Le nom est l’aîné du corps, dit la sagesse xhosa. Le nouveau-né de la maison royale des Thembus, en ce 18 juillet 1918, portera le nom de Nelson Rolihlahla Mandela. Son nom le prédestine : le jeune Mandela sera celui qui tire la branche de l’arbre. Celui qui, porteur de conscience, ose la défiance.
L’époque est irrespirable, étouffante, viciée par les mises à part. L’apartheid, le fil de fer barbelé séparant les couleurs au nom de la pureté du sang, est la loi du jour. Silex et phénix, la peau en offrande pour la liberté de tous, Nelson Rolihlahla Mandela sera le bouclier levé contre le maléfice de la séparation des sangs. Et qu’il le paiera cher…
Souffrance et supplice.
Vingt-sept ans derrière les barreaux à endurer chaque jour l’enfer coagulé de la solitude. À chaque lever du jour, à Robben Island, forteresse glaciale qui porte dans ses murs le désespoir absolu, trouver la force de demeurer debout, de congédier la désespérance. « Certains matins, quand je marchais dans la cour, toute la nature – mouettes, bergeronnettes, arbustes et même les touffes d’herbe isolées – semblait sourire et briller au soleil, disait Mandela. C’est dans ces moments où je percevais la beauté du monde, même dans ce petit coin confiné, que j’ai acquis la certitude qu’un jour mon peuple et moi serions libres. »
Vainqueur du temps, Mandela devient au fil des saisons un mythe planétaire débordant les murs de Robben Island. Dans les rues du monde entier, la jeunesse sort pour exiger sa libération, essuyant ses larmes et rêvant, avec Simple Minds, du jour où le vieux prisonnier retrouverait sa liberté… : « Les enfants connaissent encore l’histoire de cet homme/Et je sais ce qui se passe partout dans votre pays !
Le Cap, 11 février 1990.
Vingt-sept ans, six mois et six jours de détention. Nelson Mandela est enfin libre. Jour fluorescent, chamarré d’émotion et de grâce. Mais que devient un homme jeté et fracassé contre les rochers de la solitude durant tant d’années ? Incarnation de la sagesse ou corps vêtu de l’animalité de l’amertume, voix rageuse, ravageuse et vengeresse ?
Le temps du pardon.
Mais doit-on pour autant oublier les ventres étripés par la brutalité des mises à part ? Les plaques de peau noire tendues sur les barbelés de l’apartheid ? Les vies déchirées, écrasées, écorchées jusqu’au sang ? « Tous les chemins de douleur que les victimes de l’apartheid ont marché, je les remarche chaque jour, dira l’ancien prisonnier devenu président de la République d’Afrique du Sud. Non, je ne parle pas d’oubli. Je parle de rendre raison du passé pour répondre de l’avenir.
Je dis et proclame que nul ne saurait désirer son bonheur et son droit dans l’écrasement de l’autre. Il s’agit de libérer l’opprimé et l’oppresseur. Et la haine ne libère pas : elle asservit. »
Mais pourquoi le fils de Gadla Henry Mphakanyiswa et de Nosekeni Fanny fut-il ainsi aimé bien au-delà des frontières de son Afrique du Sud natale, adulé aussi bien par les déshérités que par les possédants, par les faibles que par les puissants ? Sans doute parce que Nelson Rolihlahla Mandela s’adressait à cette part d’humanité que nous portons tous au fond de nous lorsqu’il nous arrive d’être bons les uns envers les autres sans en attendre un quelconque bénéfice, lorsqu’il nous arrive d’aspirer à l’office du sacrifice pour le bien de tous.
L’époque est irrespirable, étouffante, viciée par les mises à part. L’apartheid, le fil de fer barbelé séparant les couleurs au nom de la pureté du sang, est la loi du jour. Silex et phénix, la peau en offrande pour la liberté de tous, Nelson Rolihlahla Mandela sera le bouclier levé contre le maléfice de la séparation des sangs. Et qu’il le paiera cher…
Souffrance et supplice.
Vingt-sept ans derrière les barreaux à endurer chaque jour l’enfer coagulé de la solitude. À chaque lever du jour, à Robben Island, forteresse glaciale qui porte dans ses murs le désespoir absolu, trouver la force de demeurer debout, de congédier la désespérance. « Certains matins, quand je marchais dans la cour, toute la nature – mouettes, bergeronnettes, arbustes et même les touffes d’herbe isolées – semblait sourire et briller au soleil, disait Mandela. C’est dans ces moments où je percevais la beauté du monde, même dans ce petit coin confiné, que j’ai acquis la certitude qu’un jour mon peuple et moi serions libres. »
QUE DEVIENT UN HOMME JETÉ ET FRACASSÉ CONTRE LES ROCHERS DE LA SOLITUDE DURANT TANT D’ANNÉES ?
Vainqueur du temps, Mandela devient au fil des saisons un mythe planétaire débordant les murs de Robben Island. Dans les rues du monde entier, la jeunesse sort pour exiger sa libération, essuyant ses larmes et rêvant, avec Simple Minds, du jour où le vieux prisonnier retrouverait sa liberté… : « Les enfants connaissent encore l’histoire de cet homme/Et je sais ce qui se passe partout dans votre pays !
Le Cap, 11 février 1990.
Vingt-sept ans, six mois et six jours de détention. Nelson Mandela est enfin libre. Jour fluorescent, chamarré d’émotion et de grâce. Mais que devient un homme jeté et fracassé contre les rochers de la solitude durant tant d’années ? Incarnation de la sagesse ou corps vêtu de l’animalité de l’amertume, voix rageuse, ravageuse et vengeresse ?
IL S’AGIT DE LIBÉRER L’OPPRIMÉ ET L’OPPRESSEUR. ET LA HAINE NE LIBÈRE PAS : ELLE ASSERVITLe souffle libre, la noblesse de l’ubuntu. Mandela victorieux écarte les chemins sombres et tortueux menant au saccage et à la revanche, son choix est sans ambiguïté. « Que jamais au grand jamais notre avenir ne soit attelé au joug de la vengeance ! Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes : c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres ! »
Le temps du pardon.
Mais doit-on pour autant oublier les ventres étripés par la brutalité des mises à part ? Les plaques de peau noire tendues sur les barbelés de l’apartheid ? Les vies déchirées, écrasées, écorchées jusqu’au sang ? « Tous les chemins de douleur que les victimes de l’apartheid ont marché, je les remarche chaque jour, dira l’ancien prisonnier devenu président de la République d’Afrique du Sud. Non, je ne parle pas d’oubli. Je parle de rendre raison du passé pour répondre de l’avenir.
Je dis et proclame que nul ne saurait désirer son bonheur et son droit dans l’écrasement de l’autre. Il s’agit de libérer l’opprimé et l’oppresseur. Et la haine ne libère pas : elle asservit. »
MANDELA S’ADRESSAIT À CETTE PART D’HUMANITÉ QUE NOUS PORTONS TOUS AU FOND DE NOUS LORSQU’IL NOUS ARRIVE D’ÊTRE BONS LES UNS ENVERS LES AUTRESLa dignité rayonnante, l’éthique du pouvoir exemplaire, l’humilité légendaire, l’humanisme en pratique. Mandela sera consacré de son vivant comme le dernier héros transnational de notre époque post-héroïque. À sa disparition, en 2013, il sera partout salué et son nom sera gravé dans la mémoire collective globale comme figure unificatrice, incarnation universelle de la conscience humaine.
Mais pourquoi le fils de Gadla Henry Mphakanyiswa et de Nosekeni Fanny fut-il ainsi aimé bien au-delà des frontières de son Afrique du Sud natale, adulé aussi bien par les déshérités que par les possédants, par les faibles que par les puissants ? Sans doute parce que Nelson Rolihlahla Mandela s’adressait à cette part d’humanité que nous portons tous au fond de nous lorsqu’il nous arrive d’être bons les uns envers les autres sans en attendre un quelconque bénéfice, lorsqu’il nous arrive d’aspirer à l’office du sacrifice pour le bien de tous.
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