Aux abords de ce camp où des déchets plastiques se mêlent au sable noir de la terre, les hommes forment de petits groupes de discussion pendant que les femmes, plus près des tentes, s’affairent à diverses tâches tout en gardant les yeux sur les enfants qui courent dans tous les sens.
"Les femmes restent tout le temps au camp en général et les hommes essaient d’aller en brousse pour récupérer les bêtes qu’ils ont perdues", explique le président du collectif des victimes, Mohamed Junior Ouattara qui souligne que ces déplacés bénéficient d’"aides alimentaires" auprès d’"organismes internationaux".
Les lèvres noircies par un tatouage au henné, signe de beauté chez la femme Peuhl, Fatoumata Gadiaka, la quarantaine, dit avoir quitté le campement dans lequel sa famille et elle vivaient après la visite de "dozos" (chasseurs traditionnels), selon la traduction de ses propos en Malinké.
"Depuis plusieurs jours des rumeurs disaient qu’on allait être attaqué et un jour ils sont venus. Ils ont tué des hommes et incendié toutes nos maisons. C’est ainsi que nous avons fui pour nous réfugier d’abord chez le préfet", dit-elle, le visage grave, racontant avec détails des meurtres dont elle a été témoin, comme le cas de ces enfants qui ont été "ligotés et jetés dans un puits".
Un mois après ce conflit, Fatoumata refuse de retourner dans son campement, évoquant des raisons de sécurité: "nous reconnaissons des gens qui ont commis des exactions", avance-t-elle, ajoutant que ces derniers "sont encore" dans les environs et qu’elle ira chez elle lorsque la "justice" aura "fait son travail".
"En ville tout va bien mais en brousse ça ne va pas. Des gens ont toujours leurs armes", selon le président de la jeunesse Peulh, Idriss Diallo, qui soutient que ces déplacés "ne peuvent pas retourner dans la brousse tant qu’il n’y a pas de confiance et tant que tous ceux qui ont des armes ne sont pas désarmés".
Une déplacée d’une vingtaine d’année qui a requis l’anonymat a pour sa part regretté que le président ivoirien, Alassane Ouattara, n’ait pas marqué une pause dans ce camp lors de sa visite à Bouna, samedi.
"Le président est parti sans chercher à nous voir. Il n’est même pas venu alors que nous ne sommes pas loin (le camp est à moins de cinq minutes à pied du complexe sportif où M. Ouattara a prononcé son discours)", lance-t-elle en se couvrant timidement la bouche d’un voile.
Les Peulhs (éleveurs traditionnellement nomades) ont été accusés de laisser leurs troupeaux dévaster des cultures; point de départ d’un conflit entre agriculteurs et éleveurs qui a finalement dégénéré en affrontement intercommunautaire entre Lobis, Malinkés et Koulangos (autochtones), du 24 au 27 mars.
Un argument qui sonne comme un prétexte pour le président de la jeunesse Peuhl de Bouna, Idriss Diallo: "Cette crise n’a jamais été une histoire entre agriculteurs et éleveurs", lance-t-il, arguant que les faits se sont déroulés pendant une "saison très sèche" où "il n’y avait rien en brousse".
Source:Alerte Info
-
Ouganda : des appels à évacuer les sinistrés des glissements de terrain
-
Nucléaire iranien: montée de tensions entre Téhéran et les Européens
-
Tchad: à Adré, le chef de la diplomatie française face à la détresse des réfugiés soudanais
-
Kenya: le président fragilisé par des critiques grandissantes de différentes Églises
-
Au Tchad, le chef de la diplomatie française se rend dans le camp de réfugiés d'Adré