Vladimir Poutine, en pleine confrontation avec les Occidentaux sur le dossier ukrainien, va chercher du soutien du côté de Pékin. Le président russe entame, en Chine, ce mardi 20 mai, une visite de deux jours. Les anciens frères ennemis communistes sont aujourd'hui des partenaires indéfectibles. Ils entretiennent une relation très particulière, formant ce qu'on a pu qualifier de « front de la non ingérence ».
En tant que membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ils parlent souvent d'une même voix sur les grands dossiers internationaux, comme sur la Syrie ou le dossier nucléaire iranien, ou même plus récemment le dossier ukrainien. Mais ce dernier cas est plus ambigu. En mars dernier, lors du vote d'une résolution dénonçant le référendum en Crimée, Pékin s'est contenté de s'abstenir.
Pour Valérie Niquet de la Fondation pour la recherche stratégique, le malaise de la Chine apparaît dans ses récentes déclarations sur la question. Il tient au fait que l'action russe « est une "ingérence" dans les affaires d'un Etat », l'Ukraine. La Chine, qui compte des régions séparatistes sur son propre territoire, ne peut encourager sans frein l'influence russe en Ukraine.
Partenariat énergétique
Mais si la crise ukrainienne a mis au jour ce paradoxe du rapport Chine-Russie, elle pourrait aussi contribuer à rapprocher les deux grands voisins, en particulier dans le domaine énergétique. Plusieurs observateurs estiment que la conclusion du méga accord gazier, négocié depuis dix ans entre les deux pays, pourrait intervenir lors de la visite du président russe.
Les négociations sur cet accord, qui prévoit la fourniture par le géant russe Gazprom de 30 milliards de m3 de gaz par an, achoppent toujours sur le prix. Pour Catherine Locatelli, spécialiste au CNRS du secteur énergétique russe, Moscou serait d'autant plus encouragé à hâter la conclusion de cet accord avec la Chine que la Russie a besoin de diversifier ses consommateurs de gaz et de pétrole, étant donné le contexte dégradé en Europe.
Depuis trois ans, la Chine est devenue le premier partenaire économique de la Russie. Outre l'énergie, la défense est un pilier de cette relation. Les deux Etats appartiennent au Groupe de Shanghai, une organisation informelle créée en 2001 pour contrer l'influence américaine en Asie centrale. La Russie est aussi le premier fournisseur d'armes à la Chine, qui est toujours sous le coup d'un embargo occidental sur les armes. Mais dans ce domaine sensible, la confiance n'est pas absolue. Isabelle Facon, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique estime néanmoins que les Russes seraient tentés de limiter désormais leur fourniture, échaudés qu'ils sont par les nombreuses contrefaçons chinoises de matériel russe, revendues ensuite sur certains marchés émergents, tels que l'Afrique.
Stabilité
Sur le plan régional, davantage qu'une convergence de vue totale, la relation des deux voisins consiste avant tout en la préservation de la stabilité de leur frontière commune. Et selon Valérie Niquet, l'objectif du méga accord gazier, dont il sera question lors de cette visite d'Etat, est bien de garantir une stabilité entre les deux pays. Ce qui laisse tout loisir à la Chine de se tourner vers ce qu'elle considère comme sa chasse-gardée, la mer de Chine méridionale.
De fait, la Russie et la Chine, toutes deux puissances nucléaires, n'ont aucune envie de voir ressurgir les pires heures de la brouille qui avait marqué leur relation lors de la Guerre froide. Cependant, la méfiance perdure et leur relation est loin d'être exclusive. Chacun multiplie de son côté des alliances stratégiques diverses. Ainsi, souligne Valérie Niquet, la Russie est le principal fournisseur d'armes de l'Inde et du Vietnam (rivaux de la Chine) et elle multiplie les collaborations avec « l'ennemi japonais ». De son côté, les Chinois ne se font pas prier pour faire appel également au Kazakhstan et au Turkménistan pour satisfaire leur appétit vorace en énergie.
Mais ce mardi à Pékin, les Russes n'évoqueront sûrement pas publiquement ces divergences. Vladimir Poutine, comme à chacune de ses visites en Chine, et aujourd'hui plus que jamais, aura à coeur de montrer que face à l'Occident, il possède un allié de poids, la Chine.
Source : Rfi.fr
-
La Turquie encourage le retour au pays des réfugiés syriens après la chute de Bachar el-Assad
-
Urgent / France : Le gouvernement de Michel Barnier tombe après le vote d'une motion de censure à l'Assemblée
-
Les États-Unis ont achevé le retrait militaire de leur dernière base au Niger
-
Urgent : le Premier ministre Gabriel Attal remettra « demain sa démission au président »
-
Présidentielle en Indonésie: le ministre de la Défense Prabowo Subianto largement en tête (projections)