Des prières en fond sonore dans une grande salle de Ramallah. Des centaines de personnes sont là, pour la plupart des militants du Fatah, le parti auquel appartenait Ziad Abou Eïn, rapporte notre correspondante à Jérusalem, Murielle Paradon. Le haut responsable palestinien est mort dans des heurts avec l’armée israélienne. Son frère Ala ne décolère pas : « Il est mort alors qu’il manifestait pacifiquement contre l’occupation. Il s’agissait de planter des oliviers et brandir des drapeaux palestiniens. Il ne représentait aucun danger ! Mais il a été visé, car c’était un militant très actif qui embarrassait les Israéliens partout où il allait. »
Ziad Abou Eïn était un responsable politique, un militant qui a passé des années en prison en Israël. Rien avoir a priori avec Mounib al-Masri, un puissant homme d’affaires palestinien qui est venu lui rendre hommage : « Avant de mourir, Ziad a déclaré : "Je suis venu ici pour protester contre l’occupation." Personne n’aime l’occupation. Cette occupation est la pire que nous ayons vécue. Je suis comme lui, j’aime mon pays. Ce que l’on veut c’est la liberté, la dignité et l’indépendance. »
Une minute de silence
Dans l’Assemblée, tous espèrent que la mort de Ziad Abou Eïn ne sera pas impunie. Le ministre israélien de la Défense dit regretter la mort du responsable palestinien. Mahmoud Abbas s'est exprimé mercredi 10 décembre au soir alors que des affrontements entre Palestiniens et forces israéliennes ont eu lieu autour de Ramallah. Le président de l'Autorité palestinienne a assuré que toutes les options étaient ouvertes en réponse à la mort du membre de son gouvernement.
Devant le comité de direction palestinien réuni pour l'occasion, Mahmoud Abbas a réclamé une minute de silence. Le président de l'autorité palestinienne a ensuite rendu hommage à Ziad Abu Eïn. Pour lui, l'ancien ministre des Prisonniers était un héros, un combattant de la liberté mort en martyr, raconte Nicolas Ropert, notre correspondant présent à la Muqata. Devant le Premier ministre, les chefs des services de sécurité et les responsables du Fatah, le président Abbas s'est dit très en colère, sans pour autant annoncer la fin de la coopération sécuritaire avec Israël, pourtant réclamée par plusieurs responsables de l'Autorité palestinienne.
Eviter une escalade des violences
« Ce qui s'est passé aujourd'hui est un crime et nous ne pouvons rester silencieux face à cet acte,a-t-il déclaré. Toutes les options sont sur la table afin d'apporter une réponse et qu'une décision soit prise. Nous devons réagir, nous n'avons pas le choix. » Mahmoud Abbas a assuré vouloir poursuivre la résistance non violente à Israël. Nous nous battrons jusqu'à la fin de l'occupation, a promis le président de l'Autorité palestinienne. Trois jours de deuil ont été décrétés en l'honneur du responsable palestinien tué.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a quant à lui demandé à Israël de mener une « enquête rapide et transparente sur les circonstances de la mort brutale » du ministre palestinien. L'Union européenne réclame une enquête « immédiate » et « indépendante » sur les circonstances de sa mort. Ban Ki-moon « appelle toutes les parties prenantes à faire preuve du maximum de retenue et à éviter une escalade » des violences.
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