Question: quel est le comble pour un vendeur d’eau ? Ne pas être liquide ! C’est pourtant dans cette situation paradoxale que se trouve le groupe français Suez, un des géants mondiaux du secteur, qui va en principe, sauf décision improbable de notre très indépendante Cour suprême, prendre en charge la gestion de l’eau potable dans nos grands centres urbains à partir du 1er janvier prochain. Attendu comme le Messie, voire le Crésus qui va remettre… à flot la distribution de l’eau dans nos villes — en tout cas présenté comme tel par l’Etat qui nous fait miroiter des investissements mirobolants —, le groupe Suez est en réalité très endetté.
Selon la presse française de cette semaine, non seulement ses résultats des deux derniers exercices sont médiocres, non seulement son cours pique du nez en Bourse mais encore il traîne comme un boulet une lourde dette de 9 milliards d’euros (5895 milliards de francs CFA !). La santé financière du groupe spécialisé, outre l’eau, dans le traitement des déchets, est si mauvaise que certains de ses actionnaires, comme le fonds activiste Amber, qui détient 1,9 % de son capital, souhaitent que la dette soit réduite immédiatement de 1,5 milliard d’euros au moins. Soit quelque 1000 milliards de nos francs.
C’est que les actionnaires commencent à s’énerver devant les mauvais résultats de Suez et voudraient que le groupe leur distribue, en guise d’amuse- bouche, l’équivalent de un milliard d’euros cash en guise de dividendes. Pour desserrer l’étau financier et souffler un peu, mais surtout payer ses créanciers, le vendeur d’eau français va donc devoir se débarrasser de quelques-uns de ses actifs. Il devra donc se résoudre à mettre en vente sa filiale américaine dont la cession de 80 % du capital — les 20 % avaient déjà été cédés l’an- née dernière — devrait rapporter 2,4 milliards d’euros.
Deuxième bijou de famille à brader : la filiale espagnole Agbar. Entre 2,5 et 3 milliards d’euros sont attendus de cette transaction. Last but not least, les activités de déchets en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas vont être mises sur le marché. Si tout se passe bien, un milliard d’euros pourraient tomber dans l’escarcelle de Suez après la vente de ces filiales spécialisées dans le traitement des déchets. On peut évidemment s’interroger sur la logique économique qui sous-tend la décision de ce groupe de se lancer dans l’aventure de la gestion de l’eau au Sénégal, par exemple, au moment où sa nouvelle orientation stratégique tend justement à réduire la voilure par- tout à travers le monde.
Au-delà, il convient surtout de se demander si, endetté comme il l’est, Suez aura les moyens de réaliser les investissements colossaux dont a besoin la distribution de l’eau non seulement à Dakar mais aussi dans les grands centres urbains de notre pays. Surtout qu’il lui faudra bien racheter à la SDE (Sénégalaise des Eaux) — qui a géré cette distribution de l’eau avec un rare bonheur depuis 1996 au point d’être citée en exemple partout sur le continent et même ailleurs — racheter donc à la SDE tous les actifs qu’elle possède dans notre pays. Pour dire que le Gouvernement, notamment Mansour Faye, l’ancien ministre de l’Hydraulique, pourrait bien nous mettre, encore une fois, en eaux troubles ! Ah, si Mansour Faye n’avait pas accepté les bennes-tasseuses que lui avait offertes Suez pour sa bonne ville de Saint- Louis. En toute amitié, bien sûr !
Le Témoin
Selon la presse française de cette semaine, non seulement ses résultats des deux derniers exercices sont médiocres, non seulement son cours pique du nez en Bourse mais encore il traîne comme un boulet une lourde dette de 9 milliards d’euros (5895 milliards de francs CFA !). La santé financière du groupe spécialisé, outre l’eau, dans le traitement des déchets, est si mauvaise que certains de ses actionnaires, comme le fonds activiste Amber, qui détient 1,9 % de son capital, souhaitent que la dette soit réduite immédiatement de 1,5 milliard d’euros au moins. Soit quelque 1000 milliards de nos francs.
C’est que les actionnaires commencent à s’énerver devant les mauvais résultats de Suez et voudraient que le groupe leur distribue, en guise d’amuse- bouche, l’équivalent de un milliard d’euros cash en guise de dividendes. Pour desserrer l’étau financier et souffler un peu, mais surtout payer ses créanciers, le vendeur d’eau français va donc devoir se débarrasser de quelques-uns de ses actifs. Il devra donc se résoudre à mettre en vente sa filiale américaine dont la cession de 80 % du capital — les 20 % avaient déjà été cédés l’an- née dernière — devrait rapporter 2,4 milliards d’euros.
Deuxième bijou de famille à brader : la filiale espagnole Agbar. Entre 2,5 et 3 milliards d’euros sont attendus de cette transaction. Last but not least, les activités de déchets en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas vont être mises sur le marché. Si tout se passe bien, un milliard d’euros pourraient tomber dans l’escarcelle de Suez après la vente de ces filiales spécialisées dans le traitement des déchets. On peut évidemment s’interroger sur la logique économique qui sous-tend la décision de ce groupe de se lancer dans l’aventure de la gestion de l’eau au Sénégal, par exemple, au moment où sa nouvelle orientation stratégique tend justement à réduire la voilure par- tout à travers le monde.
Au-delà, il convient surtout de se demander si, endetté comme il l’est, Suez aura les moyens de réaliser les investissements colossaux dont a besoin la distribution de l’eau non seulement à Dakar mais aussi dans les grands centres urbains de notre pays. Surtout qu’il lui faudra bien racheter à la SDE (Sénégalaise des Eaux) — qui a géré cette distribution de l’eau avec un rare bonheur depuis 1996 au point d’être citée en exemple partout sur le continent et même ailleurs — racheter donc à la SDE tous les actifs qu’elle possède dans notre pays. Pour dire que le Gouvernement, notamment Mansour Faye, l’ancien ministre de l’Hydraulique, pourrait bien nous mettre, encore une fois, en eaux troubles ! Ah, si Mansour Faye n’avait pas accepté les bennes-tasseuses que lui avait offertes Suez pour sa bonne ville de Saint- Louis. En toute amitié, bien sûr !
Le Témoin
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