Dans les rues d’Enugu, la future capitale de la République biafraise, des jeunes gens font la queue pour s’engager dans l’armée. De fiers soldats figurent sur de grandes affiches : « Cet homme est prêt, l’êtes-vous ? » interroge la légende. Des caricatures invitent la population à dénoncer les « hommes du Nord », cette région nigériane du Nord, le pays haoussa où des Ibos se sont fait massacrer par dizaines de milliers en 1966, provoquant un exode massif vers le Biafra.
L’ambassadeur de France se rend à Enugu deux mois avant la proclamation de l’indépendance, le 30 mai 1967, qui marquera le début d’une guerre qui ne s’achèvera qu’en janvier 1970. Marc Barbey décrit la ville et l’ambiance qui y règne à la manière d’un correspondant étranger. Il a rendez-vous avec le futur « numéro un » biafrais, l’énigmatique colonel Ojukwu.
Ce fils de bonne famille, formé à Oxford, sait se montrer tantôt séducteur, tantôt arrogant. Ses sautes d’humeur poussent certains diplomates à s’interroger sur la santé mentale d’un homme qu’ils décrivent comme sanguin et colérique. Du moins selon les archives du ministère français des Affaires étrangères consultées par RFI.
« Hamlet africain »
Ce grand amateur de Shakespeare est aussi tourmenté qu’un « Hamlet africain » aux yeux de l’ambassadeur de l’Allemagne fédérale au Nigeria. Il est même « très fatigué », « insensible au raisonnement », de l’avis de l’ambassadeur du Sénégal à Lagos, Bouna Kane.
C’est pourtant un dirigeant biafrais en très grande forme qui reçoit l’ambassadeur Barbey, le 9 mars 1967. « Souriant et détendu, il ne ressemblait en rien au tableau tracé par mes collègues », relève le diplomate. Son hôte, il est vrai, a beaucoup insisté sur le sentiment d’admiration que lui inspire le général de Gaulle, qu’il considère comme « sûrement le plus grand des hommes d’Etat vivants ».
Il ne faut pas s’en étonner : Ojukwu espère nouer des relations étroites avec la France de de Gaulle. Un émissaire biafrais, Francis Nwokedi, a séjourné à Paris l’année précédente, pour solliciter une aide militaire. Des armements français ont déjà été livrés au Biafra par le biais de trafiquants d’armes privés (comme nous le verrons demain). Quelques mercenaires français ne tarderont pas à arriver (comme nous le verrons mercredi).
A Enugu, des diplomates constatent que les appels à l’engagement dans les forces armées, les exercices militaires et les alertes nocturnes se multiplient à l’approche du jour J. Ces visiteurs étrangers, souvent opposés à l’indépendance, tentent de mettre Ojukwu en garde contre « l’excitation des esprits ».
« Cela est nécessaire à la construction dont je suis l’architecte, explique-t-il à l’ambassadeur Barbey. Les sacrifices que je demande aux Ibos ne seraient pas compris d’eux si je n’entretenais pas le climat qui les justifie. » Adoubé par des chefs coutumiers ibos, le « numéro un » biafrais estime qu’il est en train de construire pour son peuple le « premier Etat-nation d’Afrique au sud du Sahara ». Car les considérations ethniques et religieuses sont au cœur du projet indépendantiste.
L’ambassadeur de France se rend à Enugu deux mois avant la proclamation de l’indépendance, le 30 mai 1967, qui marquera le début d’une guerre qui ne s’achèvera qu’en janvier 1970. Marc Barbey décrit la ville et l’ambiance qui y règne à la manière d’un correspondant étranger. Il a rendez-vous avec le futur « numéro un » biafrais, l’énigmatique colonel Ojukwu.
Ce fils de bonne famille, formé à Oxford, sait se montrer tantôt séducteur, tantôt arrogant. Ses sautes d’humeur poussent certains diplomates à s’interroger sur la santé mentale d’un homme qu’ils décrivent comme sanguin et colérique. Du moins selon les archives du ministère français des Affaires étrangères consultées par RFI.
« Hamlet africain »
Ce grand amateur de Shakespeare est aussi tourmenté qu’un « Hamlet africain » aux yeux de l’ambassadeur de l’Allemagne fédérale au Nigeria. Il est même « très fatigué », « insensible au raisonnement », de l’avis de l’ambassadeur du Sénégal à Lagos, Bouna Kane.
C’est pourtant un dirigeant biafrais en très grande forme qui reçoit l’ambassadeur Barbey, le 9 mars 1967. « Souriant et détendu, il ne ressemblait en rien au tableau tracé par mes collègues », relève le diplomate. Son hôte, il est vrai, a beaucoup insisté sur le sentiment d’admiration que lui inspire le général de Gaulle, qu’il considère comme « sûrement le plus grand des hommes d’Etat vivants ».
Il ne faut pas s’en étonner : Ojukwu espère nouer des relations étroites avec la France de de Gaulle. Un émissaire biafrais, Francis Nwokedi, a séjourné à Paris l’année précédente, pour solliciter une aide militaire. Des armements français ont déjà été livrés au Biafra par le biais de trafiquants d’armes privés (comme nous le verrons demain). Quelques mercenaires français ne tarderont pas à arriver (comme nous le verrons mercredi).
A Enugu, des diplomates constatent que les appels à l’engagement dans les forces armées, les exercices militaires et les alertes nocturnes se multiplient à l’approche du jour J. Ces visiteurs étrangers, souvent opposés à l’indépendance, tentent de mettre Ojukwu en garde contre « l’excitation des esprits ».
« Cela est nécessaire à la construction dont je suis l’architecte, explique-t-il à l’ambassadeur Barbey. Les sacrifices que je demande aux Ibos ne seraient pas compris d’eux si je n’entretenais pas le climat qui les justifie. » Adoubé par des chefs coutumiers ibos, le « numéro un » biafrais estime qu’il est en train de construire pour son peuple le « premier Etat-nation d’Afrique au sud du Sahara ». Car les considérations ethniques et religieuses sont au cœur du projet indépendantiste.
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