Le BJP parlait pendant sa campagne d'une vague en sa faveur, la « vague Modi »... Celle-ci semble non seulement confirmée, mais même se transformer en raz de marée, rapporte notre correspondant à New Delhi, Sébastien Farcis. Le BJP pourrait dépasser la majorité absolue de 272 sièges, ce qui n'est pas arrivé depuis trente ans en Inde, où les deux grandes formations du Congrès et du BJP ont toujours dû former des coalitions gouvernementales avec les partis régionaux.
Ce raz de marée a balayé le Parti du Congrès, le plus vieux parti du pays, celui qui a dirigé les deux tiers des gouvernement du pays depuis l'indépendance. Celui-ci obtient environ 70 sièges sur les 543 de la Chambre basse, soit le score le plus mauvais de son histoire. C'est une mini-révolution, qui marque un changement d'époque, l'arrivée d'une nouvelle génération de jeunes électeurs. La famille des Nehru-Gandhi n'attire plus, comme en témoigne la petite marge d’avance dans sa propre circonscription de Rahul Gandhi, le fils héritier de la dynastie, qui a mené la campagne.
Un bilan économique porteur
Les patrons indiens ne jurent que par lui, et c'est sans doute à eux que Narendra Modi, Premier ministre, réservera l'un de ses premiers discours. Modi, c'est le champion de la croissance du Gujarat , l'Etat dont il est depuis 2001 le ministre en chef. Un peu plus de 10% de moyenne annuelle, voilà qui laisse rêveur le pays tout entier, qui peine lui depuis deux ans à dépasser les 5% de croissance.
Narendra Modi c'est aussi le héros de l'industrialisation, des administrations efficaces, des infrastructures rénovées, des investissements et des subventions qui les encouragent. Durant toute la campagne électorale, Narendra Modi a donc promis de répéter à l'échelle de l'Inde ce qu'il a fait dans son Etat.
Il devra avant tout rassurer les milieux d'affaires, mais aussi les investisseurs indiens et étrangers, s'occuper des grands contrats en suspens, comme celui des avions de combats français Rafale sélectionnés pour équiper l'armée de l'air indienne.
Pour réformer, structurellement le pays, le nouveau Premier ministre devra se montrer convaincant. L'Inde est un Etat fédéral, et pour entrer en vigueur, certaines réformes doivent être adoptées par les Parlements des 28 Etats qui le composent, des Etats dont les compétences n'ont cessé de s'élargir.
Le nationalisme hindou en veilleuse
Mais s'il est très admiré, il est aussi le plus controversé des hommes politiques du pays, notamment pour ne pas avoir stoppé les violences anti-musulmanes qui ont fait plus de 1000 morts dans sa province en 2002. Narendra Modi réfute ces accusations et a surtout eu l'habileté pendant la campagne de mettre en sourdine le nationalisme hindou que défend son parti.
Le leader du BJP a aussi un sens aigu de la communication. Il n'a pas hésité à utiliser les dernières technologies : des meetings politiques en 3D pour que le public ait l'impression de le toucher, une application pour smartphones sur son programme électoral...
Dans un pays où le système de castes qui cloisonne la société est de plus en plus critiqué, Narendra Modi a un autre avantage : il a commencé sa carrière comme simple vendeur de thé.
Source : Rfi.fr
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