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Jean-Pierre Lacroix, Secrétaire général adjoint des Nations Unies vante le pacte pour le futur (Interview PressAfrik)

Le secrétaire général adjoint des Nations Unies pour les opérations de paix, Monsieur Jean –Pierre Lacroix, depuis New York, a accordé un entretien exclusif à PressAfrik. Dans l’interview, le haut fonctionnaire des Nations Unies a abordé de long en large le sommet du futur, les opérations de maintien de la paix, le rôle des casques bleus dans des foyers de tension comme la RDC, Chypre ou le Sahara occidental. Il est également revenu sur l’implication prépondérante du Sénégal dans les opérations de maintien de la paix. Entretien.



Le Sommet du Futur vise à réévaluer l’efficacité de l’ONU aujourd'hui et à l'avenir. Comment le pacte adopté par les États membres dimanche passé aidera t-il les opérations de maintien de la paix de l'ONU à être plus pertinentes et efficaces à l'avenir ?

Le pacte pour le futur est un document très important et pour ce qui concerne les actions des Nations Unies en matière de paix et de sécurité, notamment les opérations de paix il a un mérite tout à fait considérable qui est de mettre les choses en perspectives et d'identifier les défis les plus importants à la paix et la sécurité comme le pacte du changement climatique, les inégalités et les activités criminelles transnationales. 
Il est important de mettre cela en perspectives parce que ce sont des défis que nous retrouvons dans presque toutes les situations nous avons des opérations de maintien de la paix. Et bien sûr l'action multilatérale en faveur de la paix et de la sécurité ne peut pas être complète et efficace si on ne traite pas mieux ces défis.
Maintenant en ce qui concerne les opérations maintien de la paix, c'est un des messages qui figurent dans le pacte pour le futur. Mais, il y a aussi un  message; notamment qui est fondamental. Qui est que toute opération multilatérale de paix a besoin du soutien des Etats membres et d'un soutien uni et résolu. Pas seulement pour l'opération même, mais pour les efforts de paix que cette opération  est censée soutenir. 
Par ailleurs, d'autres messages sont importants. Bien sûr, il y a la nécessité de continuer les efforts pour améliorer l'efficacité des opérations de paix en matière de performance, en matière d'apprentissage et d'utilisation de technologie digitale, de renseignements et de partage d'informations. Et enfin, un dernier message qui porte sur ce que ne peuvent pas faire les opérations maintien de la paix. C'est ce qu'on appelle l'imposition de la paix. Et le message du pacte pour le futur consiste à appeler à mieux soutenir les opérations de l'imposition de la paix, notamment celles de l'Union Africaine (UA).

En l'absence de solutions définitives aux conflits ou désaccords dans des endroits comme la RDC, Chypre ou le Sahara occidental, quel rôle les Casques bleus de l'ONU peuvent-ils continuer à jouer?

Tout à fait. D'abord, le défi principal effectivement, c'est l'absence de progrès dans les processus politiques devant mener à des accords, à des solutions durables. Mais dès lors que les opérations sont sur place, elles jouent un rôle important. J'appelle ça les objectifs intermédiaires des opérations de maintien de la paix. Il y a des centaines de milliers de personnes qui sont protégées tous les jours par nos opérations de maintien de la paix, le personnel sur le terrain. J'en étais témoin encore la semaine dernière quand je suis allé en République démocratique du Congo (RDC). Et malgré tous les défis, il y a, je le répète, des centaines de milliers de personnes  qui sont protégées et parfois exclusivement par les Nations Unies. Pas seulement, d'ailleurs, nos caques bleus mais aussi les organisations humanitaires, les ONGs avec lesquelles nous travaillons.
L'autre mission importante c'est dans toute la mesure du possible de superviser le respect des cessez-le-feu; C'est le cas à Chypre et notamment au Sahara occidental même s'il y a des défis dans ces deux situations. Parce que si les cessez-le -feu ne sont plus respectés toute chance de  progrès politique est anéantie. 

Vous avez visité la RDC la semaine dernière. Êtes-vous optimiste quant aux efforts régionaux en cours pour mettre fin au conflit à l'est?

Les efforts régionaux, notamment ce qu'on appelle le processus de Luanda. C'est-à-dire les efforts de médiation de facilitation conduites par l'Angola constituent vraiment un motif d'espoir pour la République démocratique du Congo et toute la région des Grands lacs. Il y a encore beaucoup de défis, beaucoup de progrès à faire dans le cadre de ce processus pour que les deux pays qui sont à la table de négociation avec l'Angola, le Rwanda et la République démocratique du Congo parviennent à un accord. Mais ce processus est actif et il est crédible. Il se poursuit. Nous le soutenons totalement. Les Nations Unies soutiennent à la fois politiquement mais aussi sur le terrain, notamment à travers le soutien que nous apportons aux mécanismes de vérification du cessez-le-feu qui est dirigé par l'Angola. Les moyens de Monusco seront mis à la disposition de ce mécanisme pour qu'il puisse fonctionner. 
Bien sûr, il y a encore du travail à faire. Il y a également une nécessité d'avancer dans ce qu'on appelle le processus de désarmement de démobilisation et de réintégration des groupes armés. Il y a une forte responsabilité congolaise, évidemment dans ce processus. C'est aussi quelque chose que nous soutenons et que nous souhaitons soutenir davantage.

La situation dans le sud du Liban est actuellement désastreuse. Vous avez une mission de maintien de la paix là-bas. Que peuvent-ils réaliser et faire pour aider à empêcher essentiellement une guerre d'éclater?

Bien sûr. D'abord, la priorité pour ce qui concerne le sud Liban c'est  éviter que la violence s'amplifie davantage. Nous sommes dans une situation très dangereuse, très préoccupante. Et les Nations Unies soutiennent tous les efforts diplomatiques qui sont faits pour enrayer ce cycle très dangereux. Sur place nous avons l'opération sud Liban qui a été créée pour appuyer soutenir les parties dans la mise en oeuvre du cadre politique d'un règlement qui est la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Évidemment, plus nous nous éloignons de cette mise en oeuvre de la résolution qui est difficile pour nos casques bleus de faire leur travail. Néanmoins, il reste sur place, d'abord même s'ils doivent se protéger, ils continuent de faire la liaison entre la partie israélienne et la partie libanaise. C'est le seul canal de liaison qui existe. Mais, bien sûr c'est un contexte qui est actuellement très difficile.

Pouvez-vous parler de l'importance des contributions du Sénégal au maintien de la paix?

Bien sûr, le Sénégal est un partenaire extrêmement important des Nations Unies en générale, je dirai des efforts de paix en Afrique, plus spécifiquement des opérations de maintien de la paix. Nous avons un très grand nombre de personnels dans nos opérations qui font un travail extraordinaire, des officiers souvent dans des positions de très hautes responsabilités, au sein du système. Bien sûr, c'est une bonne base sur laquelle nous comptons pour développer encore cette coopération avec le Sénégal. Nous sommes très reconnaissants à  tous les efforts que fait ce pays pour nous soutenir. 



 


 

 

Babou Diallo

Mercredi 25 Septembre 2024 - 20:23


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