Il faudra encore plusieurs semaines avant de pouvoir maîtriser totalement le virus Ebola en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. Les conférenciers réunis dans la capitale ghanéenne ont fait ce constat hier, mercredi. Pour le sous-directeur général de l’OMS chargé de la sécurité sanitaire, Keiji Fukuda, cette épidémie doit être stoppée. Ce ne sera pas tout de suite, disent certains conférenciers, qui soulèvent le problème que posent par exemple les rites funéraires, soulignant que lorsqu’un décès survient à cause du virus Ebola, il est difficile de convaincre la famille du défunt qu’elle doit le pleurer et l’accompagner sans l’approcher.
La vice-ministre de la Santé du Liberia, Bernice Dahn, a déploré le fait que les gens ne veuillent même pas croire que le virus Ebola existe. Elle recommande la mobilisation des chefs locaux pour passer les messages de prévention à la population. Un problème également évoqué par Marie-Christine Ferir, responsable de la réponse aux urgences de Médecins sans frontières : « Aujourd’hui malheureusement, la population continue à être résistante et à ne pas accepter l’épidémie, ce que je peux tout à fait comprendre. […]Malheureusement la réalité est qu’Ebola est là, et qu’il faut surtout que la population fasse confiance dans les mesures qui sont mises en place par les différents acteurs pour pouvoir vraiment arrêter la contamination. »
La communication sur le virus reste ainsi une priorité, affirme aussi le ministre guinéen de la Santé, Rémy Lamah, au micro de RFI : « Imaginez que l’on s’adresse à une population en majorité analphabète en leur disant que pour cette maladie, on n’a ni vaccins, ni médicaments.[…] Quand il s’agit d’hôpital, quand il s’agit de salle d’isolement, pour eux il s’agit [donc] d’un mouroir. L’alternative [selon ces personnes], c’est alors d’aller chez le traditionnel praticien. »
Mesures drastiques
Devant la hausse continue du nombre de décès et de cas d’Ebola, l’OMS a donc tiré la sonnette d’alarme et a appelé à l’adoption de mesures drastiques pour pouvoir endiguer la maladie. Autour des 11 ministres de la Santé des pays de l’Afrique de l’Ouest se trouvent plusieurs partenaires qui participent à la lutte contre le virus Ebola, comme Médecins sans frontières (MSF). Cette ONG a déjà déployé dans les pays touchés 300 personnes, étrangers comme nationaux.
Des équipes médicales qui doivent prendre toutes leurs précautions face à un virus extrêmement contagieux. « Lorsqu’on m’a dit que j’avais cette maladie, la première des choses qui m’est venue à l’idée est : "Est-ce que je vais mourir" ? », témoigne un médecin guinéen, rescapé de la fièvre hémorragique, à RFI. Mais avec le traitement, je voyais chaque jour que[ma santé] s’améliorait. J’ai commencé à manger. »
L’homme, qui a souhaité garder l’anonymat, se félicite d’ailleurs du travail mené par MSF. Sans eux, explique-t-il, « on allait compter les cadavres par ordinateur. Si on avait laissait cela à la [seule] Guinée, cela aurait été autre chose… »
Ebola « peut être stoppé » affirme l’Organisation mondiale de la santé, mais il reste une journée aux conférenciers pour trouver des solutions afin d'y contribuer.
■ A Diaobé, au Sénégal, les mesures contre Ebola ne font pas l'unanimité
Alors que les ministres de la Santé de plusieurs pays africains se réunissent en urgence pour tenter de stopper la propagation du virus Ebola, les mesures préventives décidées dans les pays voisins de ceux touchés par l’épidémie, notamment au Sénégal, ne font pas l'unanimité. A Diaobé, une commune du sud du pays située dans la région de Kolda, la fermeture des frontières perturbe l'activité commerciale.
Source : Rfi.fr
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