Les protestataires dénoncent un texte qui va à l'encontre du processus de justice transitionnelle, une réédition des comptes censée empêcher que les crimes du passé ne se répètent. Car la loi dite « de réconciliation » mettrait fin aux poursuites pour crimes économiques. À condition que les responsables se dénoncent auprès d'une commission spéciale et qu'ils remboursent les sommes gagnées de manière abusive.
Beaucoup craignent un retour de l'ancien régime et de ses pratiques en toute impunité. « J’ai de la haine parce qu’ils nous ont tués, ils nous ont frappés, ils nous ont torturés », s’indigne Jiad, qui défile avec le collectif Nous ne pardonnerons pas. Avant de poursuivre : « On doit continuer contre ces gens-là. Ils ont volé notre pays. On ne doit pas revenir en arrière. »
« On donne le pays aux gens corrompus »
Pour le parti Nidaa Tounès au pouvoir, qui compte des membres de l'ancien régime, l'enjeu est de rétablir au plus vite la confiance des milieux d'affaires, et de récupérer de l'argent qui servira au développement du pays. Un argument qui ne convainc pas Saïd, militant indépendant : « On donne le pays aux gens corrompus, responsables depuis 60 ans de la destruction systématique de notre économie. C’est paradoxal, ça. Normalement, progressivement, on doit nettoyer tout le système. »
Approuvé mi-juillet en Conseil des ministres, le projet de loi devrait être prochainement débattu à l'Assemblée.
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