeants actuels de l’Union des populations du Cameroun (UPC), le parti historique des nationalistes camerounais d’avant et d’après les indépendances, entre Ruben Um Nyobe et Ernest Ouandié. « Le président Hollande a eu raison de ne pas se situer dans le déni, souligne Basile Louca, secrétaire général de l’UPC. Quelle que soit la qualité des relations entre Etats, il est évident qu’on ne peut pas conserver longtemps l’amitié d’un peuple dont on méprise la mémoire, dont on méprise la dignité. »
Hollande a d’autant plus gagné des points que la question jusqu’ici soixante à soixante-dix ans plus tard relevait du tabou, ignorée des livres d’histoires en dépit des pressions incessantes de certains acteurs politiques auprès des prédécesseurs de l’actuel président français. « Ça fait 20 ans que nous essayons de faire les couloirs de l’Elysée et du Quai d’Orsay pour déposer des correspondances, pour essayer de rencontrer les gens, pour poser ce problème central, indique Hilaire Kamga, porte-parole de l’Offre orange. On n’a jamais eu de suites favorables, même simplement l’acceptation de cette évocation est déjà un acte important. »
Cette sortie à Yaoundé de François Hollande, déjà présentée comme historique, ne devrait pas s’arrêter là. « Nous appelons à une réparation morale déjà, à une reconnaissance de l’Histoire. Pour le reste, on verra », estime Hilaire Kamga.
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